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Cet été, l’ensemble baroque montréalais Les Boréades retournera à Saint-Camille pour organiser la neuvième édition de son académie musicale estivale annuelle. Bien que le répertoire change d’une année à l’autre – l’édition 2025 mettra l’accent sur la musique baroque française –, la prémisse demeure inchangée : l’académie de musique ancienne de Saint-Camille est une fin de semaine dynamique de rencontres, de musique et de concerts au cœur des Cantons de l’Est.
Une brève histoire
Les musiciens des Boréades sont souvent invités à enseigner et à se produire dans le cadre de festivals d’été, mais ils ont toujours songé à créer leur propre académie, explique le directeur artistique Francis Colpron. Lorsque Colpron a reçu un appel de Jean-Pierre Harel, directeur artistique de la série Les Concerts de la Chapelle de Saint-Camille, tout était prêt pour lancer une nouvelle académie d’été axée sur la musique baroque.
Harel, un passionné de musique baroque, a proposé que le camp ait un format simple et qu’il ne soit « pas trop long, environ un week-end », précise-t-il. Avec le soutien du Conseil de la culture de l’Estrie, ils ont pu concrétiser leur vision. Colpron s’est chargé des musiciens et de la programmation, Harel s’est occupé de la logistique sur place à Saint-Camille.
Une communauté soudée
Saint-Camille, la plus ancienne ville francophone des Cantons de l’Est, est organisée comme un village français traditionnel avec « l’auberge, la chapelle, l’église et l’école », toutes côte à côte en son centre, explique Colpron. Les habitants sont particulièrement actifs dans les activités culturelles de leur petite ville. Ils accueillent notamment les participants à l’académie chez eux, ce que Colpron décrit comme un aspect particulièrement agréable de l’expérience. Les résidents participent également au banquet d’ouverture de l’académie le jeudi soir. Quant au concert de clôture de l’académie, le dimanche soir, il fait toujours salle comble, affirme Colpron.
Ce à quoi les participants peuvent s’attendre
Après les festivités d’ouverture du jeudi soir, les participants se plongent dans un week-end de musique. « Les journées sont longues, admet Colpron. Nous commençons tôt le matin et finissons tard le soir – autour d’une bière. »
Le matin, les participants travaillent leur instrument ou leur voix dans le cadre de cours techniques et de cours de maître avec un membre du corps enseignant. L’après-midi est consacré à la musique de chambre et la journée se termine par un tutti d’orchestre et de chœur en préparation du concert du dimanche soir.
L’édition 2025 de l’académie comprendra des cours de danse baroque, lesquels permettront aux participants de « vivre la musique dans leur corps », annonce Colpron.
Édition 2025 : musique baroque française
Alors que l’académie de l’année dernière était centrée sur J. S. Bach, l’édition 2025 se concentrera sur la musique française du début du 18e siècle. Colpron explique que la musique ancienne est particulièrement caractérisée par le pays où elle a été composée; la France, l’Allemagne et l’Italie représentent les principales écoles nationales de musique ancienne et chacune d’entre elles a ses propres pratiques d’interprétation.
La musique française comportant de nombreuses formes de danse, Colpron a décidé d’intégrer des cours de danse baroque à l’académie cette année. Les participants seront initiés à des formes de danse typiques telles que le menuet, la sarabande et la gigue. Apprendre à les danser permettra de mieux comprendre comment jouer un style de musique dans lequel la danse est omniprésente, explique-t-il.
Le thème musical central de cette édition sera le prologue de Médée de Marc-Antoine Charpentier, une tragédie lyrique en cinq actes. À l’académie, les interprètes se familiariseront non seulement avec la partition, mais aussi avec « le corpus rhétorique » qui sous-tend cette forme d’opéra typiquement française. « Les Français n’écrivent pas de tragédies comme les Allemands ou les Italiens, indique Colpron. Par exemple, une tragédie lyrique commence toujours par un hommage à Louis XIV, juste pour célébrer sa gloire. Ce n’est qu’après l’hommage, qui dure environ 20 minutes, que l’opéra commence. » Le directeur artistique insiste sur le fait qu’il est important de connaître ce genre de détails historiques pour pouvoir jouer la musique de manière convaincante.
Une invitation ouverte
Il précise que l’académie est ouverte aux spécialistes et aux non-spécialistes du baroque, aux professionnels comme aux amateurs. Les étudiants en musique à l’université ainsi que les étudiants avancés du CÉGEP sont également les bienvenus.
La plupart des musiciens qui fréquentent l’académie sont des instrumentistes et des chanteurs qui ne connaissent pas la pratique de l’interprétation baroque. À l’académie, ils découvrent une toute nouvelle façon d’aborder la musique. Par exemple, un violoniste jouant sur un instrument ancien est soumis à toute une série de changements : un accord plus bas, des cordes en boyau (au lieu de métal) et un archet de forme différente. Colpron explique que les cordes en boyau offrent une sensation très différente et que l’archet permet un autre type d’articulation. Cette façon distincte d’articuler, ou d’exprimer la musique, conduit à une manière différente de l’aborder. « Lorsque les musiciens (modernes) entrent à l’académie, observe-t-il, leur vision et leur compréhension de cette musique sont modifiées. »
L’édition 2025 de l’Académie de musique ancienne de Saint-Camille se tiendra du 26 au 29 juin. www.boreades.com
TRADUCTION: ANDRÉANNE VENNE
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