Critique | Sur l’apparition des os dans le corps : quête poétique au cœur des origines

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Félix-Antoine Boutin s’empare de Sur l’apparition des os dans le corps, de Gabriel Plante avec la délicatesse qui caractérise Création Dans la Chambre et c’est un délice. Au Prospero, jusqu’au 11 février.

Eve et Adam, au début des temps, c’est dépassé. Il y a maintenant Lorene et Godfroy, en quête de sensations fortes, dans la construction de leur identité. Dans une aventure immémoriale, ils traversent les époques, en s’éloignant peu a peu l’un de l’autre. Puis, au détour d’un soir, Lorene rencontre Pas grand chose, un sans abri qui la suit dans sa vertigineuse volonté de briser tous les os de son corps, une quête plus douloureuse moralement que physiquement puisque Lorene ne souffre pas de ses multiples chutes. Elle recommence donc à l’infini ses cascades, dans une parfaite allégorie de l’histoire de la violence du monde.

Gabriel-Antoine Roy et Amélie Dallaire dans Sur l’apparition des os dans le corps. Crédit photo : Maxim Paré Fortin

Gabriel-Antoine Roy et Amélie Dallaire dans Sur l’apparition des os dans le corps.                                    Crédit photo : Maxim Paré Fortin

La beauté et la cruauté

Sur l’apparition des os dans le corps interroge la construction de notre identité personnelle puis collective à travers le temps. Oui, il est question de traumas, d’os fracassés mais il n’y a rien de sanguinolent dans cette production, hormis la pourpre du décors. La façon “stand-up” de rendre le texte permet un décalage entre la poésie du texte et la manière de l’interpréter. Elle rend le discours léger et direct, en s’appuyant sur une mécanique qui accentue la beauté et la cruauté des thèmes évoqués.

Sur l’apparition des os dans le corps est l’exemple parfait des spectacles inclassables de Création Dans la Chambre. Le collectif reconnecte l’art de la scène avec le sensible, dans un univers poétique qui emprunte au théâtre, à la danse et aux arts visuels, en inventant un cadre décalé qui lie l’intime et le spirituel, le politique et l’existentialisme.

Rendre sur scène un texte poétique et un peu absurde n’est pas évident et les interprètes Amélie Dallaire et Gabriel-Antoine Roy y parviennent à merveille, très à l’aise entre danse et théâtre et très bien dirigé.e.s par Félix-Antoine Boutin. Il faut, en terminant, souligner la splendide scénographie d’Odile Gamache et les éclairages de Julie Basse.

Sur l’apparition des os dans le corps. un des bons spectacles de cette saison. Au Prospero, jusqu’au 11 février.

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Texte: Gabriel Plante

Mise en scène: Félix-Antoine Boutin

​Interprétation: Amélie Dallaire + Gabriel-Antoine Roy

Assistance à la mise en scène: Audrey Belzile

​Scénographie : Odile Gamache

​Lumière: Julie Basse

​Musique: Christophe Lamarche-Ledoux

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