Du 2 au 4 septembre avait lieu la 33e édition du Carrefour mondial de l’accordéon à Montmagny. C’est en effet de par le vaste monde que des accordéonistes se réunissaient dans cette ville du Bas-Saint-Laurent d’un peu plus de 10 000 habitants. Des artistes venus des quatre coins de l’Europe se joignaient aux artistes d’ici pour offrir un pan de leur culture et de leur tradition musicale. À la virtuosité de Vladimir Sidorov et de Nikodem Sobek, dans le répertoire classique, se juxtaposaient les rythmes obsédants de Riccardo Tesi et le timbre envoûtant des instruments d’époque de Benjamin Macke et de Birgit Bornauw. Évidemment, à ce festival, la musique traditionnelle québécoise était aussi très bien représentée
À notre arrivée, samedi après-midi, autour du Musée de l’accordéon de Montmagny, Mario Veillette et Martine Billette jouaient des classiques du Québec arrangés à l’accordéon devant un parterre d’habitués. Le programme incluait préalablement des prestations de Timi Turmel et Marie-Jeanne Brousseau, toujours dans de la musique trad québécoise, mais aussi Sylvie Pullès et Georges Charbonnel dans un répertoire folklorique auvergnais (France) et Serge Duchesne dans un répertoire de variétés. Séquence « nostalgie » pour des spectateurs dont on sentait bien qu’ils ont déjà dansé maintes et maintes fois sur ces airs-là dans leur prime jeunesse.
Nikodem Sobek, qui a été le premier à se lancer, est revenu le lendemain sur la scène extérieure Place Montel, de l’autre bord de la Rivière du Sud. Le jeune accordéoniste a démontré beaucoup de virtuosité et une belle technique sur un instrument ample comme un bayan. Son répertoire était tout sauf banal : un mélange de classique, contemporain et de jazz.
Un détour par la rue Saint-Jean-Baptiste nous a plongé dans une vraie ambiance de festival, à la rencontre de musiciens passionnés et d’artisans amoureux de leur travail. Et à la découverte des nombreuses micro-brasseries de la région, dont la locale Côte-du-Sud! En soirée, rendez-vous était pris au nouvel Espace citoyen, 48 avenue du Bassin Nord. Pour ce « Trad des grands soirs », le Carrefour mondial avait invité une pléiade d’accordéonistes à se produire dans une salle communautaire. Les qualités musicales et techniques des artistes nous parvenaient grâce à l’amplification des instruments. Ceux qui se sont le plus illustrés sont le virtuose Matthieu Baillargeon du groupe Déferlance, à l’énergie contagieuse, et Timi Turmel en compagnie de Marie-Jeanne Brousseau, eux aussi très à leur avantage dans les ornementations. Les compositions originales du duo rappelaient certaines chansons pop et seraient donc tout à fait accessibles à plus jeune auditoire. La soirée s’est prolongée après 22h avec les accordéonistes réputés Yves Lambert et Steve Normandin, également directeur artistique du Carrefour mondial de l’accordéon.
Notre coup de cœur : Accordéon passion, samedi soir, à la salle Edwin-Bélanger de l’école secondaire Louis-Jacques-Casault. Au programme, plusieurs prestations d’artistes à travers le monde, vraie vocation du festival : tout d’abord, celle du talentueux duo formé par Sabin Jacques et Rachel Aucoin. Le compositeur et accordéoniste Philippe Bruneau (1934-2011) était à l’honneur, comme lors d’autres concerts du festival, avec notamment un de ses arrangements sur la chanson du Canadien errant. Un accueil chaleureux a ensuite été réservé au Russe Vladimir Sidorov, joueur de bayan. Avec ses exécutions de La Badinerie de Bach, le Nocturne en do mineur de Chopin et le Vol du Bourdon de Rimski-Korsakov, il a montré sa grande dextérité, défiant même parfois les lois physiques de l’instrument, mais surtout son expressivité. C’est avec la même émotion qu’il a interprété L’hymne au printemps de Félix Leclerc dans un arrangement de son propre cru. Est venu ensuite le tour de Riccardo Tesi dans un tout autre registre. L’accordéoniste italien donnait à ses compositions une impulsion beaucoup plus rythmique, s’inspirant notamment de la musique pop et du tango. Certaines pièces auraient pu très bien servir de musiques d’accompagnement à des jeux vidéo d’aventure ou à une grande fresque épique. Le dernier morceau, semblable aux autres, évoquait plutôt le rythme percussif d’un didjeridoo australien. Enfin, le duo Benjamin Macke-Birgit Bornauw conclua la soirée par de la musique ancienne. Lui, à l’accordéon et à la basse au pied ; elle, à la cornemuse à la musette de cour. Un voyage émouvant sur les traces d’instruments aujourd’hui oubliés, mais dont le charme opère toujours.
À noter aussi que le festival se poursuivait dans les restaurants avec notamment l’accordéoniste Benoit Rochon, présent au resto-bar La Fontaine.
Pour toute information complémentaire sur les artistes et la programmation, visitez le https://accordeonmontmagny.com