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Il n’y a pas si longtemps, personne ne mettait en doute l’idée qu’une femme ne pourrait jamais créer un chef-d’œuvre ou jouer la sonate Hammerklavier de Beethoven. Clara Schumann (1819-1896) a cessé de composer à l’âge de 36 ans, vaincue par cette idée reçue. Elle a confié : « J’ai cru un jour posséder un talent créateur, mais j’ai abandonné cette notion. Une femme ne doit pas désirer être compositrice – pas une seule n’y est encore arrivée. Devrais-je croire que je serais la première ? »
Les temps changent. Dans de récents concerts, on a pu entendre des morceaux de Clara Schumann ou encore de Florence Price (1887-1953), une compositrice qui a laissé un corpus de plus de 300 œuvres.
« Certes, on a fait du progrès, reconnaît Katarzyna Musial, directrice artistique du Festival Stella Musica, qui en est à sa 8e édition. Il faut cependant continuer de hausser la représentation des femmes, qui demeure très faible – environ 12 % selon une analyse de 51 orchestres aux États-Unis et au Canada. Cette disparité se voit également dans les genres contemporains comme la musique pop, le rock, le jazz et la musique électronique. »
En outre, une étude menée au Royaume-Uni par la Donne Foundation a montré que dans la musique jouée par 100 orchestres internationaux, seulement 5 % des œuvres étaient composées par des femmes et juste un peu plus de 1 % par des femmes noires ou asiatiques.
« Depuis sa création, rappelle Musial, le festival a cherché à sensibiliser à des questions sociales et à donner de l’espace à diverses cultures musicales. »
Le 31 mai, un concert intime sera suivi d’une table ronde sur le thème « Bâtir des ponts entre les artistes autochtones et les auditoires non autochtones ». La pianiste et compositrice Beverly McKiver, de la Première Nation de Lac Seul du Traité 3, jouera une partie de sa suite Canadian Floral Emblems, un ensemble de pièces pour piano inspirées des emblèmes floraux des dix provinces et trois territoires du Canada. La soprano innue Élisabeth St-Gelais, accompagnée par Louise Pelletier, chantera une aria de l’opéra Kikzootadwak de la compositrice autochtone Barbara Assiginaak.
Le grand concert du 2 juin fera entendre Tarniriik, un duo de jeunes chanteuses de gorge. Oktopus, un ensemble de huit musiciens combinant divers styles musicaux, présentera plusieurs pièces, notamment des œuvres d’Ilse Weber (1903-1944), qui a écrit des chansons et des histoires pour enfants. Sa vie brève, comme celle de son jeune fils, s’est terminée à Auschwitz.
Fuego Flamenco, formé de trois musiciens, dont la pianiste virtuose et danseuse de flamenco Musial, exécutera des œuvres de compositeurs espagnols, cubains, vénézuéliens et brasiliens, enrichies de flamboyantes danses flamencos.
Le Festival Stella Musica se tiendra au Kin Experience (397A, rue Sainte-Catherine Ouest) et au Théâtre Le Gesù (1200, rue de Bleury) du mercredi 31 mai au vendredi 2 juin.
Liste de lecture
Tarniriik
Fuego Flamenco
Oktopus
https://www.oktopus.ca/photosvideos-1
Beverley McKiver
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