Critique | Barbara Hannigan et la Symphonie fantastique : un public au diapason de l’OSM

0
Advertisement / Publicité

La semaine dernière, l’Orchestre symphonique de Montréal présentait une série de concerts mettant à l’honneur Barbara Hannigan et la Symphonie fantastique de Berlioz. En première partie de programme, la soprano néo-écossaise était en pleine lumière pour interpréter deux œuvres exigeantes de musique contemporaine.

Elle a ouvert le concert en apparaissant tout en haut de la salle au niveau de l’orgue Pierre-Béique, à l’endroit même où l’organiste joue d’habitude aux claviers. Elle a assuré à elle seule l’interprétation de Djamila Boupacha, pièce virtuose de Luigi Nono, en chantant de la première à la dernière note sans accompagnement. De toute évidence, il ne fallait pas avoir le vertige! En termes de registre aussi, Mme Hannigan planait sur les hauteurs avec un admirable enchaînement de coloratures. La deuxième pièce au programme, Valse triste de Sibelius, exécutée dans un même souffle, débutait sur la même note que la note finale du solo de la soprano. Un fait marquant du concert qui en dit long sur la maîtrise et l’oreille impeccable de Barbara Hannigan.

Lonely Child de Claude Vivier concluait cette première partie avec un langage musical des plus modernes. Cette fois, la soliste féminine se joignait à l’orchestre sur le devant de la scène. Le public a vécu un bon nombre de surprises, voire quelques frayeurs. Le retentissement fracassant des percussions a par exemple déclenché les sanglots d’un enfant en bas âge, ce qui, d’une certaine manière, servait assez bien l’histoire racontée en musique. « Beyond time, my child appears, the stars in the sky are shining for you, Tazio, and will love you forever and ever. » (au-delà du temps, mon enfant apparaît, les étoiles dans le ciel brillent pour toi, Tazio, et t’aiment éternellement).

Après l’entracte, l’OSM consacrait sa seconde partie de programme à La Symphonie fantastique, un autre drame mis en musique. Pendant plus d’une cinquantaine de minutes, le chef Rafael Payare n’a pas ménagé ses forces pour offrir un large spectre d’émotions et un moment certainement inoubliable pour les auditeurs, si l’on en juge par leur ferveur quand est venu le temps de saluer les musiciens. On retient bien évidemment la puissance évocatrice des deux derniers mouvements, notamment le Dies Irae extrait du Songe d’une nuit du Sabbat et le glas funèbre des cloches. Le jeune public, en particulier, ne s’est pas montré indifférent à cette interprétation, loin de là, comme en témoignent les quelques réactions qui ont fait de ce concert une expérience singulière.

À noter que l’OSM présentera un autre chef d’œuvre à grand déploiement, à l’approche du temps des fêtes : l’Oratorio de Noël de Bach, les 21 et 22 décembre, sous la direction de Leonardo García Alarcón. Pour plus d’infos, visitez le www.osm.ca

Partager:

A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

Laissez une réponse

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.