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sprit Orchestra entame une grosse saison, dans tous les sens du terme. Dirigé par maestro Alex Pauk, l’orchestre donnera cinq concerts dans un répertoire exigeant de compositions pour grand orchestre. Il rendra hommage à certains des compositeurs les plus influents des 20e et 21e siècles, notamment R. Murray Schafer, György Ligeti et Kaija Saariaho, tous décédés, et présentera également des œuvres de nouveaux compositeurs émergents.
Cette saison ambitieuse commence le 15 octobre avec le concert X Marks the Spot, réunissant des œuvres d’Anna Meredith, Iannis Xenakis, Ligeti et Schafer.
Ensuite, le 30 novembre, Esprit présentera Circle Maps qui comprendra l’œuvre éponyme de Saariaho et de la musique de Vito Žuraj et Žibuoklė Martinaitytė. Aussi au programme figureront Postludium du compositeur ukrainien Valentin Silverstrov ainsi que le Concerto pour harpe et orchestre d’Alex Pauk avec la harpiste canadienne acclamée Erica Goodman pour qui il a été composé.
Goodman fait partie d’Esprit depuis le début et elle s’est souvent produite avec l’orchestre au cours des 40 dernières années. Elle a particulièrement aimé jouer les premières d’œuvres de Bruce Mather, Chris Paul Harman, Thomas Adès et Unsuk Chin. Elle décrit le travail qui consiste à donner vie à ce répertoire comme étant un « défi intéressant » où « tout est inattendu ». Goodman a hâte de reprendre le concerto pour harpe de Pauk, qu’elle a déjà commencé à se remettre en main avec « la familiarité inconsciente additionnelle » venue de l’avoir déjà interprété.
Elle parle avec chaleur du style compositionnel de Pauk, louant son écriture rythmique et son orchestration magistrale. Le concerto pour harpe est « une œuvre qui le représente vraiment » comme compositeur, dit-elle. Ses lignes mélodiques ambitieuses, qui ne ressemblent guère à la musique solo pour harpe, obligent Goodman à agir « comme une chanteuse et comme une ballerine en même temps, tout le travail de pied doit être chorégraphié ». Goodman décrit le concerto comme étant « exigeant, mais prodigieusement gratifiant ». Elle se dit « très honorée de jouer avec Esprit ».
Pauk, de son côté, éprouve le même respect pour Goodman. « Je connais Erica depuis longtemps, dit-il, et je la sais capable de jouer un large éventail de musique de façon experte. »
Le compositeur et chef dit de son approche d’un domaine qu’elle est inévitablement tributaire de l’autre. Lorsqu’il compose, il se demande « comment je la dirigerais comme chef » et, écrivant un concerto, il songe aux capacités et à la personnalité de la soliste. Toute œuvre, dit-il, commence par un « caractère ou concept » distinct afin d’en faire une « affirmation musicale forte ». Le caractère de son concerto pour harpe est immédiatement saisissable, de même que son approche créative unique pour un instrument à cordes si souvent relégué aux fioritures, glissandos et arpèges.
La partie pour harpe de son concerto, qui a été écrite avant la partition pour orchestre, est comme « une ligne dessinée à travers la totalité de l’œuvre et qui est embrassée par l’orchestre », explique Pauk. L’orchestre « l’entoure, lui répond et interagit avec la harpe comme une égale ». La partie pour harpe est fortement chromatique et « l’interprète doit avoir énormément d’habilité ».
Composée durant une retraite de dix jours au Centre Banff, la musique fait écho au paysage retiré, serein et privé dans laquelle elle a été conçue. « Je l’entendais comme telle, dit Pauk. Je ne lui ai pas résisté. Elle était claire dans mon esprit. » Ses compositions ont toujours été marquées par son environnement. Il évoque la musique « suspendue » composée durant son séjour à Vancouver, entouré par des panoramas, des nuages et des montagnes, comparativement aux œuvres beaucoup plus structurées, « moins flottantes », écrites alors qu’il vivait dans la ville bourdonnante de Toronto.
Les cinq mouvements du concerto sont influencés par des rythmes et motifs latins et jazz. Le premier mouvement est flottant, la harpe créant des « étincelles de lumière ». Le deuxième est au contraire « saccadé », avec des « rythmes rapides, énergiques ». Dans le troisième mouvement, la harpe est « entourée de cordes riches et puissantes » alors que ses notes sont reprises dans les accords des cordes. Après le quatrième mouvement, une cadence à la harpe, le finale mène l’auditeur à travers une série de « fins interrompues » colorées par des influences de salsa latine.
Le concert d’Esprit du 30 novembre s’achèvera avec l’ambitieux poème symphonique Postludium de Silvestrov, le soliste étant le pianiste canadien émergent Kevin Ahfat. « C’est une œuvre somptueuse, dit Pauk, qui progresse avec de beaux nuages sonores ondoyants au piano – reflétés par les accords de l’orchestre ». L’œuvre n’est ni néoclassique ni néoromantique, mais la forte empreinte d’harmonie des accords retient l’attention. Selon Ahfat, le morceau s’ouvre sur « des accords turbulents, antagoniques et des textures brutes », qui font place « à des lignes magnifiquement somptueuses et coulantes cascadant au piano ».
L’un des défis les plus fascinants de Postludium est de nature logistique : sans barres de mesure dans la partition, le soliste jouit d’une grande liberté. « Le pianiste crée une sorte de fluidité », dit Pauk, et le chef et l’orchestre doivent suivre le pianiste. « C’est un splendide défi. » Ahfat est enthousiaste et décrit l’apprentissage de la musique nouvelle et contemporaine comme « un pari passionnant ». Même si ce sera sa première présence avec l’orchestre, il admire « l’approche audacieuse et aventureuse [d’Esprit Orchestra] qui fait connaître un vaste éventail de répertoire au public de Toronto » et il a hâte d’aider à donner vie à cette musique.
Esprit Orchestra présentera X Marks the Spot le 15 octobre et Circle Maps le 30 novembre. Les deux concerts auront lieu au Koerner Hall de Toronto.
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