Voir François Dompierre recevoir les applaudissements du public pour sa musique de film est devenue une chose rare. Et pour cause, l’auteur d’une soixante de partitions pour le petit et le grand écran n’a plus touché au cinéma depuis 2015. La seule et unique représentation de la version ciné-concert du film La Passion d’Augustine, qui s’est tenue le 27 novembre, avait donc tout d’un événement.
Instigateur de ce projet, GFN Productions a réuni sur la scène de la salle Wilfrid-Pelletier un large effectif orchestral, sous la direction de Francis Choinière, afin de jouer en direct la musique de ce film réalisé par Léa Pool et en synchronie avec les images projetées sur grand écran. Les instrumentistes étaient joints par un plus modeste groupe de sopranos et altos qui interprétait les numéros avec chœur. Logique pour un film qui se déroule au Québec dans un couvent de bonnes sœurs à une époque où celles-ci ont encore la responsabilité de l’éducation des jeunes filles.
Mais ce film, c’est avant tout une histoire de pianistes. À la fois en images et en musique. Ce n’est donc pas une surprise si la jeune interprète Meagan Milatz placée devant l’orchestre a volé un peu la vedette ce soir-là. Dans ce genre d’exercice, elle devait jouer des extraits assez brefs du répertoire classique tel qu’entendu dans le film et ce, à la mesure près, tout se synchronisant au tempo de l’actrice Lysandre Ménard qui joue réellement du piano à l’écran. Exercice périlleux, vous l’aurez compris, mais relevé brillamment par la pianiste qui a d’ailleurs reçu un accueil chaleureux du public au terme de sa prestation.
L’Orchestre FILMharmonique s’est également bien illustré par un son homogène et unifié émanant de chaque section d’instruments à cordes. En apparence moins nombreux, le chœur de femmes avait plus de difficulté à se faire entendre. Le fait qu’il soit amplifié sur haut-parleurs a certainement remédié à cela, mais les techniciens du son en régie ont plus d’une fois tardé à allumer les micros avant chaque intervention.
Rien de dommageable, évidemment. Le plus gros désagrément est venu d’un problème technique dans le système informatique de la salle, nous a confié la responsable des communications Claudette Dionne durant l’entracte, de sorte qu’un bruit sec et percutant heurtait nos oreilles au moins deux fois par minute. Cela dit, à la longue, le public s’y est habitué et a fini par s’immerger dans ce film qui nous a réservé des moments de grande émotion.
On se rappellera longtemps de la scène au ralenti où les sœurs sont contraintes d’enlever leur habit, la douleur frappant leur visage, tandis que résonne la lamentation de Didon, extrait de Didon et Énée de Purcell. C’est à François Dompierre que revient le mérite d’avoir choisi cette musique pleine de sens et qui colle parfaitement aux images. Doit-on rappeler qu’à ce moment-là dans l’opéra, le personnage chante “Remember me, but forget my fate” … tout un symbole pour ces sœurs vouées à disparaître.
Pour La passion d’Augustine, le compositeur doit être salué autant sinon plus pour sa sélection de musiques de répertoire qui donnent au film une remarquable tonalité (que dire de l’étude “Tristesse” de Chopin pour raconter les derniers instants du film!) que pour ses créations originales. Du reste, celles-ci sont écrites dans un style qui se confond avec celui de la plupart des compositeurs auxquels Dompierre donnent voix au chapitre, de Vivaldi à Debussy en passant par des sonates de Bach, Mozart et Beethoven. Mention spéciale à la pièce pour chœur “Toutes avec Schubert, ce cher Schubert” qui nous accorde un moment de gaîté et nous reste dans l’oreille.
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