Made for Opera
Nadine Sierra, soprano, Paolo Fanale, ténor, Veta Pilipenko, mezzo-soprano, Capella Cracoviensis, Orchestra Sinfonica Nazionale della RAI; Riccardo Frizza, chef.
Deutsche Grammophon, 2022
Nadine Sierra est l’une des sopranos les plus en demande en ce moment (hors contexte pandémique, évidemment). La chanteuse américaine nous revient avec un album regroupant trois grands compositeurs et des scènes entières d’opéra. Au programme, des extraits de La Traviata de Verdi, Lucia di Lammermoor de Donizetti et Roméo et Juliette de Gounod.
Le monde de l’opéra est plein de sopranos. Qu’est-ce qui fait la singularité de Nadine Sierra ? Certainement, son sens de l’expression dramatique et en particulier son sens du pathos lorsque la partition l’exige, le large spectre de ses nuances allant du forte au plus subtile pianissimo, son art du glissando (plus complexe qu’il n’y paraît), sa virtuosité explosive et ses notes suraiguës. Dans la cadence finale de Sempre libera, Nadine Sierra exécute une remarquable pirouette vocale jusqu’au contre-mi bémol. Plus tard dans une scène parlée de cette même Traviata, on reconnaît de parfaites intonations en italien.
Mais si l’on s’interroge d’emblée sur la signature vocale de Nadine Sierra, c’est qu’il n’y a rien d’évident qui la classe à part. Le fait de chanter un répertoire déjà entendu de la bouche des plus grandes sopranos de l’histoire est un pari risqué qui, dans ce cas-ci, ne s’avère pas gagnant sur toute la ligne.