CMIM 2018: Critique de la seconde demi-finale « Aria »

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La seconde demi-finale du Concours de chant 2018 (CMIM) avait lieu mardi 5 juin. Elle devait déterminer qui des douze candidats allaient passer à la prochaine et dernière épreuve. Six chanteurs et chanteuses se sont présentés face au jury et au public, sur la scène de la Maison symphonique. Tout d’abord, le ténor Konstantin Lee, le ténor Petr Nekroranec, le baryton John Brancy; puis, en deuxième partie de programme. la mezzo-soprano Rihab Chaieb, le ténor Mario Bahg et la basse Mikhaïl Golovushkin.

Le niveau de cette demi-finale était globalement meilleur que dans la première demi-finale. On allait sans doute trouver, parmi les six, les 4 candidats qui accèderaient à la finale, aux côtés d’Emily D’Angelo et d’Andrew Haji. Konstantin Lee a été le premier à s’élancer. On retrouvait la brillance de ses aigus, mais on l’entendait difficilement dans ses registres médian et grave. Dans ces passages, sa voix manquait même de timbre. Et pourtant… le jury l’a choisi parmi les six finalistes. Un choix surprenant, qui montre que le registre aigu est capable de faire oublier certaines faiblesses.

Rihab Chaieb en a fait l’amère expérience. Elle a démontré une grande musicalité, sa voix donnait à entendre de belles couleurs dans les registres inférieurs, mais ses aigus manquaient de contrôle. Ce principal défaut a malheureusement pesé dans la décision finale des juges.

Comme la mezzo-soprano, Petr Nekroranec n’a pas été retenu. Sa prestation était pourtant irréprochable, son intelligence du chant était supérieure à celle de Konstantin Lee et sa voix projetait davantage. Il est aussi un artiste plus accompli. Malgré toutes ses qualités, il a semblé nerveux par moments, essayant de trop calculer ses efforts.

John Brancy a fait le nécessaire pour accéder à la finale. Il a bien chanté, ses aigus étaient solides, mais on ne le sentait pas complètement investi dans son interprétation. L’air « Look through the port » de Billy Budd (Britten) nous a paru long et peu inspirant pour une compétition comme celle-ci. Les deux autres candidats à avoir été sélectionnés sont le ténor Mario Bahg, excellent dans l’interprétation de tous ses airs, notamment dans « Je crois entendre encore » des Pêcheurs de perles de Bizet, et la basse Mikhail Golovushkin, majestueux dans l’air de Gremin, extrait d”Eugène Onéguine de Tchaïkovski.

À la fin de la soirée, le président du jury M. Mehta a annoncé les quatre finalistes issus de la seconde demi-finale. Tel que prédit, Mme. D’Angelo et M. Haji rejoindront leurs collègues en finale.

Prédictions:

Emily D’Angelo est la grande favorite pour le premier prix du concours. Sauf accident de parcours, elle remportera la plus haute distinction, suivie par le ténor Mario Bahg. Le troisième prix pourrait revenir à John Brancy, que l’on a hâte d’entendre dans l’air pour baryton « Per me giunto » de Verdi. Andrew Haji pourrait fort bien remporter le prix du public.

Ne ratez pas la grande finale, ce soir à la Maison symphonique à 19h30! Voici la liste des candidats par ordre d’apparition

Emily D’Angelo (Canada – Italie), mezzo-soprano
Andrew Haji (Canada), ténor
Konstantin Lee (Corée du Sud), ténor
John Brancy (États-Unis), baryton
Mario Bahg (Corée du Sud), ténor
Mikhail Golovushkin (Russie), basse

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A propos de l'auteur

Justin Bernard est détenteur d’un doctorat en musique de l’Université de Montréal. Ses recherches portent sur la vulgarisation musicale, notamment par le biais des nouveaux outils numériques, ainsi que sur la relation entre opéra et cinéma. En tant que membre de l’Observatoire interdisciplinaire de création et de recherche en musique (OICRM), il a réalisé une série de capsules vidéo éducatives pour l’Orchestre symphonique de Montréal. Justin Bernard est également l’auteur de notes de programme pour le compte de la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts de Montréal et du Festival de Lanaudière. Récemment, il a écrit les notices discographiques pour l'album "Paris Memories" du pianiste Alain Lefèvre (Warner Classics, 2023) et collaboré à la révision d'une édition critique sur l’œuvre du compositeur Camille Saint-Saëns (Bärenreiter, 2022). Ses autres contrats de recherche et de rédaction ont été signés avec des institutions de premier plan telles que l'Université de Montréal, l'Opéra de Montréal, le Domaine Forget et Orford Musique. Par ailleurs, il anime une émission d’opéra et une chronique musicale à Radio VM (91,3 FM).

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