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Personne ne s’attendait à ce qui se passe en ce moment. Comme toutes les organisations, les écoles et les universités ont dû s’adapter. Des masques et du désinfectant pour les mains sont nécessaires dans tous les bâtiments. Des protocoles ont été élaborés en réponse à la pandémie, au prix de causer de nombreuses embûches.
« Nous avons dû passer par un processus assez important au sein de l’université pour les protocoles de sécurité, explique Patrick Carrabré, directeur de l’école de musique de l’Université de Colombie britannique. Beaucoup de temps a été consacré aux procédures de nettoyage : quel type de chiffons peut-on utiliser sur un piano, etc. »
La plupart des écoles et facultés de musique du pays proposent un modèle d’enseignement mixte : en présentiel ainsi qu’en ligne. Un mouvement général s’est fait en faveur de la mise en ligne de tous les cours de théorie et d’histoire de la musique et des séminaires. Les leçons individuelles en personne d’instrument et de voix sont les éléments de la formation musicale les plus difficiles à effectuer à distance.
L’utilisation des locaux pour les répétitions d’ensemble et la pratique individuelle a été un véritable casse-tête. En fait, l’option de faire les répétitions d’orchestre, d’ensemble, de chœur et d’opéra en personne dépend souvent de la taille des installations dont dispose l’institution.
Certaines écoles, comme celle de l’UCB, ont le privilège d’avoir accès à des bâtiments plus grands et peuvent donc gérer des répétitions d’ensemble en personne. Quant à l’Université de Montréal, la faculté de musique a agrandi la scène de la salle Claude-Champagne pour donner aux étudiants la possibilité de travailler en groupe.
« Nous avons essayé de réunir autant que possible l’orchestre et d’autres ensembles instrumentaux ou vocaux afin de maintenir une certaine vie pédagogique pour nos étudiants », explique la doyenne Nathalie Fernando.
D’autres écoles, comme la faculté de musique Don Wright de l’Université Western, proposent des cours d’ensemble selon un modèle mixte, en ligne et en personne, sans avoir de réunions de l’ensemble du groupe.
Bien que ce ne soit pas une politique qu’il souhaite nécessairement poursuivre après la pandémie, le département de musique de l’Université Concordia a décidé qu’au lieu d’annuler la saison, il adopterait l’idée de l’ensemble virtuel dans son programme d’enseignement.
« Les musiciens de partout dans le monde qui sont isolés font la même chose, ils ne peuvent pas jouer ensemble, alors ils jouent virtuellement, explique le doyen Mark Corwyn. Il y a beaucoup à apprendre de ce processus. » L’École de musique Schulich de l’Université McGill propose également des ensembles virtuels pour le moment, mais mettra en place des activités en personne pour les grands et petits ensembles à partir de janvier.
En ce qui concerne les classes et les salles de pratique, elles ne peuvent être utilisées que par un certain nombre de personnes pendant un temps limité. Dans certaines universités, selon l’efficacité des systèmes de circulation d’air, les étudiants et le personnel doivent attendre jusqu’à 45 minutes entre les activités, c’est-à-dire qu’un étudiant peut utiliser une salle de pratique pendant 45 minutes et doit la laisser libre pendant 45 minutes avant l’arrivée de l’étudiant suivant. Par ailleurs, afin de pouvoir organiser des cours individuels, les institutions doivent mettre en place une multitude de nouvelles installations telles que des feuilles de plexiglas pour les cours de cuivres et de chant.
Un aspect positif de l’enseignement à distance est que les établissements présentent des conférenciers invités du monde entier et repensent également la façon dont ils forment les étudiants. « En temps normal, nous avons un certain nombre de conférences et de cours de maître donnés par des invités étrangers, mais ce trimestre, nous avons pu élargir considérablement ce nombre et nous avons 90 invités internationaux rien que pour le semestre d’automne, déclare Brenda Ravenscroft, doyenne de l’École de musique Schulich de l’Université McGill. Parce que nous faisons une grande partie de l’enseignement à distance, nous avons réfléchi à l’apprentissage et à ce dont nous avons vraiment besoin pour que les étudiants apprennent et à la meilleure manière dont nous pouvons enseigner. » De plus, la situation actuelle oblige la plupart des institutions à diffuser les concerts sur le web, ce qui signifie que de nombreux concerts de professeurs et récitals d’étudiants sont désormais accessibles au grand public en ligne.
Même si la vie universitaire est limitée à ce qui peut être fait en temps de pandémie, les institutions font de leur mieux pour permettre aux étudiants en musique de continuer leur formation.
« Les élèves veulent être entendus en train de jouer de la musique et ils travaillent dur pour rester en sécurité et en bonne santé, déclare Betty Anne Younker, doyenne de la faculté de musique Don Wright. Lorsqu’ils sont revenus à la faculté et qu’ils ont pu faire de la musique, il y a eu beaucoup d’émotion. Les gens peuvent m’envoyer des courriels s’ils ont des préoccupations, mais la plupart des courriels que je reçois proviennent d’étudiants qui remercient la faculté d’avoir mis à leur disposition des endroits pour continuer à travailler. C’est très touchant. »
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