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Pour Jenny Belzberg, soutenir les arts, c’est avant tout soutenir la communauté. L’engagement de cette philanthrope de Calgary auprès des artistes et des organisations artistiques, en tant que membre de conseils d’administration et généreuse donatrice, lui a permis de rencontrer des personnes et de vivre des expériences qui, dit-elle, enrichissent sa vie. À 96 ans, elle est toujours aussi enthousiaste à l’idée de promouvoir l’esprit créatif.
Depuis qu’elle a reçu un prestigieux Prix du Gouverneur général au début de l’année – le prix Ramon John Hnatyshyn pour le bénévolat dans les arts de la scène –, Belzberg a été inondée de demandes d’entrevues. Lors de notre entretien (le deuxième de la journée), elle a déclaré gracieusement : « J’apprécie l’attention qui m’est portée, mais c’est un peu comme si je n’étais pas là : j’aime l’attention, mais c’est un peu écrasant ».
Plutôt que de parler d’elle-même, Belzberg préfère être discrète dans l’auditorium pendant les représentations qui, dit-elle, « rendent la vie plus excitante ». Elle excelle à se fondre dans l’assistance, comme elle se plaît à dire.
Sa passion pour la musique – son premier amour – a été éveillée dans son enfance par sa mère, une immigrante russe qui chantait des chansons folkloriques russes tout en repassant. « Ma mère racontait que, durant les fêtes de mai, elle et ses amies s’habillaient en blanc et écoutaient les musiciens célèbres qu’on pouvait entendre à travers les fenêtres ouvertes des salles de concert moscovites ». Belzberg ajoute qu’en dépit des violences qui ont marqué la prise de contrôle du pays par le communisme, « ma mère ne nous racontait rien de terrible ».
Dans son enfance, sa mère achetait des billets pour des concerts de musique classique au Grand Theatre de Calgary et comme « papa n’était pas toujours très enthousiaste, elle m’y emmenait ». C’est ainsi qu’au début des années 1940, Belzberg a pu entendre le pianiste virtuose Arthur Rubinstein jouer.
« J’ai eu une enfance baignée de culture, explique Belzberg. Nous étions pauvres, mais je ne l’ai jamais ressenti, parce que ma vie familiale était très riche et que mes parents étaient attentionnés. Il y avait des cours de musique (j’aimais la musique, mais j’avais la flemme de pratiquer) et la famille partait en voiture pour des pique-niques d’une journée entière dans les montagnes, près du site actuel du Banff Centre for Arts and Creativity. Belzberg se souvient d’avoir vu des artistes, issus des premiers programmes d’arts visuels du Banff Centre, assis à l’extérieur, en train de peindre le paysage impressionnant. Alors qu’elle et ses deux jeunes sœurs couraient, elles regardaient par-dessus l’épaule des artistes qui badigeonnaient le visage des enfants.
À l’âge adulte, Belzberg s’est souvent rendue dans les montagnes, avec pour destination le Banff Centre. Dans les années 1970, elle a assisté à des spectacles de théâtre musical avec son défunt mari, Hyman Belzberg. Leur mariage, en 1948, a été pratiquement « arrangé » par les deux côtés des parents, mais il s’est transformé en un partenariat plein d’amour et de soutien. Le succès de Hy dans les affaires – de son premier magasin de meubles à ses partenariats immobiliers ultérieurs – a fait de lui un bon pourvoyeur et a permis à Jenny de se consacrer à des activités bénévoles. « Mon mari était un bourreau de travail, dit-elle, mais il ne voyait pas d’inconvénient à ce que je m’implique autant. Il m’a encouragée. Lorsque je me sentais frustrée après une réunion du conseil d’administration et que je lui disais que j’allais démissionner, il me répondait : “Non, tu vas rester et te battre”. »
Jenny a commencé à faire du bénévolat à sa synagogue, où elle aidait à la rédaction du bulletin hebdomadaire, et auprès d’organismes de services sociaux. « J’aime travailler avec les gens », dit-elle. Le sentiment d’appartenir à une communauté, de nouer des amitiés avec des personnes partageant les mêmes idées, l’a soutenue alors qu’elle développait les compétences nécessaires pour rejoindre puis diriger des conseils d’administration bénévoles. En tant que membre du conseil d’administration de l’Orchestre philharmonique de Calgary, l’un des moments forts pour elle et son mari « très sociable » a été d’accueillir des artistes chez eux pour des dîners d’après spectacle. Plus tard, en tant que membre du conseil d’administration du Centre national des Arts d’Ottawa, elle a eu la chance d’acquérir une large compréhension des arts du spectacle au Canada.
Son engagement envers le Banff Centre, dont elle a été membre du conseil d’administration de 1985 à 1991, est souligné dans la citation du Prix du Gouverneur général. Récemment, le soutien financier de Belzberg et de sa famille (elle a trois enfants) a été déterminant pour la rénovation du théâtre Eric Harvie du Banff Centre, qui a coûté plus de 7 millions de dollars. Lors de sa réouverture en 2020, le théâtre a été rebaptisé en son honneur.
Belzberg, qui est restée impliquée dans les travaux de rénovation, voulait s’assurer que l’humble spectateur ne soit pas oublié. Le théâtre Jenny Belzberg est un espace intime et accueillant, avec moins, et non pas plus, de sièges (de 930 à 638). Comme elle l’explique, de son point de vue de spectatrice assidue, « nous voulons que vous profitiez du spectacle, ce qui signifie que vous ne devez pas être mal à l’aise dans votre siège, avec les genoux qui se heurtent à la chaise d’en face ».
Aujourd’hui, Belzberg continue d’aller aux concerts de l’Orchestre philharmonique de Calgary. Elle a fait part de son intention d’assister à un spectacle au Grand Theatre avec Georgy Tchaidze, un ancien lauréat du concours international de piano Honens qu’elle a contribué à fonder. Elle passe souvent au Banff Centre, y restant tout le week-end pendant le concours international de quatuor à cordes et, les années où il n’y a pas de concours, pendant le festival. Il y a toujours beaucoup de choses qui se passent – un écrivain qui parle de son livre ou un artiste qui donne une représentation spéciale.
« J’adore faire partie de tout cela, déclare t-elle. De plus, le fait d’être dans les montagnes procure un sentiment très spécial. »
Traduction : Andréanne Venne
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