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Le 6 juin dernier, devant public, le baryton norvégien Johannes Weisser, accompagné au piano par Christian Ihle Hadland, offrait un récital à Troldhaugen; c’est le nom donné à la maison où vécut le compositeur Edvard Grieg, qui est aussi une fierté nationale en Norvège. Et quoi de mieux, pour honorer l’ancien maître des lieux, que de proposer un programme de mélodies de son cru, certaines en norvégien, d’autres en allemand.
Nous avons pu assister à ce récital en webdiffusion, le 7 juin, et admirer le cadre idyllique de cette maison patrimoniale au bord de la baie de Nordåsvannet, près de Bergen. Le reste du programme était composé des 5 Rückert Lieder de Gustav Mahler ainsi que de l’intégralité du cycle Dichterliebe de Robert Schumann.
Johannes Weisser possède une voix élégante. Sensible aux différentes nuances et subtilités de chaque pièce, il est un interprète expressif avec une très bonne justesse et une très bonne intelligence musicale. Toutefois, l’expressivité et le sens dramatique d’un chanteur d’opéra ou de mélodies se font parfois aux dépens d’une bonne technique vocale. C’est toute la question de savoir si l’art du chant classique doit primer sur l’interprétation ou l’inverse. Idéalement, bien sûr, il devrait y avoir un bon équilibre entre les deux. Malheureusement dans le cas de Weisser, la maîtrise technique était loin d’être constante. Certes, les premières mélodies de Grieg au programme ne montaient pas si haut dans l’aigu et la voix du baryton révélait alors toutes ses belles qualités, en particulier dans « Dereinst, Gedanke mein », op. 48.
Dès que le registre des morceaux s’est élevé, les ennuis ont commencé. Une voix de baryton devrait pourtant s’épanouir dans les hauteurs, mais celle de Weisser avait tendance à se crisper. Elle libérait aussi trop de souffle et pas assez de sonorités éclatantes capables de traverser n’importe quel auditorium. Le troisième morceau des Rückert Lieder de Mahler, « Um Mitternacht », a notamment mis la voix du chanteur sous tension. Le morceau suivant, plus doux, a été comme un bol d’air, un retour au calme. Cela dit, malgré ses qualités d’interprétation, Weisser n’a pas fait preuve d’une bonne diction en allemand. Or, le fait que la voix puisse passer aisément du forte au piano n’est que peu de choses si les paroles ne suivent pas.
Le Dichterliebe de Schumann a renforcé à la fois les qualités et les écueils de l’interprète. Au fil des lieder, Weisser connu de bons comme de moins bons moments, laissant malheureusement trop de place à l’imprévu. Certains lieder, comme « Im Rhein » (no 6) et « Ich hab’ im Traum geweinet » (no 13), ont permis de mettre en valeur sa voix, sa sincérité et sa capacité à nous émouvoir et cela qu’on retient avant tout.
Côté piano, Christian Ihle Hadland a eu davantage de place pour s’exprimer dans les cycles de Mahler et de Schumann que dans les quelques mélodies de Grieg. Le dernier lied « Die alten bösen Lieder » (no 16) finit sur un long solo qui, en l’occurrence, nous a permis d’apprécier le touché et la fluidité du jeu de Hadland. En rappel, les deux interprètes ont joué le dernier lied de l’opus 27 de Richard Strauss, « Morgen! ».
Cette présentation du Festival international de Bergen est disponible jusqu’au 23 juin. www.fib.no/en/
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