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Le 5 mai dernier, divers intervenants de l’art de la chanson (mélodie) au Canada – enseignants, chanteurs, pianistes, présentateurs, universitaires – se sont rencontrés à l’Université de Toronto pour discuter de l’avenir de cette forme artistique. Coparrainé par la National Association of Teachers of Singing, la faculté de musique de l’Université de Toronto, l’Art Song Foundation of Canada et le Canadian Art Song Project, ce séminaire d’une journée offrait des présentations et des spectacles. Environ 120 participants ont eu l’occasion de discuter longuement des divers défis auxquels les récitals de mélodies font face et les réponses créatives possibles.
La journée débuta par quatre brèves conférences destinées à ouvrir la discussion. James Norcop, cofondateur de l’Art Song Foundation of Canada, a abordé la question du déclin apparent de l’intérêt du public pour les récitals de mélodies, exhortant ses auditeurs à travailler ensemble pour établir l’infrastructure nécessaire (et manquante) pour la diffusion des mélodies et créer et stimuler de nouveaux publics de récitals, peut-être dans de nouveaux lieux innovants.
La discussion animée qui suivit porta sur les moyens possibles d’attirer ces nouveaux publics, y compris la suggestion bienvenue de briser les silos actuels de genre pour permettre de nouveaux formats dans différents espaces de spectacle.
Ensuite, le pianiste et professeur Warren Jones s’est attaqué à ce qu’il a appelé l’élément le plus important d’un récital de mélodies : la communication. La capacité des artistes à donner un sens, un sentiment et une expression aux auditeurs, a-t-il soutenu, est ce qui créera de nouveaux publics et maintiendra ceux qui existent. Les chanteurs, les présentateurs et les enseignants qui ont répondu ont tous souligné les différents aspects du défi de Warren à communiquer, y compris des suggestions pratiques, par exemple expliquer au public les mélodies et les poèmes avant une représentation. D’autres ont insisté sur la nécessité d’élargir le répertoire de mélodies pour mieux rejoindre notre société multiculturelle actuelle.
Rena Sharon, fondatrice du Vancouver International Song Institute de l’Université de la Colombie-Britannique, s’est penchée sur l’importance de la mélodie dans le monde actuel. Décrivant la longue histoire de cette forme artistique, elle a exhorté les interprètes à attirer de nouveaux publics pour garder les récitals vivants, à la fois dans leur format traditionnel et dans de nouvelles formes plus récentes et moins formelles. La discussion qui suivit a été très large, car de nombreux exemples nord-américains d’efforts fructueux ont été évoqués.
Dans la dernière présentation de la matinée, Andrew Kwan, dont l’agence de gestion représente des artistes canadiens depuis des décennies, aborda le sujet de la création d’opportunités. Ce faisant, il fit remarquer que toutes les autres industries artistiques effectuent des recherches pour comprendre leur public, mais nous ignorons (encore) vraiment qui est notre public et comment l’attirer.
Répondant à son appel à travailler en étant à l’écoute du public et à évoluer en conséquence, comme les musées et d’autres institutions artistiques l’ont fait ces dernières années, des participants ont présenté des modèles de nouvelles opportunités à travers de nouveaux formats de récital, en particulier les concerts à domicile.
Dans l’après-midi, quatre groupes d’interprètes invités par le Conseil des arts de l’Ontario ont présenté de brefs exemples de leurs conceptions des types de récitals de chansons susceptibles d’attirer de nouveaux publics.
1) La soprano Danika Lorèn et le pianiste Stéphane Mayer ont présenté de leurs nouvelles compositions (Prairie Spring de Mayer, texte de Willa Cather, l’interprétation de Lorèn de poèmes de Lorna Crozier tirés de Sex Lives of Vegetables – Onions, Carrots et Cauliflower) et aussi Epheu provenant de Mädchenblumen par Richard Strauss et Felix Dahn.
2) Le groupe Pocket Concert expliqua son modèle de récital (et d’affaires) de concerts de chambre intimes tenus dans des résidences privées, des milieux de travail, des parcs et d’autres lieux non traditionnels. Rory McLeod, violoniste et cofondateur et codirecteur, la mezzo-soprano Victoria Marshall et le pianiste Jared Tehse ont ensuite interprété Gestillte Sehnsucht de Deux chants, op. 91 de Brahms.
3) Mélangeant délibérément le contemporain et le traditionnel, la soprano Alexandra Smither et le pianiste Trevor Chartrand ont présenté un programme varié comprenant l’arrangement de Smither de Sea Rose d’Alex Taylor, I Give You Back d’Annea Lockwood, The Kind Moone d’Emma Wine et Mix a Pancake de Vivian Fung ainsi que Gretchen am Spinnrade de Schubert et Il vole de Poulenc.
4) Le ténor Lawrence Wiliford et le pianiste Steven Philcox, cofondateurs et codirecteurs artistiques du Canadian Art Song Project (CASP), ont parlé de la double mission du CASP, à la fois historique (récupération, publication et enregistrement de mélodies canadiennes antérieures) et contemporaine (commande aux compositeurs canadiens de mélodies pour des chanteurs canadiens). Illustrant la première, Wiliford a chanté Music When Soft Voices Die de Healey Willan et Fair Daffodils de Derek Holman. Pour démontrer la dramatisation innovante des nouvelles mélodies commandées, ils ont fait jouer un extrait vidéo de Sewing the Earthworm par Brian Harman et David Brock, puis un extrait de Dawn Always Begins in the Bones d’Ana Sokolović, une œuvre commandée par le Canadian Opera Company Ensemble Studio pour le 150e anniversaire du Canada.
Une longue discussion a suivi. Les membres présents ont répondu à ces différents modèles créatifs et échangé leurs différentes pensées. Parmi les nombreuses questions soulevées figuraient les défis de la communication et les problèmes de financement constants, les nouvelles possibilités de lieux de spectacle, la nécessité d’accroître la diversité du répertoire et d’explorer de nouvelles expériences – en matière de format, genre, médias, surtitres et autres technologies.
Un fort consensus s’est dégagé parmi les participants sur le fait que d’autres réunions comme celle-ci seraient souhaitables pour partager de nouvelles idées, mais aussi pour parler des problèmes et des difficultés rencontrés par les enseignants, étudiants, interprètes et présentateurs pour garder vivante cette forme d’art vitale et trouver de nouveaux publics.
Traduction par Mélissa Brien
Linda Hutcheon est professeure émérite au département d’anglais et au Centre de littérature comparée de l’Université de Toronto. Pour un résumé plus complet des travaux du séminaire, visitez : www.artsongfoundation.ca.
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