Critique | Orchestre métropolitain: des couleurs latines en demi-teinte

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Pour sa série de concerts intitulée Envolées latines, l’Orchestre métropolitain a confié la direction musicale à une femme – qui plus est colombienne – en la personne de Lina González-Granados. Saluée par le Los Angeles Times pour sa « puissance à l’état pur », la cheffe d’orchestre s’est présentée, le 4 novembre, dans une Maison symphonique presque comble. C’est la deuxième fois depuis le début de la saison – troisième fois si l’on compte le concert gala des Prix Azrieli de musique 2022 – que l’OM faisait entendre un répertoire folklorique ou des musiques du monde.

La première œuvre au programme était celle de Gabriela Lena Franck intitulée Elegia andina. Une œuvre au sens dramatique élevé, captivante par ses rythmes irréguliers, et bien interprétée par l’OM, notamment par la section des flûtes qui imitaient de toute évidence des motifs joués à la flûte de pan.

Venait ensuite le célèbre Concierto de Aranjuez de Rodrigo. Célèbre surtout pour le fait qu’il est un des rares concertos pour guitare et orchestre. Musicalement, on reste un peu sur notre faim. La mélodie extraite du deuxième mouvement, reconnaissable entre toutes, s’étire inutilement et finit par perdre de sa saveur. Dans cette œuvre, le soliste de la soirée, MILOŠ, n’est pas apparu en grande forme. Malgré une légère amplification, le volume de sa guitare ne parvenait pas rivaliser avec celui de l’orchestre. De plus, l’interprète a semblé sauter quelques notes de la partition pour passer au travers des passages de virtuosité. Dans le registre pianissimo, les musiciens à cordes de l’OM n’ont pas été tout à fait précis sur leurs propres lignes et Lina González-Granados a eu ainsi plus de difficulté à tenir le tout en un bloc uni.

Au retour de l’entracte, l’orchestre a interprété Toni alossaan d’Alejandra Odgers. « Avec cette œuvre, j’ai voulu rendre un petit hommage à tous ceux qui ont contribué à perpétuer des chants, des traditions et des légendes à travers le temps, » pouvait-on lire dans les notes de programme en ligne. L’idée était certes très louable, mais on se serait attendu à une orchestration plus étoffée, plus représentative des couleurs musicales de cette tradition. Or, sur plusieurs mesures, la compositrice ne faisait que prolonger les mêmes accords, à grand renfort de cuivres. Résultat, la musique paraissait trop souvent faire du surplace.

Il a fallu attendre les deux dernières pièces au programme, Le Tricorne de Manuel de Falla et Danzón no 2 d’Arturo Márquez, pour retrouver l’entrain et le dynamisme du début de concert. Les percussions et les cuivres, tout comme les cordes, ont regagné leur vigueur, leurs attaques millimétrées, pour offrir au public une véritable ambiance de fête. Mention spéciale aux différents solos de l’OM, notamment au clarinettiste Simon Aldrich. La fête s’est poursuivie avec un extrait de Danzón no 2 en guise de rappel.

Dernière représentation le 6 novembre, à 15h, à la salle Marguerite-Bourgeoys.

https://orchestremetropolitain.com

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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