Critique de concert | Festival MNM: Les Illuminations avec l’OCM

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Pour son concert de clôture, le Festival MNM de la Société de musique contemporaine du Québec avait fait appel à un orchestre de renom qui, lui aussi, a élu domicile depuis plusieurs années à la salle Pierre-Mercure. Sous la direction exceptionnelle d’Adam Johnson, en remplacement d’Alain Trudel, les musiciens de l’Orchestre classique de Montréal ont fait vivre au public l’un des grands moments du festival. Et pas seulement parce que c’était le dernier de la programmation!

Déjà habitué à présenter des créations de compositeurs canadiens, l’OCM ouvrait le concert par une pièce du Montréalais Brian Cherney, Illuminations (1987), suivie des célèbres Illuminations (1940) de Benjamin Britten. Avec à peine 14 musiciens sur scène, l’orchestre de chambre est parvenu à créer une ambiance éthérée, mystique, comme s’il accompagnait un rêve éveillé. La musique de Cherney comportait aussi des textures plus denses, par moments très dissonantes, qui offrait une belle alternance aux passages plus épurés. À la fin de l’exécution, le compositeur de 80 ans est monté sur scène avec entrain pour recevoir les applaudissements chaleureux du public

Photo: Annette B. Woloshen

Les courtes interventions d’Adam Johnson entre chaque œuvre sont à saluer. Celles-ci préparaient bien le public à l’écoute et étaient d’autant plus remarquables que ce chef, ancien assistant de Kent Nagano à l’Orchestre symphonique de Montréal, n’avait eu que 5 jours pour se préparer lui-même avant le concert.

Pour le Britten, l’effectif a été réaménagé et renforcé notamment chez les violoncelles (de manière assez inhabituelle, dans la première pièce au programme, on trouvait seulement un violoncelliste de chaque côté de l’orchestre). À noter ici l’excellente prestation d’Etienne Lafrance à la contrebasse. Son sens du phrasé et sa précision dans les attaques ont contribué à la très bonne tenue de l’OCM.

La soprano Magali Simard-Galdès s’est brillamment illustrée dans les 9 mélodies que comporte le cycle de Britten. Ses notes tenues sans vibrato ont produit un très bel effet, suggérant la fragilité de l’âme humaine dans « Being Beauteous » (no 7).

Après la pause, l’OCM a interprété les Variations sur un thème de Frank Bridge du même compositeur, formidable exemple d’originalité et d’inventivité dans l’écriture musicale. Cette œuvre, qui s’est conclue par un son généreux de l’orchestre, a servi d’excellent point d’orgue au festival MNM 2023. En préambule, la directrice artistique de la SMCQ, Ana Sokolović, a pris soin de rappeler que cette édition avait réuni près de 400 musiciens en 17 concerts!

Les Illuminations. Concert de clôture du Festival MNM 2023. Dimanche 5 mars, à 15h, à la salle Pierre-Mercure du Centre Pierre-Péladeau. https://smcq.qc.ca/mnm/fr/2023

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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