Navigation sur: Lebrecht Weekly

La soprano égyptienne, qui vit entre Londres et Berlin, avait réuni des mélodies classiques occidentales et arabes sur son premier disque, illustrant le brassage musical autour de la Méditerranée. Son aisance à naviguer entre les deux cultures est enviable. Passer de la précision microtonale du maqâm à la luxuriante Shéhérazade de Ravel au fil des morceaux est un acte de transcendance culturelle ébahissant, qu’elle a réalisé sans le moindre faux pas. Le nouvel effort de Saïd est purement allemand : Schubert, Mendelssohn, Schumann et Brahms. Difficile de dire lequel elle adore le plus. Le morceau d’ouverture, Ständchen, à la fluidité…

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La Symphonie no 7 a été la plus incomprise des symphonies de Mahler et la dernière enregistrée. Bruno Walter, le plus fidèle apôtre de Mahler, ne l’a jamais exécutée. Otto Klemperer, le second, l’a étirée de 20 minutes. À 75 minutes, la patience des auditeurs est mise à rude épreuve. La symphonie comporte cinq mouvements, deux d’entre eux étant qualifiés de « musique de nuit », mais pas au sens mozartien. La partition prévoit un cor ténor, des sonnailles, une guitare et une mandoline. Arnold Schönberg a perçu dans ces teintes rappelant Klimt la palette fondamentale du modernisme et a…

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Si vous vous préparez à prendre un bon bain chaud, faites jouer l’un de ces disques et plongez votre corps du mois de janvier dans un monde imaginaire impérissable. Ce que Hahn et Gál ont en commun, outre un nom d’une syllabe, c’est leur fidélité résolue au langage musical dans lequel ils ont baigné étant jeunes. Hahn, Vénézuélien d’origine et amant de Marcel Proust, compose des évocations de ce temps perdu avant la Première Guerre mondiale. Le quatuor à cordes et le quintette avec piano de cet album, chacun composé directement après une guerre mondiale, pourraient facilement être confondus avec…

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Il y a quatre mois, j’ai écrit sur l’un des disques de Chostakovitch les moins satisfaisants qu’il m’ait été donné d’entendre, une interprétation où le chef d’orchestre, un jeune Finlandais survolté, parcourait la surface musicale sans pénétration ni concept stratégique. La morosité qui m’a envahi à l’annonce d’un cycle complet de symphonies par cet interprète non préparé a depuis été légèrement atténuée par l’émergence d’un cycle parallèle par un compatriote finlandais, Santtu-Matias Rouvali. À 40 ans cette année, Rouvali est directeur musical du Philharmonia Orchestra de Londres et a de bonnes chances d’être le prochain chef à San Francisco ou…

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La mort du compositeur Alexander Goehr en août dernier a rappelé aux nécrologues les contributions vitales à la culture britannique insulaire de son père Walter Goehr, réfugié. Walter a travaillé comme chef d’orchestre pour EMI et pour l’un des orchestres les plus faibles de la BBC. On se souvient surtout de lui pour avoir donné en 1953 la première britannique de la Turangalîla Symphonie d’Olivier Messiaen, mais il a également introduit toute une série de nouveautés, de Monteverdi à Mahler, de Schoenberg et Stravinski à Britten et Tippett. Le premier choc que l’on ressent en entendant Das klagende Lied et…

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À quoi sert un centenaire s’il ne rétablit pas une réputation ? Cent ans se sont écoulés depuis la mort du Germano-Italien Busoni à Berlin et, bien que nous ayons entendu son énorme Concerto pour piano dans les salles de concert en 1924, rien d’autre ne s’est produit pour changer la perception générale selon laquelle Busoni était un formidable pianiste avec de grandes idées qui ne se traduisaient pas nécessairement par une musique d’une valeur durable. Deux enregistrements d’œuvres pour piano renforcent cette image. Le pianiste allemand Wolf Harden a atteint le volume 13 dans sa quête de l’intégrale des…

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Les compositeurs allemands ne savent pas s’amuser. Il suffit de penser à la Plaisanterie musicale de Mozart ou aux moqueries de Beethoven sur l’embonpoint du violoniste Schuppanzigh. Ce n’est pas drôle du tout. Sans parler de Schumann et de Brahms, ou des piètres plaisanteries anti-critiques de Wagner, Mahler et Richard Strauss. C’est donc dans un état d’esprit méfiant que j’ai abordé cet album de morceaux inconnus pour plusieurs pianos et orchestre de Mendelssohn, Moscheles, Schubert et Liszt. Le jeu à quatre mains est habituellement l’occasion pour les musiciens d’échanger des plaisanteries. Est-ce une heure d’écoute amusante ? Presque. La première…

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Cela fait 30 ans que j’ai entendu György Ligeti expliquer pourquoi il permettait que son premier quatuor à cordes soit joué après quatre décennies passées dans un tiroir. Ce quatuor, composé en 1954, était trop proche de ses sources. « C’est le septième de Bartók, a déclaré Ligeti, mais je me suis rendu compte que ce n’était pas une si mauvaise chose. » Intitulé Métamorphoses nocturnes, le quatuor fait entendre des insectes bourdonnants, des herbes chuchotantes et bien d’autres choses qui se bousculent dans la nuit. Au milieu de ces bruits sauvages, on trouve des lignes mélodiques nostalgiques et un…

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Qu’ai-je fait de ma semaine ? Je l’ai passée à piller le cercueil de l’un des violonistes les plus captivants de l’histoire. David Oïstrakh, né à Odessa (donc Juif ukrainien plutôt que russe), a donné le ton au violon à l’époque soviétique. Non seulement dans ses propres interprétations, mais aussi dans celles de ses élèves moscovites, parmi lesquels Oleg Kagan, Gidon Kremer, Lydia Mordkovitch, Nina Belina, Stoïka Milanova, Rimma Sushanskaya et bien d’autres, sans oublier son propre fils, Igor, qui s’est distingué. En maintenant un individualisme distinctif dans un État autoritaire, il a enseigné aux jeunes musiciens à trouver leur…

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Le son du Berlin des années de Weimar est défini par Kurt Weill. Plus que tout autre compositeur, sa musique pour les spectacles de Bertolt Brecht évoque le carrousel nerveux, insouciant, plein d’espoir, résigné et inventif d’une société en perpétuelle crise. Weill, fils d’un cantor juif de la province de Dessau, a su percer les codes musicaux de la capitale et les a perpétués dans des chansons pour sa femme à la voix fêlée, Lotte Lenya. Il y eut aussi deux symphonies, mais nous n’en parlons pas, n’est-ce pas ? La première a été rejetée en 1921 par Ferruccio Busoni,…

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