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Mixer un démo piano-voix est essentiellement une affaire de goût, mais il y a toutefois quelques aspects techniques à ne pas négliger. J’aimerais passer à travers certains de ces aspects afin d’aider les chanteurs qui s’aventurent eux-mêmes dans la production de leurs démos. Il serait dommage de gâcher une belle prise de son par ignorance de ces aspects techniques puisqu’ils peuvent faire toute la différence entre un rendu amateur ou professionnel.
Artistique et technique
Dans les articles précédents, nous avons vu que la prise de son d’un duo piano-voix consistait souvent en deux types de placements de microphones : des microphones généraux et des microphones d’appoint. Chaque microphone ayant sa propre piste indépendante, il s’agira au mixage de combiner ces microphones avec potentiellement un ajout de réverbération artificielle (pour homogénéiser le tout ou pour compenser un manque de réverbération naturelle lors de la prise de son). Le dosage de ces différents microphones ainsi que la quantité et le type de réverbération peuvent être considérés comme de l’ordre de l’artistique puisque c’est plutôt une question de goût. Par contre, certains éléments techniques doivent être réglés avant. Nous parlons donc ici de délai, de déphasage ainsi que du niveau sonore final du mix. La prochaine fois nous aborderons les filtres ainsi que la compression.
Retard entre microphones et déphasage
Lorsque plusieurs microphones sont utilisés, il faut prendre en compte la différence de distance entre chaque microphone et la source de son. Dans l’exemple illustré ci-dessous, la paire de microphones générale (A) est à une distance de 30 pieds du chanteur tandis que le microphone d’appoint (B) est à 2 pieds du chanteur. La voix du chanteur arrive plus rapidement au microphone B qu’au microphone A. À une vitesse de 1125 pieds par seconde (à 68 °F), la voix du chanteur prend presque 2 ms (2/1125 = 0,0017 seconde) pour arriver au microphone B et 27 ms (30/1125 = 0,027 seconde) pour arriver au microphone A.
Lorsqu’on regarde l’enregistrement dans l’exemple illustré ci-contre, nous pouvons constater un retard de 25ms (27 ms – 2 ms) entre ces deux microphones. Les formes d’ondes sont dites « hors phase ».
Il est donc nécessaire de réaligner les formes d’ondes au mixage pour les remettre « en phase » comme dans l’exemple illustré ci-dessous.
Il est important d’aligner la phase des différents microphones avant d’embarquer dans des considérations esthétiques comme l’équilibre de fréquence et la couleur de l’enregistrement. Si les pistes ne sont pas réalignées afin de restituer une cohérence de phase, il n’y aura pas nécessairement d’écho audible comme le porte à croire la première des deux illustrations. Lorsque les pistes sont décalées de plus de 40 ms, il est possible d’entendre un écho assez flagrant entre les deux pistes. Il est alors évidemment nécessaire de réaligner les pistes. À titre d’illustration, les microphones ont dû être espacés de plus de 45 pieds afin d’obtenir un tel décalage.
Lorsque le décalage entre deux pistes est de l’ordre de quelques millisecondes (moins de 40 ms), on observe plutôt une dénaturation de la texture de l’enregistrement. Les termes utilisés pour décrire cet enregistrement hors phase sont assez explicites : « creux », « mince », « sans profondeur », « peu fidèle à l’original », ce qui se traduit assez facilement par un mix « de piètre qualité ». Dans n’importe quel enregistrement multipiste, réaligner la phase des microphones est la façon de restituer toute sa fidélité à une source de son. C’est parce que le déphasage touche à la texture ou couleur du son qu’il est important de réaligner les pistes avant d’appliquer toute modification timbrale de type égalisation.
Des plugiciels appelés « phase-scope » existent dans les logiciels de mixage. Ils permettent de visualiser la relation de phase entre les différents microphones utilisés. Plus le nombre de microphones utilisé est élevé, plus il devient difficile d’assurer une cohérence de phase en regardant uniquement les formes d’ondes, d’où l’intérêt d’utiliser ces « phase-scopes ».
Niveaux sonores du mix
Lors d’un enregistrement destiné à un concours, il est préférable de mettre toutes les chances de son côté en s’assurant que le mix est le plus fort possible afin d’être comparable en niveau sonore à un mix professionnel. Il est donc important de surveiller le niveau sonore du mix. Le niveau sonore d’une pièce musicale a une influence non négligeable sur l’auditeur : un morceau de musique d’un niveau plus élevé est généralement perçu comme « meilleur » qu’un autre d’un niveau sonore moins élevé. C’est un effet psychoacoustique. Le niveau sonore agit sur notre cerveau comme le sel sur nos papilles gustatives : un plat salé sera généralement perçu comme ayant meilleur goût que le même plat avec moins de sel. Cela se traduit par un mix dont les crêtes (les parties du morceau dont les niveaux sont les plus élevés) avoisinent le niveau maximal (noté 0dBFS dans les logiciels) sans jamais le dépasser. Dans la plupart des logiciels, il est assez simple de voir si le niveau maximal est dépassé : une indication en rouge apparaît sur votre piste. Lorsque vous voulez vraiment vous assurer d’avoir maximisé le niveau de votre mix, des plugiciels d’indicateur de niveau sont recommandés. Les plus sophistiqués, appelés indicateur de loudness (traduit par « sonie » en français), offrent une foule de renseignements sur le niveau sonore de votre mix. Par exemple, ce type de plugiciel vous indiquera précisément de combien vous pouvez augmenter le niveau sonore de votre mix sans dépasser le niveau maximal permis par le logiciel.
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