This page is also available in / Cette page est également disponible en:
English (Anglais)
Le 3 août, Yannick Nézet-Séguin clôturera la saison 2025 du Festival de Lanaudière en dirigeant l’un des opéras les plus transcendants du répertoire, Tristan und Isolde de Wagner. Malgré son statut d’œuvre phare de la fin du romantisme, cet opéra monumental est rarement entendu en concert au Québec – l’Opéra de Montréal ne l’a monté qu’une seule fois au cours de ses 45 ans d’existence. Mais quand il arrive, c’est avec force. Voici comment vous préparer.
L’intrigue
Tristan und Isolde est l’histoire d’un amour voué à l’échec, déclenché par une potion magique et intensifié par la culpabilité, la passion et le désir philosophique. Isolde, fiancée au roi Marke, est rongée par la rage envers Tristan, l’homme qui a tué son fiancé. Mais lorsqu’ils boivent ce qu’ils croient être du poison (et qui est en fait un philtre d’amour), leur destin est scellé. Après une nuit d’extase érotique, ils sont déchirés. Tristan meurt de ses blessures; Isolde le suit dans la mort dans l’une des fins les plus touchantes de l’opéra, le Liebestod.
Le son de l’obsession
Les trois premières mesures de Tristan und Isolde sont parmi les plus écrites de toute l’histoire de la musique occidentale. Une sixte mineure ascendante aux violoncelles, suivie d’une descente d’un demi-ton dans l’accord récurrent de septième demi-diminuée « Tristan », introduit la tonalité ambiguë présente tout au long de l’opéra. De nombreux spécialistes ont commenté la nature fragmentaire de l’opéra, qui se caractérise par une résolution harmonique tardive, des leitmotivs et un chromatisme omniprésent. Ces qualités transportent l’histoire d’amour de Tristan et Isolde dans le sublime, transcendant les techniques de composition préétablies.
Tamara Wilson (Isolde) dans Tristan und Isolde de l’Opéra de Santa Fe (2022). Photo : Curtis Brown Photography
Voix d’acier
Tristan et Isolde sont ce que les chanteurs appellent des « rôles d’endurance ». Les chanter, c’est endurer un marathon vocal et émotionnel. Ce sont des rôles pour athlètes vocaux.
Nombreux sont ceux qui ont tenté de les interpréter, mais rares sont ceux qui les ont maîtrisés. Commençons par Birgit Nilsson, dont l’Isolde de feu et de glace reste la référence. Ses enregistrements avec Wolfgang Windgassen ou Jon Vickers sont pleins de tension wagnérienne. En ce qui concerne Vickers, le ténor héroïque du Canada, son Tristan est volcanique et chanté avec une intensité écrasante. Pour une approche plus lyrique, mais toujours puissante, Ben Heppner, un autre titan canadien, a offert un excellent Tristan à la fin des années 1990 et dans les années 2000.
Du côté des sopranos, le Canada n’a pas eu d’Isolde aussi reconnue internationalement que ses ténors, mais Adrianne Pieczonka est réputée pour des rôles wagnériens comme Sieglinde et Senta. La programmation de Lanaudière pour 2025 comprend la soprano américaine Tamara Wilson, qui possède la force d’acier et l’endurance nécessaires au rôle, ainsi que Stuart Skelton, un ténor australien réputé pour son Tristan héroïque et sensible à la fois.
Le Festival de Lanaudière offre une rare occasion d’entendre cette œuvre en direct, entre les mains de l’un des plus grands chefs wagnériens au monde, Yannick Nézet-Séguin, et de l’Orchestre Métropolitain, toujours aussi lumineux.
Traduction : Andréanne Venne
This page is also available in / Cette page est également disponible en:
English (Anglais)