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Le 31 juillet, Toronto Summer Music a présenté “Arras” de la compositrice canadienne Keiko Devaux, ainsi que Mahler 4, arrangé pour orchestre de chambre par Klaus Simon, deux œuvres dont les styles très contrastants ont démontré la maîtrise d’une grande variété de mondes sonores par l’orchestre festival du TSM. Le concert intitulé “Inspirations” a mis en vedette la soprano Karina Gauvin et le chef d’orchestre Nicolas Ellis.
Arras a été créé à l’origine en tant que lauréat de la Commission Azrieli inaugurale pour la musique canadienne en 2020, et a été présenté en première mondiale par le Nouvel Ensemble Moderne. L’œuvre a été composée en réponse à l’invitation de la Commission Azrieli à explorer l’idée de la “musique canadienne” : Arras est un amalgame des identités sonores de Devaux, qui cherche à décortiquer la complexité de ce concept. Elle présente sa propre expérience en superposant des chuchotements de chansons françaises, de chansons folkloriques nord-américaines et japonaises, des chants bouddhistes et grégoriens, et le rythme d’un métier à tisser – jamais distincts dans leur forme ou leur timbre, mais tout subtilement présents. Les spectateurs identifient ces éléments bissecteurs de son identité personnelle comme “un sens de l’histoire, de la nostalgie,” observe Devaux.
L’interprétation de l’œuvre par l’orchestre était sensible et engagée, avec un vrai sentiment de communion au sein du groupe, rendu possible par l’assurance et la liberté du geste d’Ellis. La pièce de Devaux a accueilli les auditeurs, remplissant la salle Koerner d’une conversation entre paysages sonores.
Le Mahler, présenté dans la deuxième partie du programme, était plein de lumière et de couleurs; Koerner Hall était un cadre parfait pour l’interprétation délibérée et généreuse de l’arrangement de Simon par l’orchestre festival du TSM. Tous les musiciens sur scène ont eu leurs moments privilégiés – les phases élégantes et enjouées du premier violon Aaron Schwebel dans le troisième mouvement, et les choix musicaux très animés de Karina Gauvin dans le quatrième ont été particulièrement mémorables. La diction exceptionnelle de Karina Gauvin et la direction de ses lignes vocales ont été soutenues par la gamme dynamique substantielle de l’orchestre. Un sentiment de complicité et de convivialité planait dans l’air lorsque Gauvin a été rejointe par le piano (Rachel Kerr), la clarinette basse (Eric Abramovitz) et le violoncelle (Leana Rutt) vers la fin du quatrième mouvement. Les quatorze musiciens, dirigés avec assurance et caractère par Nicolas Ellis, ont atteint une ampleur impressionnante de contrastes affectifs, à une échelle qui dépassait de loin leur nombre.
Arras: Réflexions sur l’œuvre, deux ans plus tard
Arras et Mahler 4 ont peut-être plus en commun qu’il n’y paraît – les deux pièces, telles qu’interprétées par l’orchestre du TSM, invitent les auditeurs à forger leurs propres chemins musicaux et expériences d’écoute. Tout pleins d’activités, de nombreuses lignes musicales et palettes sonores divergentes et convergentes, les deux œuvres offrent aux auditeurs un sentiment d’agence: l’opportunité de déterminer leurs propres parcours musicaux.
Devaux a évoqué cette idée de “[choisir]sa propre aventure” il y a deux ans, lorsque nous nous sommes originalement assis pour discuter de sa pièce. Depuis 2020, Arras a reçu de nombreux prix – notamment le prix Juno 2022 pour la Composition Classique de l’Année – et a été jouée sept fois au total au Canada, aux États-Unis et en Israël. Devaux a également remporté le Prix Opus du Gala québécois du compositeur de l’année, et a terminé son doctorat en composition à l’Université de Montréal.
Au moment où elle a remporté le prix de la Commission Azrieli, Devaux ne se rendait pas compte de l’impact que ce prix aurait sur son travail, sans parler des distances qu’il lui ferait parcourir. Depuis, elle a eu l’occasion unique d’entendre sa pièce plusieurs fois en l’espace de deux ans, jouée dans une grande variété de lieux et par de nombreux ensembles. Cela a été une “façon intéressante et profonde d’apprendre à connaître et à analyser [sa]propre écriture”, dit-elle.
Bien que la pièce ait été et soit restée claire sur le plan conceptuel, avec un “caractère établi,” Devaux décrit comment elle l’a vue démontrer sa “malléabilité.” Elle a vu la pièce “fluctuer” entre les mains de différents chefs d’orchestre et musiciens, et dans l’acoustique de différentes salles. Elle établit une comparaison entre le parcours d’une nouvelle œuvre et celui d’une jeune personne qui voyage – un parcours d’apprentissage et de croissance, au cours duquel tous deux mûrissent et s’épanouissent. Les nombreuses représentations d’Arras ont démontré sa “malléabilité, mais en même temps, [elles ont montré les façons dont]elle s’affirme – elle a une personnalité”.
Avec Arras lancé dans le catalogue de la musique contemporaine, Devaux ne manque pas de projets à venir. Toujours intéressée par les idées de mémoire, de sons perdus et d’environnements sonores, elle envisage la création d’œuvres orchestrales avec l’OCNA, ainsi qu’avec l’Orchestre Métropolitain et son opéra de chambre avec l’ensemble montréalais Paramirabo l’année prochaine.
Toronto Summer Music:
https://torontosummermusic.com/Keiko Devaux:
https://keikodevaux.com/
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