Critique de disque | freezing — Emily D’Angelo

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freezing

Emily D’Angelo, mezzo-soprano; Sophia Muñoz, piano; Bruno Helstroffer, guitare électrique; Jonas Niederstadt, synthétiseur et guitare basse

Deutsche Grammophon, 2024

L’album freezing est le deuxième album de la mezzo-soprano canadienne Emily D’Angelo pour Deutsche Grammophon, après le succès de l’album enargeia de 2021. Ce dernier explorait un large éventail de compositeurs allant de Hildegard von Bingen à Missy Mazzoli, dans des morceaux que l’on pourrait encore classer dans la catégorie classique. Dans freezing, D’Angelo repousse les limites de ce que nous attendons traditionnellement d’une chanteuse d’opéra contemporaine. Elle explore de vieilles chansons folkloriques, des œuvres plus récentes dans le même registre en plus de pièces anciennes où l’expression du texte par la mezzo s’inscrit dans une veine folklorique, de conte.

Il n’y a pas de meilleur éloge pour cet album que de le comparer à For the Stars, la collaboration de la mezzo-soprano suédoise Anne Sofie von Otter avec Elvis Costello en 2001. Les deux chanteuses sont passées maîtres dans l’art de plier une technique vocale classique encore reconnaissable pour interpréter un répertoire pop ou folk de la manière la plus naturelle qui soit. Lorsqu’elle en a besoin, D’Angelo peut encore sortir une note aiguë flottante comme elle le fait dans Take Me to a Green Isle de Walter MacNutt, mais pour l’essentiel, elle atténue son vocalisme pour s’adapter aux textes et aux mélodies franches – mais en aucun cas simplistes – de ce disque. 

Les arrangements des chansons, pour piano, guitare électrique, synthétiseur et guitare basse, sont essentiels à leur communication. Une entrevue réalisée avant la sortie de l’album souligne à juste titre à quel point la pureté de la guitare électrique s’accorde bien avec le ton clair et direct de D’Angelo. Bruno Helstroffer a commencé comme guitariste avant de se mettre au théorbe, ce qui explique pourquoi son accompagnement électrique de D’Angelo dans le joyau de la Renaissance In Darkness Let Me Dwell de John Dowland a un son si naturel.

La chanson-titre du disque, composée par Philip Glass sur un texte de Suzanne Vega, a été enregistrée à l’origine par Linda Ronstadt, qui reçoit un clin d’œil de D’Angelo durant l’entrevue : « Peut-être que je ne devrais pas y toucher parce que c’est Linda Ronstadt ! » Mais recadrée comme elle l’est ici avec une instrumentation différente pour le piano, la guitare électrique et la basse, la mezzo canadienne l’imprègne de sa propre personnalité. 

La programmation éclectique de D’Angelo comprend des œuvres plus récentes de deux compositeurs canadiens. La chanson Quietly Waiting de l’artiste indie/country et ténor lyrique « Adrian Ira » Kramer est une mélodie obsédante aux accents de Chris Isaak. Cecilia Livingston est représentée par Snow et Silver, chacune trahissant une parenté intrigante avec la musique de la Renaissance sur le disque. 

DG a choisi de publier ce disque sous forme de téléchargement numérique uniquement, sans texte d’accompagnement ni essai de fond. C’est dommage, étant donné le choix judicieux des morceaux. Néanmoins, ce disque est fortement recommandé aux auditeurs qui souhaitent une approche créative et moderne du récital de chansons.

(Traduction par  Andréanne Venne)

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