Hors du commun ! C’est le moins qu’on puisse dire pour qualifier le spectacle Afrique en Cirque de la troupe Kalabanté à l’Olympia, le 17 février. Coproduit par Nuits d’Afrique Productions et Revel et présenté par Banque TD, cet évènement, tenu dans le cadre de Février, mois des noirs, est la première prestation en salle de cette formation d’origine guinéenne, installée à Montréal et qui annonce, ainsi, une tournée à travers plusieurs grandes villes canadiennes (Ottawa, Toronto, Edmonton, Vancouver et Victoria).
On ne verra jamais le cirque de la même manière après avoir vu Kalabanté dans sa prestation multidisciplinaire : arts du cirque, musique, chant, danse et acrobaties époustouflantes sur fond de projections numériques et audio-percussives signées par l’artiste Jérôme Delapierre et qui donnent à ce spectacle l’aspect d’un voyage immersif à travers les paysages naturels africains et les richesses des cultures et des traditions du continent noire.
« Si tu peux parler, tu peux chanter, si tu peux marcher, tu peux danser… ». Afrique en Cirque fait de ce proverbe africain la maxime artistique de son spectacle qui se déploie en une série de tableaux chorégraphiques faisant allusion à la vie quotidienne en Afrique, entre souffrances et joies, sagesses et questions existentielles, amertumes et aspirations à la dignité et à la liberté. Les acrobaties de Kalabanté ne sont pas simplement des prouesses techniques, dénuées de fond humain et qui visent exclusivement la performance athlétique de haute voltige. Elles attestent d’une recherche artistique très poussée qui réussit à produire des scènes théâtrales, via les arts du cirque et qui, surtout, nous racontent des histoires, des moments de vie et véhiculent des messages et des réflexions, parfois graves, parfois humoristiques, comme, par exemple, la scène racontant dans un style comique le quotidien des mineurs africains. Le tout dans une mise en musique qui fait la part belle aux envoûtantes envolées lyriques et mystiques des chants traditionnels africains, sublimés par les sonorités cristallines de la Kora, l’instrument de musique africain par excellence.
Raisons de succès…à l’international
Toute l’originalité de Kalabanté réside dans les profils de ses membres, à commencer par son directeur artistique, Yamoussa Bangoura, qui est un artiste multi-disciplinaire accompli : musicien, chanteur, danseur et…acrobate ! et qui a, notamment, participé à de nombreuses tournées internationales du Cirque Eloize, la troupe québécoise du nouveau cirque, avant de lancer le projet Kalabanté. La compagnie compte plusieurs artistes multi-disciplinaires qui forment son âme et lui assurent les conditions d’une bonne continuation. Parmi eux, la canado-martiniquaise, Cynthia Soudin, à la fois danseuse, chanteuse et percussionniste, et qui doit sa fibre musicale à son père, chanteur de soul et qui l’initie très tôt aux standards de jazz, soul, R’n’B, etc. et la canado-haïtienne, Sabine Jean, danseuse, comédienne et acrobate, formée à l’Ecole nationale du cirque de Montréal.
À noter que le fond sonore sur lequel se déploient les ahurissantes épreuves acrobatiques des athlètes est rehaussé par la participation de plusieurs musiciens africains et canadiens (basse, saxo, batterie et percussions traditionnels). Ce qui donne au spectacle de l’envergure, renforce sa portée artistique globalisante…et contribue à donner une solide base pour un succès à l’international de ces voltigeurs et voltigeuses qui portent tous en eux cet « enfant fonceur avec un courage exceptionnel »…et c’est ce que signifie le mot kalabanté en guinéen.