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Il vient tout juste de marquer ses 80 ans. À tout seigneur, tout honneur, le trompettiste Guido Basso sera fêté le quatre novembre prochain au cœur même de son quartier de jeunesse : la Petite-Italie. En effet, la Casa d’Italia, organisme culturel unique en son genre (voir ci-desss0us), propose une soirée durant laquelle le musicien sera élu dans un nouveau temple de la renommée institué pour saluer des membres émérites de sa communauté. Qui plus est, M. Basso se produira dans sa salle de concert avec le concours de Ron di Lauro, son fils spirituel pour ainsi dire, et de l’Altsys Jazz Orchestra, formation de douze musiciens codirigée par le couple Bill Mahar (trompettiste également) et Jennifer Bell, saxophoniste. Pour la soirée, on promet, entre autres, quelques standards de jazz et des arrangements de chansons populaires italiennes, dont le très célèbre Non Dimenticar.
Bien que ses origines soient à Montréal, l’invité d’honneur s’est exilé sur le tôt vers Toronto. À peine dans la vingtaine, Basso se produisait déjà chez nous dans les clubs, notamment le légendaire El Morocco, tout près de l’ancien Forum. Bien que lointaine, il se souvient encore très bien de cette époque, qu’il raconte volontiers dans un échange téléphonique récent. « Je travaillais dans l’orchestre maison du pianiste Maury Kaye et on a eu un congé à un moment parce que le big band du batteur Louie Bellson avait un engagement là, avec la chanteuse Pearl Bailey. Je me suis rendu quand même avec mon instrument et on a jammé en fin de soirée avec des musiciens de ce groupe. Le lendemain, je reçois un coup de fil du gérant qui m’invite à les joindre en tournée ! » Sur approbation parentale, il part donc sur la route pour deux ans, faisant alors son véritable apprentissage musical.
Parmi ses influences, il cite Miles Davis en particulier. Un jour, il a même demandé à un technicien et réparateur d’instruments de poser une laque verte sur sa trompette, comme celle que jouait son modèle à l’époque.
Pourtant, ce cuivre n’était pas son instrument d’élection, du moins au début. « Venant d’une famille italienne, je voulais vraiment jouer de l’accordéon, mais c’est mon frère aîné, saxophoniste, qui m’avait imposé la trompette en quelque sorte, parce qu’il voulait ça dans son groupe. J’ai été tout de même chanceux, puisque mes deux premiers professeurs m’ont converti, pour ainsi dire. »
Son séjour américain se termine cependant en raison du non-renouvellement de son visa temporaire ainsi que d’une obligation de postuler pour une résidence permanente, incluant l’effet dissuasif d’un enrôlement dans l’armée. Il s’établit dans la Ville Reine en 1961, pour une raison sentimentale qui n’a pas duré, note-t-il. La chance veut qu’il joue un soir devant des producteurs de télé qui expérimentaient déjà avec des captations en couleur, ceux-ci remarquant sans doute le look de son biniou fraîchement laqué.
Un travail de musicien de studio s’amorce pour lui, et il fait des études au Conservatoire royal — bien avant la création de programmes d’études de jazz, remarque-t-il. Sa ville adoptive lui plaît beaucoup, car elle lui offre beaucoup plus d’occasions de travailler en studio ou de jouer en grande formation qu’à Montréal, plus orientée vers les petits ensembles. En 1968, il s’associe au Boss Brass, orchestre de jazz emblématique de cette ville que dirigeait le compositeur, arrangeur et tromboniste Rob McConnell.
À son âge vénérable, Guido Basso ne court certainement plus les engagements, mais il n’a pas mis son instrument au clou non plus. « J’en accepte encore, dit-il, peut-être plus que je ne devrais, mais ça me stimule pour garder la forme, chose indispensable pour tout trompettiste. » Toujours alerte, il reste au fait et envie aux jeunes les formations rigoureuses que lui n’a pas reçues.Seul bémol pour lui, la disparition du travail de studio à Toronto, comme partout ailleurs, ce régime étant désormais supprimé par une lutherie électronique capable de remplacer des orchestres complets et de sonner aussi bien.
Foyer de la culture italophone à Montréal, la Casa d’Italia est une institution assez unique. En 1936, date de son ouverture, elle faisait partie d’un réseau international de sept centres culturels mis sur pied par l’État et dispersés sur chacun des continents. Peu à peu, ils ferment leurs portes, le seul survivant étant le nôtre, sa pérennité attribuable à l’appui de sa communauté. En 2011, la bâtiment reçoit une cure de jeunesse, dont une rénovation de sa salle de bal, qui siège plus de deux cents personnes, et l’aménagement au sous-sol d’un espace plus intimiste pour récitals. Pour M, Basso, l’endroit est d’autant mieux choisi, car il a foulé ses planches à maintes reprises en tout jeune homme, dont moult soirées mondaines et tant de réceptions de mariages.
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