Par Adrian Rodriguez et Dino Spaziani
Cette année, Laval fête ses 60 ans. Son orchestre, fondé en 1984, en célèbre 40. Et au centre de ces deux anniversaires, un visage familier fait son entrée en scène : Adam Johnson est nommé directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Laval (OSL).
« C’est mon orchestre à domicile. Je vis à Laval depuis huit ans, mes enfants vont à l’école ici, j’y fais mes courses, je croise des spectateurs à l’épicerie. » Ce lien de proximité, Johnson ne le simule pas. Après avoir dirigé l’Orchestre symphonique de Montréal, collaboré avec l’Opéra de Paris et plusieurs scènes internationales, il s’installe là où il vit déjà. Une nomination logique, mais aussi profondément humaine.
Le concert du 6 août à la Place Bell, gratuit et festif, marquera un tournant. Pensé comme une offrande à la ville pour ses 60 ans, ce programme rassemblera du Beethoven, André Gagnon, des œuvres de compositeurs québécois, des solistes locaux, et l’énergie d’un orchestre qui se redéfinit. « Je me sens très choyé. Les musiciens ici aiment se dépasser. Ils veulent aller au fond de l’expression. »
Photo: Albert Zablit
Avec cette nouvelle saison, l’OSL s’engage aussi dans une ère de stabilité. L’arrivée d’Adam Johnson complète celle de Daphné Bisson à la direction générale, nommée en mai dernier. Les deux se connaissent depuis leur passage à l’OSM. « C’est un hasard heureux, dit Johnson. On a déjà une complicité de travail, et on partage une vision commune. »
Formé de 53 musiciens diplômés du Québec, l’OSL reste l’un des piliers culturels de la région lavalloise. Et cette région, Johnson veut la faire rayonner à travers des projets à la fois ambitieux et accessibles : Peer Gynt avec chœur, une ouverture de saison avec le deuxième concerto de Rachmaninov, du répertoire vocal, mais aussi jazz, Broadway, et des concerts pour enfants. « C’est bruyant, mais c’est parfait, dit-il en parlant de Bébé Musique. Ce sont des expériences fondatrices. »
Derrière la trajectoire du chef se cache aussi une histoire plus intime. Originaire de l’Alberta, il découvre la musique classique par accident. « Je faisais du ski alpin et j’écoutais du rock rapide. Un jour, en peignant le patio, j’ai mis un disque de piano. C’était Richter, Schubert, Liszt… Ça m’a frappé. J’ai eu l’impression qu’ils comprenaient ce que je ressentais. » […]
Photo: Gabriel Fournier
« À l’automne, au concert d’ouverture de la saison de l’orchestre, le 30 octobre 2024, j’ai dirigé un concert mettant en vedette Antoine Bareil interprétant Mendelssohn et Les Tableaux d’une exposition de Moussorgski. Je sais que c’était une audition et je l’ai réussi. Il y a eu, les 13, 14 et 15 mai dernier, Half Moon Run Symphonique avec partitions de Blair Thompson. Nous l’avions fait une première fois il y a 8 ans maintenant. J’ai eu le plaisir de diriger l’enregistrement de Riopelle Symphonique, création musicale signée Serge Fiori et Blair Thomson ».
C’est cet élan, à la fois instinctif et réfléchi, qu’il veut transmettre aujourd’hui. « Lors d’un concert, les spectateurs ont une seule écoute. Je veux qu’ils repartent avec quelque chose de vrai, de fort. »
À Laval, cette force commence peut-être par là : un orchestre enraciné, un chef inspiré, et une ville prête à écouter.
Adam Johnson ne chôme pas. Il est également directeur artistique du Guelph Symphony Orchestra en Ontario et du Baton Rouge Symphony Orchestra en Louisiane.