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Marc Djokic est un violoniste en plein essor. Gagnant du prix Goyer 2017-2018, attribué par l’organisme Mécénat Musica, lauréat du prix Opus du Conseil québécois de la musique et de la banque d’instruments du Conseil des arts du Canada, il a connu une année riche en tournées et en nouveaux projets. L’été dernier, il a entamé sa première tournée européenne avec des récitals solos, des concerts de musique de chambre et des cours de maître à Venise, Genève et Berne. Marc Djokic a aussi récemment été nommé premier violon solo de l’Orchestre de chambre McGill. Cet automne, son premier disque est paru sous l’étiquette ATMA Classique, intitulé Solo Seven. C’est dans les locaux de l’Association récréative Milton-Parc, au centre-ville de Montréal, que Marc Djokic nous a donné rendez-vous. Sa femme Avery Zhao, artiste visuelle, y organisait un vernissage de ses œuvres.
Un album à la fois sombre et intime
« Pour mes débuts sur disque, je suis fier de présenter un choix de pièces pour violon seul écrites par de grands compositeurs canadiens, explique le violoniste. La plupart de ces œuvres sont le fruit de ma collaboration étroite avec eux. Certains sont même de bons amis ou des personnes que je rencontre sur une base régulière. » Sur cet enregistrement, Marc Djokic nous gratifie des sonorités exceptionnelles d’un violon fabriqué en 1740 par Pietro Guarneri, un maître vénitien. « J’ai un attachement particulier pour ce violon. Mon père a joué sur ce même instrument et j’ai été bercé par ses sonorités. Je suis content que l’album ait pu capter ces subtilités. C’est fascinant d’entendre à quel point l’instrument sonne différemment, qu’il soit joué par mon père ou par moi. » Marc Djokic interprète des extraits de la Sonate pour violon solo et Digital FX de Richard Mascall et d’une œuvre intitulée Noncerto RR3 de Matthias Maute ainsi que deux des Cinq danses pour violon seul d’Ana Sokolović . En plus de ceux-là, plusieurs autres compositeurs canadiens sont mis à l’honneur : Vincent Ho, Kevin Lau, Murray Adaskin et Christos Hatzis.
Fruit de recherches continuelles dans le nouveau répertoire canadien pour violon, ce projet est à la fois audacieux et ambitieux pour ce musicien accompli. Djokic a voulu prendre tout le temps nécessaire à la réalisation. « C’est un album assez sombre, avec un certain nombre de pièces enregistrées en tonalité mineure. Il faut dire aussi que nous avons enregistré, avec Johanne Goyette [présidente d’ATMA Classique], dans une église en plein milieu de l’hiver dernier. Tout nous portait vers ce caractère sombre. L’esthétique de la pochette a été faite en ce sens : les photos ont été prises dans un abri antiatomique ! »
Une histoire de famille
Rien n’est dû au hasard pour Marc. Il y a le travail acharné, bien sûr, comme sur ce premier opus, mais aussi le contexte très favorable dans lequel il a grandi et qui explique sa maturité artistique.
Marc Djokic a étudié d’abord et avant tout auprès de son père Philippe Djokic, violoniste français, élève du maître Ivan Galamian et professeur à l’Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse. Sa mère, Lynn Stodola, est une pianiste américaine. C’est ainsi que Marc et sa sœur Denise, violoncelliste, ont hérité du talent musical de leurs parents. Et la famille de musiciens est plus large encore ! Sa tante Michelle Djokic, ses oncles Pierre et Alexandre Djokic sont tous musiciens, ainsi que son beau-frère Nelson Lee.
En plus d’avoir bien été entouré musicalement durant son enfance, Marc a été un violoniste précoce. Il a fait ses débuts avec l’orchestre à l’âge de quatorze ans seulement. « C’était avec un orchestre d’Halifax. Une expérience mémorable, car j’ai pu montrer à mes amis d’école ce que je pouvais accomplir. Si je me rappelle bien, j’ai joué le Concerto pour violon no 1 de Paganini. Rétrospectivement, ç’a été un événement important dans ma vie d’artiste. » Lauréat du prix du Gouverneur général du millénaire à l’âge de vingt ans, il a fait également une apparition à la télévision, dans un documentaire de la chaîne Bravo, à l’âge de vingt-trois ans.
Études aux États-Unis
Originaire d’Halifax, où ses parents se sont installés dans les années 1970, Marc Djokic s’est envolé pour les États-Unis afin de parfaire sa formation musicale. Un choix tout naturel pour lui, ayant la citoyenneté américaine par sa mère. Par contre, l’âge auquel il quitte le foyer familial étonne. « J’avais seize ans seulement. J’ai eu la chance que mes parents m’encouragent dans cette voie. Partir pour mieux se former au métier de musicien. »
Les années passées à Cleveland ont, en effet, été très formatrices. « J’ai adoré vivre dans cette ville aussi portée vers la musique. J’allais souvent aux concerts avec mes amis. À l’époque, j’écoutais volontiers de la musique métal. Dans ce genre musical, Cleveland est une ville incontournable. J’en écoute encore aujourd’hui ! »
Marc n’a pas de frontières, tant au sens propre qu’au figuré. Il a étudié auprès de David Russell dans le cadre du programme de jeunes artistes du Cleveland Institute of Music; il est parti ensuite au New England Conservatory de Boston, où il a étudié avec Donald Weilerstein, et à la Jacobs School of Music de l’Université de l’Indiana, sous l’aile de Jaime Laredo.
Marc Djokic souhaite maintenant enseigner à son tour ce qu’il a appris, ce qui lui donnerait l’occasion de partager à la fois sa passion pour le violon et ses techniques de jeu. Il donne des cours de maître dans les universités et les festivals de musique d’été, notamment à l’Université de Toronto, à l’Université Concordia et au Scotia Festival of Music (Halifax). Il confie : « Quand je donne des cours de maître ou quand j’enseigne, je repense à mon père et à la manière dont il m’a enseigné. Mon père avait un don pour bien expliquer, en peu de mots, et pour démontrer parfaitement ce qu’il voulait dire en jouant. Il a été un modèle à suivre… et il l’est encore ! »
Artiste engagé
En plus de son engagement envers les musiciens en devenir, Djokic s’implique activement dans les scènes musicales montréalaise et canadienne. Il aime rejoindre de vastes auditoires par son répertoire éclectique, ses concerts aux concepts originaux et ses collaborations. La diffusion et la démocratisation de la musique canadienne sont importantes à ses yeux. Marc Djokic a notamment commandé plusieurs compositions avec l’appui du Conseil des arts du Canada, du Conseil des arts de l’Ontario et de Mécénat Musica.
De 2015 à 2017, ce même réseau de musique classique, Mécénat Musica noncerto, a produit plus de quarante-cinq vidéoclips mettant en vedette Marc Djokic et les ensembles pour lesquels il a joué. Ces vidéos ont été tournées dans des lieux emblématiques, répartis dans neuf provinces. Un projet pluriannuel qui a pour objectif de promouvoir la musique classique dans les nouveaux médias, au Canada et à l’étranger. Et un bonheur pour Marc qui a pu partager sa passion pour la musique. « Le monde a besoin de sentir qu’il y a quelque chose qui peut tous nous unir. C’est ce que la musique permet. Nous vivons malheureusement dans une société qui s’avère parfois très négative et même violente sur les réseaux sociaux. La musique porte un optimisme que nous ne devons jamais abandonner. À travers elle, nous célébrons aussi ce qui fait de nous des êtres humains. »
Un soliste et chambriste comblé
Ses réflexions sur la musique nourrissent son quotidien, dans sa carrière à la fois de soliste et de chambriste. Cet été encore, Marc était au Domaine Forget pour présenter un programme de musique de François Dompierre avec l’Orchestre de chambre McGill (OCM). C’est d’ailleurs au cours de cet été 2018 qu’il a été nommé nouveau violon solo du OCM. Il a pris officiellement place au premier rang de l’orchestre en septembre dernier. Marc est fier de faire maintenant partie de cette institution montréalaise fondée il y a plus de soixante-quinze ans. « L’orchestre a une programmation originale et diverse. La saison dernière, le violoniste traditionnel Ashley MacIsaac était invité. Un choix courageux et le concert fut un succès ! » Avec le OCM, Marc Djokic a vécu un autre grand moment, nous confie-t-il, lors du gala des prix Azrieli qui fut l’occasion de découvrir et d’interpréter les œuvres d’Avner Dorman et Kelly-Marie Murphy, les deux compositeurs récompensés.
Et en parallèle…
À titre de chambriste, le violoniste partage la scène avec des musiciens très différents. « Une grande partie du plaisir de jouer de la musique vient du plaisir de jouer avec d’autres », dit-il. Il est actuellement dans trois groupes distincts, chacun étant inusité à sa manière. Le Trio Tangere d’abord, alliage original entre un violon et deux guitares. Ensuite, le Bev & Marc duo, que Djokic forme avec la percussionniste Beverley Johnston et qui donne parfois un mélange étonnant violon-marimba. Enfin, le trio Air, Strings and Keys : un piano, un violon et un thérémine. Cet instrument électronique fascine Djokic. « C’est le seul instrument que l’on peut jouer sans y vraiment toucher. Le thérémine fonctionne par ondes radio et, étant électronique, il produit un son parfaitement continu, des notes pures et des lignes à la fois belles, longues et chantantes. En fait, c’est tout ce qu’un violoniste rêve d’accomplir ! » Chaque ensemble ajoute au plaisir de jouer de la musique : « Lorsqu’il joue du thérémine, Thorwald Jørgensen a le corps très statique. Seuls ses avant-bras bougent et cela donne un esprit très méditatif à notre interprétation. Avec le trio Tangere, je cherche plutôt à produire des harmoniques du violon qui seront en phase avec la sonorité des deux guitares. Et avec Beverly aux percussions, c’est une tout autre énergie ! »
Projets à venir
Marc est actuellement artiste en résidence au centre musical CAMMAC, dans les Laurentides – un rôle qui s’échelonne sur les saisons 2017-2018 et 2018-2019. Au cours de cette nouvelle saison, Marc Djokic pourra ainsi approfondir son engagement envers la communauté de jeunes musiciens. Au programme : enseignement, concerts, recherche de nouveaux répertoires, que ce soit pour violon solo ou groupes de musique de chambre. « En tant qu’artiste en résidence, je suis amené à bâtir des projets intéressants sur le plan humain. J’ai commandé une œuvre à la compositrice Jocelyn Morlock. La première aura lieu l’été prochain. En parallèle, j’organise un concours, ou plutôt un appel à tous les compositeurs pour qu’ils présentent leurs œuvres, anciennes ou nouvelles. Certaines seront sélectionnées et jouées pour la première fois au CAMMAC. » Comme avec son premier album, Marc Djokic souhaite faire la promotion de la musique canadienne et permettre sa diffusion à plus grande échelle. « Le bonheur de se retrouver dans ce camp d’été, c’est aussi de pouvoir côtoyer des musiciens de tous niveaux et de tous horizons, très enthousiastes à l’idée de jouer ensemble. »
Marc Djokic jouera avec le Trio Tangere, le 24 février prochain, dans le cadre de la 30e saison du Cecilia Concert (Halifax). En mai, il retourne au Scotia Festival of Music (Halifax) pour un concert avec la famille Djokic. Il fera partie de l’édition 2019 du Festival Classica, à Saint-Lambert, au mois de juin.
www.marcdjokic.comLa saison 2018-2019 de l’Orchestre de chambre McGill se poursuit le 19 janvier 2019 (Tchaïkovsky & Tétreault), le 9 février (Da Costa à l’opéra) et le 14 février (Chocolat & Chants d’Amours). 20% de réduction avec le code promo (le rabais ne s’applique pas au souper-concert du 14 fév) : LaScena20. www.orchestre.ca
Sa femme Avery Zhao, quant à elle, est une artiste accomplie également, fondatrice de Art Crush, ensemble multidisciplinaire de musiciens, de danseurs et d’artistes visuels, que vous pouvez suivre à l’adresse suivante:
www.artcrushshow.com
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