L’interprète Chi Long reprend l’excellent She and the other(s), un solo créé en étroite collaboration avec la chorégraphe Élodie Lombardo. Une rencontre fascinante, à faire à l’Espace libre, jusqu’au 1er février She and the other(s) – Espace Libre
Chi Long n’est plus à présenter : la longiligne interprète d’origine vietnamienne a dansé pour O Vertigo, Marie Chouinard et depuis quelques années elle a aussi été de re remarquables productions de Mélanie Demers, Virginie Brunelle et Andrea Peña.
She and the other(s) est une manière d’autofiction, dans la lignée de L’entité du double (2018) à propos de l’histoire des Soeurs Schmutt, alias les jumelles Élodie et Séverine Lombardo, qui célèbrent cette année 20 ans de créations.
Née en Australie de parents vietnamiens, Chi Long revient sur son enfance et ses rêves de jeune danseuse. En s’appuyant sur des extraits sonores, elle parle notamment de différents chants d’oiseaux propres à l’Australie et élabore à partir de certains souvenirs qui s’y rattachent.
![Chi Long manipule des ventouses, utilisées en médecine traditionnelle chinoise. ©Marlène Gélineau Payette](https://myscena.org/wp-content/uploads/2025/02/She-and-the-others_DSC09730_©Marlene-Gelineau-Payette-1-scaled.jpg)
Chi Long manipule des ventouses, utilisées en médecine traditionnelle chinoise. ©Marlène Gélineau Payette
Des vêtements sont exposés au sol – des robes vietnamiennes très, très serrées, un manteau fait pour l’hiver australien mais amené au Quebec, des jump suits, des mini-robes. Chi Long enfile tour à tour ces symboles d’époques révolues: un ensemble jaune qu’elle a porté partout et qui est le seul bon souvenir qu’elle conserve d’un ex, un cat suit noir et ses bottines assorties – et à chaque fois, un tableau s’ouvre, mettant en scène un moment de la vie de la mystérieuse interprète.
Chi Long évoque aussi la guerre du Vietnam, comment celle-ci a marqué ses parents et, par ricochet la sienne. Elle se souvient que son père et sa mère ne répondaient jamais si on sonnait à la porte à l’improviste et comment cette dernière l’obligeait à prétendre être chinoise, dans la crainte d’obscures représailles. She and the other(s) reprend d’ailleurs un extrait d’Apocalypse Now de Francis Ford Coppola, des images du film étant projetées sur un écran, sur la largeur du fond de la salle.
![Composition musicale et traitement sonore : Guido Del Fabbro Des images du film Apocalypse Now de Francis Ford Coppola sont projetées sur un écran, sur toute la largeur de la sall ©Marlène Gélineau](https://myscena.org/wp-content/uploads/2025/02/She-and-the-others_DSC09956_©Marlene-Gelineau-Payette-scaled.jpg)
Des images sont projetées sur toute la largeur de la scène ©Marlène Gélineau
Le multiculturalisme, les identités multiples, la transmission, sont au cœur de She and other(s). Chi Long s’exprime en surtout en français, mais aussi parfois en anglais, La cinquantenaire évoque à plusieurs reprises l’actrice Maggie Cheung, et elle n’hésite pas à s’adresser au public, révélant un certain humour et un don de conteuse.
She and the other(s) est un spectacle intime, personnel, plus près de la performance et du théâtre que de la danse pure. Déjà présentée dans le cadre du Festival Phénomena, la production est à voir à l’Espace libre, jusqu’au 1er février She and the other(s) – Espace Libre