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Pour le grand public, « musique contemporaine » a un sens très précis. Essentiellement, elle désigne un corpus musical créé par les compositeurs de la seconde école de Vienne (Schönberg. Berg et Webern) et leurs successeurs. En 2019 cependant, on peut se demander si ce corpus est toujours « contemporain ». De nos jours, il n’est pas rare de distinguer les œuvres de notre siècle du précédent par des qualificatifs comme musiques « de notre temps » ou « actuelles ».
En jazz cependant, le mot « contemporain » n’est pas grevé du sens donné dans les musiques de concert. Il n’y avait aucun rapport entre elles, nées dans un monde lointain, et celle engendrée en Amérique, encore innommée et balbutiant à peine. Qui dit « jazz contemporain » maintenant ne dit rien d’autre que « de notre temps ».
Le terme « classique », pour sa part, n’est pas étranger au jazz, mais il a un autre sens que celui qu’on associe à la musique occidentale européenne. Le « jazz classique » englobe tous les styles qui ont émergé avant la Seconde Guerre mondiale, de ses premières manifestations à La Nouvelle-Orléans à sa diffusion vers Chicago et New York, d’une -tradition de pianistes de boogie woogie et stride jusqu’à l’aboutissement au swing et glorieuse époque des big bands qui ont l’ont porté au faîte de sa popularité. À cette époque, un premier clivage s’opère dans le jazz avec la montée d’une musique aussi saugrenue que son nom : le bebop. Pour distinguer cette nouvelle venue des styles antérieurs, désormais rassemblés sous le vocable « classique », on lui apposera l’étiquette « moderne ». Enchâssé depuis dans le jargon du jazz, ce terme n’est pas aussi courant dans les musiques de concert, ce qui est aussi le cas pour l’expression « avant-garde ». Sous l’impulsion première d’Ornette Coleman à la fin des années 1950 et les ruptures subséquentes du free jazz, un second clivage a eu lieu entre un jazz moderne, autrement étiqueté de « mainstream », et une avant-garde qui poussera le jazz vers la contemporanéité. Mais que signifie alors cette contemporanéité dans le jazz ? Produit en notre temps, ce « jazz contemporain » est (in)formé à différents degrés par son propre classicisme et sa modernité (mainstream, avant-garde et musiques improvisées assorties), voire la tradition classique, ancienne, contemporaine et actuelle, le rock et des musiques provenant de tous les coins du globe.
De plus, la note bleue s’est donné une mémoire différente de la musique classique et son indispensable partition : l’enregistrement sonore. Pour autant que les praticiens soient les premiers artisans de son devenir, les maisons de disques ont également eu leur mot à dire dans le processus. Deux étiquettes se distinguent à ce chapitre : Blue Note Records et ECM. Comme la première marque cette année ses 80 ans et la seconde le demi-siècle, saisissons l’occasion pour les évaluer à la lumière des réflexions précédentes.
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