Prélude à l’Opéra : La création et le vertige de l’absence

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Mikaël, l’auteur, entre dans le théâtre (ici la salle Ludger-Duvernay du Monument-National) avec en mains un cerf-volant, une sentinelle, cette lampe qui par tradition, éclaire la scène et la salle des théâtres vides, et… une carabine. Le ton est donné. Un drame, plutôt deux même, vont se jouer devant nos yeux. À voir et écouter absolument !

Tout d’abord, le drame du vide de cette salle de spectacle qui induit dans nos têtes le virus de l’abandon. Ce sera le combat de Mikaël, l’auteur (Sébastien Ricard) : évoquer une histoire, des musiciens, des chanteurs et un spectacle à venir. Il s’agit pour lui de hanter la place des fantômes issus de sa pensée créative et nous les faire imaginer, mais surtout entendre !

Le second drame raconte l’histoire de deux frères jumeaux dont l’un doit devenir le kamikaze d’une cause intégriste. L’un des jumeaux est condamné par la maladie, mais le père veut sacrifier l’autre, « sinon ce ne serait pas un vrai sacrifice… ».

Tourné en octobre dernier par Manuel A. Codina et Pauline Vaillancourt, la mise en scène de la directrice artistique de Chants Libres met en place des gestes simples mais très forts pour évoquer les émotions bouleversantes des personnages : une chaise vide au cœur de la scène; une mère effondrée qui arrache lentement son voile; un candélabre au sol dont les flammes fragiles tremblent au moindre souffle d’air; les deux jumeaux surplombant le vide de la fosse d’orchestre comme au-dessus du cratère de la bombe qui a détruit leur maison et ultérieurement leurs vies.

L’inéluctabilité choisie de la destinée

Des voix s’élèvent, soutenues par une musique taillée finement et interprétée avec beaucoup d’éclat et de brillance même dans les pianissimi par le Nouvel Ensemble Moderne (NEM) sous la direction de Lorraine Vaillancourt. Tour à tour musiciens et chanteurs apparaissent puis s’évanouissent dans la lumière. Mikaël les invite, les convoque parfois, et rappelle ainsi au spectateur l’éphémérité de la création pendant une pandémie…

Par instants, les voix se complètent, chantent à l’unisson, en canon, puis se séparent, s’opposent, et hurlent la douleur des émotions contraires. Presque obsessive, une mélopée embrasse l’espace et embrase l’esprit. Efficaces, de longues plages de musique amènent lentement, insidieusement, l’aspect inéluctable de ce drame, le destin des enfants soldats, l’absence d’un semblant d’avenir… et le prix qu’il en coûte !

Une œuvre à part entière

Ce Prélude à l’Opéra se révèle une œuvre à part entière qui, à l’instar d’une ouverture symphonique ou lyrique, fait apparaître en filigrane tous les thèmes musicaux, mais aussi – et surtout – les atermoiements et les souffrances de chaque personnage. Cet ensemble final nous sera révélé lors de la production complète de l’opéra L’Orangeraie. Cette histoire s’inspire du roman éponyme de Larry Tremblay qui signe ici le livret d’une partition composée par Zad Moultaka et que Chants Libres créera à l’automne.

Rappelons que ce Prélude à l’Opéra puis L’Orangeraie sont des coproductions de Chants Libres et du NEM.

Prélude à l’opéra – Première : jeudi 21 janvier, à 20h. Disponible jusqu’au 24 janvier. Durée : 28 minutes. Tarif spécial SCENA : billet à 10 $ au lieu de 15$ en entrant le code promo SCENA lors du paiement sur https://lepointdevente.com/billets/prelude

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