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À pareille date en 2021, l’Off Festival de Jazz de Montréal (OFJM) repartait de plus belle, après une année restreinte à deux seules diffusions en ligne. Avec une vingtaine de concerts étalés sur dix jours, il a bien tiré son épingle du jeu l’an dernier, remplissant même ses salles, quoiqu’aux seuils inférieurs imposés par les règlements.
Si ce bilan était des plus encourageants, il y a lieu d’entretenir de meilleures attentes encore cette année pour sa 23e édition de neuf jours démarrant le 6 octobre. Au premier regard, la programmation s’avère l’une des plus ambitieuses de son histoire : 35 concerts, plus d’une centaine de musiciens, dix lieux de spectacles, certains bien connus (Dièse Onze, Upstairs, Lion d’or), d’autres inédits (salle Claude-Champagne, un en plein air à Pointe-Claire, un autre dans la rue avoisinante du MBA).
Deux concerts à grand déploiement ressortent dans la programmation, lesquels présentent les deux Orchestres nationaux de jazz (ONJ), le premier nous arrivant de France par les États-Unis, le second résidant dans notre propre cour. De loin le joyau de la couronne, la formation hexagonalede quinze musiciens (dont une poignée d’Américains), deux informaticiens et un chef d’orchestre-compositeur (Frédéric Maurin) livrera en primeur canadienne (7) Ex Machina, sa première nord-américaine tenue à New York quelques jours plus tôt. Conçue par son chef ainsi que l’un de ses exécutants (le saxo alto Steve Lehman), cette œuvre de fine pointe technologique propose une interaction en temps réel entre des interprètes humains et des systèmes d’intelligence artificielle. Pas piqué des vers, ce truc-là…
Si les Français repoussent les frontières, les Montréalais braquent le regard dans le rétroviseur en soirée de clôture (15) dans un double hommage à Frank Sinatra et Ella Fitzgerald. Une chanteuse et un chanteur tiendront les rôles principaux, soutenus par des arrangements luxuriants de Nelson Riddle avec sections de cordes et de bois en sus.
Plus considérable que jamais, la composante internationale s’étend au-delà de la formation française susdite. Signalons une grosse pointure américaine, le batteur et vibraphoniste Joe Chambers (vétéran des disques Blue Note des années 1960). Il sera l’invité du pianiste montréalais Andrés Vial (également en soirée de clôture), codirigeant un sextette axé sur les percussions. Plus tôt cette année, ils entraient en studio pour réaliser un album de ce projet qui sortira l’an prochain sur l’étiquette d’antan de M. Chambers, l’entente étant conclue tout récemment. Autre proposition intéressante (6), un sous-groupe de l’ONJ France, le Big Four, se produira avec un invité de chez nous, le saxo alto Erik Hove. En contrepartie, le trompettiste Jacques Kuba Séguin invite à son tour trois jeunes musiciens norvégiens (7), découverts par un soir de balade dans les rues d’Oslo. L’occasion sera d’ailleurs soulignée par le lancement du disque Mikrokosmos de cette formation sur l’étiquette Odd Sound du trompettiste.
Toujours dans cet esprit d’abolir les frontières (géographiques et stylistiques), une rencontre Montréal-Italie se tiendra le 8, soit le projet multidisciplinaire The Human Web. Placée sous la férule de la batteuse italienne montante Francesca Remigi, désormais installée à New York, la formation comptera trois des nôtres et deux compatriotes de la cheffe, dont une danseuse. Ce spectacle sera la première d’une œuvre multidiscplinaire originale conçue pour le festival.
Musique instrumentale d’abord et avant tout, le jazz ne néglige pas pour autant la voix dans son univers. L’OFJM en tient compte dans sa programmation en offrant une palette vocale éclectique allant de Karen Young en duo avec la pianiste Marianne Trudel (11) dans un nouveau tour de chant dédié à Joni Mitchell et certains chansonniers de chez nous. Plus expérimentale, Sarah Rossy se retrouvera en trio avec un batteur et une autre voix jouant également du vibraphone (6). En tête de liste, on retrouve en soirée d’ouverture Charbonneau ou les valeurs à la bonne place, cabaret musical comptant une distribution instrumentale de jazz et chœur conçu par le bassiste Hugo Blouin dans la foulée de la fameuse commission d’enquête des années 2000.
Pour les oreilles musclées, trois événements sont à signaler : l’excellent Eyevin Nonet du batteur Ivan Bamford et son hommage au défunt saxophoniste américain Thomas Chapin (13), le trio de l’altiste Yves Charuest lançant un disque inédit de 1987 (!) avec le regretté bassiste allemand Peter Kowald (prestation jumelée fort curieusement avec le duo Young/Trudel) ainsi que le trio électro Oli Astral comprenant le bassiste Frédéric Alarie (9).
Comme l’espace nous manque, on vous prie de consulter en ligne la programmation complète de l’OFJM pour connaître tout le b.a.-ba de cette 23e édition conçue à l’intention de ceux et de celles qui veulent entendre le spectre complet de la note bleue… ou presque.
Programmation et billetterie : www.lofffestivaldejazz.com
Également en ligne dans la section : Charles McPherson – L’art de la logique linéaire
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