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Vijay Iyer et Craig Taborn: The Transitory Poems – ECM 2644
Neuf ans après leur première collaboration sur scène, Vijay Iyer et Craig Taborn signent enfin un premier disque. En quelque 75 minutes, cet album reprend presque intégralement la captation d’un concert à Budapest en mars 2018. Huit plages coulent (et s’écoulent) dans un véritable fleuve sonore, les pauses étant si brèves qu’on a tout juste le temps de prendre une respiration. Pourtant, il n’y a rien d’essoufflant ou d’ardu ici, mais une communion entre deux complices habitués à composer sur le moment. Bénis comme ils le sont de tous les moyens techniques, ils évitent tout feu d’artifice ou des bras de fer, danger réel pour des virtuoses se lançant à corps perdu dans la libre improvisation. Tout semble bien maîtrisé dans ce récital, avec une certaine retenue qui tient peut-être de l’état d’âme des musiciens, marqués durant cette période par la disparition de personnages influents pour eux. À tour de rôle, ils dédient des morceaux à l’artiste visuel Jack Whitten (Sensorium), aux pianistes Muhal Richard Abrams (Clear Monolith) et Geri Allen (à qui ils rendent hommage en effleurant un de ses thèmes), puis à Cecil Taylor (Luminous Brewing), ce dernier passant l’arme à gauche moins d’un mois après cette prestation. En cette époque de production de disques en série et de désir de gratification instantanée, on ne peut qu’applaudir le travail d’artistes prenant le temps de créer des œuvres de substance et d’envergure. Pour une meilleure appréciation de cet effort, quelques écoutes attentives sont de rigueur.
Kris Davis & Craig Taborn: Octopus – Pyroclastic Records PR03
On a beau avoir la même configuration instrumentale que le disque précédent et un musicien en commun (Taborn), les résultats sont tout autres, et ce, à plusieurs titres. La Canadienne Kris Davis, fixée depuis longtemps dans la Mecque du jazz, a mis sur pied ce projet dans la foulée d’un album antérieur (Duopoly) avec différents partenaires, dont Taborn. Lui et elle décident par la suite de partir en tournée, jouant et enregistrant douze concerts aux États-Unis. Six pièces sont retenues pour le présent album, toutes basées sur des compositions, deux par Davis, trois de Taborn (une jumelée avec Sing me Softly the Blues de Carla Bley) et, en conclusion, Love in Outer Space de Sun Ra. Si le climat musical qui se dégage de la rencontre Iyer et Taborn est assez recueilli (à l’image de l’esthétique ECM, diront certains), le ton de ce duo est autrement plus extraverti. Les contrastes dynamiques sont beaucoup plus forts entre les morceaux, parfois à l’intérieur d’eux, et la prise sonore (plus grêle que l’album précédent) rehausse le ton de la musique. Les compositions ne sont en rien des contraintes, car les pianistes ont pris plus de liberté durant la tournée, Taborn notant ce fait durant l’entretien accordé pour l’article vedette de cette section. On ne le dit pas assez : ce sont les instrumentistes qui font la musique, pas les instruments. Ce disque, et le précédent, en sont la preuve, d’autant plus lorsque l’improvisation devient l’enjeu principal.
En concert
» Duo : TD Vancouver JazzFest, 29 juin
» Kris Davis (avec Ingrid Laubrock) : TD Ottawa JazzFest, 28 juin et Vancouver, 23 juin ; FIJM, 6 juillet (solo)
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