Critique de disque | Continuum — Didem Başar, I Musici de Montréal

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Centre des musiciens du monde
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Continuum

Didem Bașar, kanun et compositrice; I Musici de Montréal, Jean-François Rivest, chef; Patrick Graham, percussions

Centre des musiciens du monde, 2024

Bașar

Curieuse exploration musicale que viennent de nous livrer la virtuose montréalaise du kanun (cithare turc) Didem Başar en compagnie de l’orchestre de chambre I Musici de Montréal sous la direction de Jean François Rivest et le polyvalent percussionniste Patrick Graham.

L’album Continuum produit par le Centre des musiciens du monde comprend des compositions pour kanun et orchestre à cordes ainsi que des arrangements de pièces traditionnelles qui résument le parcours de cette artiste entre sa Turquie natale et sa ville d’adoption Montréal où elle a trouvé le contexte propice au développement de son projet créatif – lequel prend l’allure d’un défi musical qui consiste à repousser continuellement les limites de son instrument chéri en explorant les possibilités qu’il permet dans l’exploration des voies du dialogue entre les musiques classiques orientale et occidentale.

S’appuyant sur le succès de son premier album Levantine Rhapsody (prix Opus du meilleur album Musiques du monde 2020), Didem poursuit ainsi le développement et l’approfondissement de sa proposition musicale.

L’album s’ouvre avec un concerto pour kanun et cordes en trois mouvements qui met la table pour ce dialogue instrumental entre violon, violoncelle et kanun sur des compositions autour des makams turcs (modes) et des variations rythmiques qui s’inspirent des richesses chromatiques de la musique occidentale. Il faut dire que les différentes pièces de cette expérience musicale préliminaire reflètent bel et bien son caractère exploratoire d’un terrain encore vierge, d’où les moments de dissonances que l’on peut constater dans la première partie de l’œuvre. En revanche, l’entrée en jeu des percussions dans la deuxième partie permet de dépasser ces moments de dialogue hésitant pour rendre possibles des moments de communion exquise entre les trois instruments en vedette, notamment lors de la sublime pièce Cry dédiée à toutes les personnes innocentes qui souffrent des conflits meurtriers.