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L’argent est une chose difficile à demander quand tout le monde autour de vous en a besoin au moins autant que vous. Une réaction appropriée à la crise actuelle serait de supposer que les donateurs seront moins en mesure d’aider cette fois-ci. Or, selon Annie Boisclair, directrice de la collecte de fonds de l’Orchestre symphonique de Montréal, c’est la pire chose qu’une organisation puisse faire. « L’essentiel est de ne jamais cesser de communiquer avec vos différentes catégories de donateurs, même en temps de pandémie. Même si les dons peuvent être potentiellement moins généreux, les organisations doivent continuer à communiquer avec les gens et à leur parler de leur mission afin de maintenir en vie ce qui les unit. »
Nous vivons une situation que personne n’a connue au siècle dernier et même si la structure et les outils de collecte de fonds restent les mêmes – une campagne annuelle, un bulletin d’information, etc. –, le message est différent, les besoins sont beaucoup plus urgents. Des temps différents appellent des mesures différentes et donc des projets qui sortent de l’ordinaire.
« Actuellement, beaucoup d’organisations et de fondations ont encore un modèle de collecte de fonds orienté vers l’événementiel, souligne Gabrielle Blackburn, directrice générale de la Fondation Jeunesses Musicales. Ils devraient en fait penser plus grand que ce à quoi ils sont habitués pour la simple raison que ce à quoi nous sommes habitués ne sera pas possible cette année. Chaque organisation devra se rattacher à sa mission, mais penser différemment à la façon dont ils pourront la servir dans le contexte présent. »
C’est ce que la Fondation JM a fait au printemps dernier avec le concours Do Mi Si La Do Ré (« Domicile adoré »). Le projet de collecte de fonds, pour lequel Mme Blackburn recevra en novembre le prix du gestionnaire novateur par excellence décerné par l’Association des professionnels en philanthropie, a été reconnu comme pionnier autant dans le secteur culturel que dans le secteur de la philanthropie. « Le concours ne se limitait pas à donner de l’argent aux jeunes talents, déclare Mme Blackburn. Il s’agissait de créer un enthousiasme pour eux, de les faire connaître et d’investir dans leur avenir, ce qui s’inscrit dans notre mission d’aider les jeunes musiciens émergents. Nous voulions les aider non seulement financièrement, mais aussi les remotiver à jouer même si tout s’était arrêté. »
Les organisations artistiques ne doivent pas sous-estimer le rôle unificateur que les artistes et les musiciens peuvent jouer dans la collecte de fonds. En tant que représentants de l’organisation et personnification de leur art, les musiciens ont le pouvoir de rassembler la communauté et d’être des figures incontournables pour les donateurs. Particulièrement en ce moment alors que les concerts en direct ont été mis sous silence, les musiciens du monde entier ressentent le besoin de retrousser leurs manches. Les musiciens de l’Orchestre Métropolitain, par exemple, soutiennent et participent aux campagnes de promotion et de collecte de fonds de l’organisation. « Ils sont l’âme de notre organisation, déclare Céline Choiselat, directrice du financement et des partenariats de l’OM. Galvanisés par des projets rassembleurs et ambitieux dirigés par Yannick Nézet-Séguin, même en temps de pandémie, ils participent aux campagnes de promotion et de financement de l’OM et mettent l’épaule à la roue pour assurer la poursuite de notre programmation artistique. Le public ne peut manquer de ressentir cette détermination à offrir de la musique pour le bien-être de notre communauté. »
Bien qu’ironiquement nous en ayons moins dans nos vies aujourd’hui, nous avons plus besoin de cette connexion humaine que nous tenions autrefois pour acquise. Depuis le début de la pandémie, il y a une plus grande prise de conscience générale des besoins des autres, et c’est une bonne nouvelle.
« Il y a un esprit de communauté globale qui se crée lorsque nous parlons de dons et de besoins, qui n’existait pas auparavant, dit Gabrielle Blackburn. Plus que jamais, nous ressentons le besoin urgent de faire partie d’une communauté et comprenons que nous devrons tous faire de notre mieux pour aider les autres. » Les organisations doivent plus que jamais demander de l’aide et tendre la main à leurs donateurs, et pas seulement parce qu’elles veulent survivre, mais aussi parce que les personnes qui les suivaient avant la crise ont besoin d’elles. Troublés, inquiets et ayant besoin de réconfort, les gens comptent sur les organisations pour continuer à fournir leurs bons services et produits tels qu’ils les connaissaient et appréciaient avant la pandémie. C’est dans des moments comme celui-ci que les gens ont le plus besoin d’entendre parler les uns des autres. Les organisations, les donateurs, le public – nous sommes tous connectés. Les donateurs ne font pas exception à la règle. Isolés de leurs amis et de leur famille également, ils apprécieront la touche humaine d’un appel téléphonique ou d’une lettre personnalisée.
Les enjeux ont changé en rapport à la pandémie. Vivant dans une période sans précédent, nous devrons tous commencer à penser différemment. « Une situation comme celle-ci nous donne une compréhension, une empathie et une perspective beaucoup plus larges, déclare Tricia Baldwin, directrice du Isabel Bader Centre for the Performing Arts de l’Université Queen’s. Et les organisations artistiques ont la possibilité de commencer à jouer un rôle plus intégrateur dans la société. » Plus que jamais, la collecte de fonds concerne l’humain derrière la communication. Les organisations devront faire preuve de créativité pour trouver des moyens de rassembler les gens. La collecte de fonds en temps de COVID est une question de savoir comment atteindre les gens et leur faire comprendre que notre mission est toujours là, que nous sommes toujours là, même si le contexte a changé.
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