l’Effet Festival: Les festivals dans les petites villes

Advertisement / Publicité

This page is also available in / Cette page est également disponible en: English (Anglais)

Alors que la saison des festivals d’été approche à grands pas, les villes canadiennes se préparent à accueillir un afflux de visiteurs mélomanes. Les festivals de musique offrent quelque chose de spécial à la communauté et ont un impact unique sur la culture et l’économie locales. De la bucolique Lanaudière, au nord de Montréal, à la pittoresque Elora, dans le sud de l’Ontario, une chose est sûre : la relation entre les festivals et les petites villes est mutuellement bénéfique.

Ces festivals constituent des repères culturels qui jouent un rôle clé dans la formation de l’identité des villes. « J’ai été stupéfait de voir à quel point le festival fait partie intégrante de l’identité culturelle de Dawson City; les gens en sont très fiers », déclare Corbin Murdoch, directeur général du festival de musique de Dawson City, le plus ancien festival du Yukon. Le directeur artistique du festival d’Elora, Mark Vuorinen, va dans le même sens : « Elora est une communauté très dynamique et unie qui aide à soutenir le festival et ses activités. » Les habitants sont fiers de participer à des événements culturels aussi importants.

Inversement, les villes sont tout aussi influentes dans l’organisation de leurs festivals. Nombre d’entre elles regorgent de caractère et contribuent à une histoire riche et vibrante. M. Vuorinen estime que l’emplacement est un élément clé de l’identité de son festival. L’expérience de la visite d’une petite ville fait partie de l’attrait en soi. « On se retrouve dans un petit village européen, d’une certaine manière, parce qu’Elora possède un véritable noyau historique qui attire beaucoup de monde », explique-t-il.

Arthur Arnold, directeur artistique du Prisma Festival de Powell River, s’illumine lorsqu’il parle de la ville. Chef d’orchestre ayant passé une grande partie de sa carrière en Europe, Arnold est tombé amoureux de cette petite ville côtière de la Colombie-Britannique, qu’il habite désormais la moitié de l’année. « Powell River est un lieu géographique incroyable où les montagnes embrassent l’océan et c’est là que tout prend vie. »

Le Festival de Lanaudière est ancré dans la riche histoire des arts de la région, comme le souligne le directeur général Clément Joubert. Parlant des débuts du festival, il cite les prêtres qui y ont créé une école il y a plusieurs années. « Certains étaient passionnés de musique et ont créé un camp d’été, un festival, un concours, une école. C’est ce qui explique la richesse de la musique dans cette région. Elle a des racines très profondes. »

Chacune de ces villes offre ses propres possibilités. Lanaudière est une région qui regorge de destinations culturelles uniques. Joubert mentionne Hors les murs, la série éclectique de concerts organisés dans différents lieux, d’une ferme de lavande dans le nord de la région à une distillerie « dans le hangar où tous les tonneaux sont entreposés, de sorte que vous pouvez sentir l’odeur du bois et de l’alcool. Des dégustations sont également proposées. » Ces destinations atypiques font partie de l’attrait de Lanaudière.

L’un des principaux objectifs de Vuorinen à Elora est d’organiser des concerts expérientiels comme Music in the Woods, au cours duquel « les spectateurs sont emmenés pour une randonnée de 45 minutes où ils rencontrent de la musique en cours de route ». Les concerts sur site font également partie du festival Prisma, dont la dernière présentation, Prisma on the Beach, est un spectacle gratuit en plein air avec des vendeurs de nourriture. Ce n’est qu’une des façons dont les festivals peuvent offrir de nouvelles manières de découvrir et d’apprécier la musique.

De nombreux festivals ont pour mission d’améliorer la situation des communautés dans lesquelles ils sont implantés. Arnold, de Prisma, mentionne la construction d’un centre artistique pour Powell River – un projet actuellement en cours, dirigé par l’équipe de Prisma. Ce centre offrira des bureaux à diverses organisations artistiques, des salles de répétition et une salle de spectacle. Arnold réfléchit à la progression de la scène artistique à Powell River : « J’ai créé Prisma dans un sous-sol et nous avons maintenant un orchestre symphonique à Powell River… qui a vu le jour grâce à Prisma. » En 13 ans seulement, Arnold a fait évoluer la scène artistique de Powell River; il a été accueilli à bras ouverts et la communauté s’est épanouie.

L’un des principaux indicateurs du succès d’un festival est son impact économique. M. Vuorinen souligne que le festival a rapporté environ 1,2 million de dollars à Elora en 2024. Pour ces petites villes, les festivals sont des événements de destination, ce qui entraîne un afflux de touristes. « Les gens viennent à Powell River du monde entier – des États-Unis, d’Europe – et ils réservent des chambres d’hôtel. Bien sûr, c’est bon pour notre économie locale », affirme M. Arnold.

Prisma génère plus de 1,6 million de dollars pour Powell River, avec un effet multiplicateur de 2,05, selon M. Arnold. Le Festival de Lanaudière attire des foules qui profitent aux entreprises locales de Joliette et le Festival d’Elora attire également des visiteurs dont les dépenses soutiennent les boutiques, l’hébergement et les restaurants locaux. Le succès continu de tous ces festivals génère une activité économique locale fiable.

Au-delà de la présentation des arts, les festivals contribuent à dynamiser la culture, la croissance économique et les liens sociaux dans les villes où ils se déroulent. « Je le dis aussi au public : c’est nous qui faisons cela. Ce n’est pas seulement moi ou notre équipe, c’est vraiment nous en tant que communauté. Nous le faisons ensemble », rappelle Arnold. Dans les petites villes en particulier, les racines d’un festival se trouvent dans la communauté. Il s’agit d’une relation réciproque.