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Centrediscs4
Burge/Walker —The Mata Hari Songbook
Patricia O’Callaghan, soprano; John Burge, piano
Centrediscs, 2024
The Mata Hari Songbook, avec la musique de John Burge et les paroles de Craig Walker, est né d’un spectacle en deux actes, One Last Night with Mata Hari, présenté à Kingston, en Ontario, en 2017. Le disque comprend dix chansons du spectacle accompagnées de pièces pour piano tirées de la Mata Hari Suite de Burge. Burge est au piano avec Patricia O’Callaghan, chanteuse torontoise multigenre, dans le rôle de Mata Hari.
Mata Hari, la veille de son exécution, raconte sa vie et son parcours : maîtresse d’un officier brutal, danseuse exotique et dominatrice à Paris, vamp vieillissante prise dans un scandale d’espionnage qui la dépasse largement. En fin de compte, elle devient la victime sacrificielle d’un stratagème officiel visant à dissimuler les manquements (ou pire) des services de renseignement militaire français. Il est clair que sa carrière s’est construite sur un orientalisme hautement sexualisé destiné à émoustiller les palais français plutôt que sur une idée précise de la vie en Orient. En plus de l’appropriation culturelle, il y a beaucoup plus de sadomasochisme que ce à quoi je m’attendais ! Dans l’ensemble, il s’agit d’un récit condensé, mais bien construit.
Musicalement, c’est plutôt riche. Le style, ancré davantage dans Broadway que dans les cabarets européens, est assez doux. On a l’impression que Brecht et Weill auraient abordé ce sujet avec beaucoup plus de mordant. Cela dit, la musique n’est pas insipide. Des clins d’œil à l’impressionnisme français, au romantisme allemand tardif et même à l’atonalisme maintiennent l’intérêt, tout comme les éléments parodiques de tambour et de bugle de la première chanson.
Burge est un pianiste très accompli et joue avec un flair considérable. Il est également un bon accompagnateur et laisse à O’Callaghan l’espace nécessaire pour exprimer toute une gamme d’émotions. Elle est vraiment très élégante et compétente dans ce style de récit musical. Le résultat est un théâtre musical intéressant et agréable d’une cinquantaine de minutes.
L’enregistrement jouit d’une acoustique claire avec un équilibre voix/piano naturel. Tout le texte est clairement audible. Il est offert sur disque ou en version numérique, mais il n’y a pas de livret. L’excellente diction d’O’Callaghan est donc un atout indéniable.
Traduction : Andréanne Venne
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