Critique de disque | Robert Uchida & Philip Chiu, I Can Finally Feel the Sun

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I Can Finally Feel the Sun

Robert Uchida, violon, Philip Chiu, piano

ATMA Classique, 2025

Sur son dernier album paru chez ATMA, Robert Uchida nous invite à un voyage musical dans l’espace et dans le temps, de Telemann à des compositeurs de musique contemporaine en passant par Bach, Ysaÿe, Debussy et Stravinski. L’artiste évoque aussi l’histoire de l’instrument qui avait notamment appartenu à son mentor Andrew Dawes et dont il a hérité : le violon « Dawes, de Long Tearse » du luthier Guadagnini (1770). C’est ainsi que l’on retrouve, parmi les œuvres du grand répertoire, une pièce de Murray Adaskin spécialement composée pour M. Dawes. De plus, Robert Uchida et son partenaire Philip Chiu au piano ont pris soin de sélectionner des œuvres qui ont un lien plus ou moins éloigné, malgré l’époque ou l’origine qui parfois les séparent. 

L’album s’ouvre sur de la musique de Pulcinella dans un arrangement pour violon et piano qui met bien en évidence la démarche anachronique de Stravinski. D’inspiration baroque, cette Suite italienne passe d’une écriture flamboyante à une rondeur plus tempérée – plus sombre aussi – puis à une énergie débordante avant de retrouver un style brodé, digne des danses royales. Les deux derniers morceaux nous font avancer d’au moins un siècle en reprenant des codes de composition très romantiques.

L’œuvre effectue des écarts stylistiques qui, à eux seuls, illustrent l’éclectisme des musiciens. De Stravinski, on passe directement à Jean-Papineau-Couture, lui-même inspiré par l’approche fauviste du compositeur dans le Sacre du printemps.

L’exécution des 12 Fantaisies pour violon seul de Telemann démontre – de manière plus évidente encore que précédemment – la relative fébrilité de M. Uchida dans le registre baroque. On s’étonne que ces morceaux ne soient pas joués avec la même ferveur que les œuvres contemporaines. La Partita no 3 de Bach est certes très allante, mais le rendu des notes manque de finesse et la régularité du rythme n’est pas irréprochable. De là toute la difficulté d’offrir un répertoire d’œuvres aussi vaste qui met en valeur la diversité des expertises. 

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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