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« Il a fait des choses remarquables », affirme Julian Armour à propos du pionnier ottavien de la musique chorale Brian Law. « Il a probablement apporté la plus grande contribution à la musique dans cette ville de toute son histoire. »
Ce n’est pas peu dire, venant du fondateur de la Société de musique de chambre d’Ottawa et du festival Musique et autres mondes, qui est lui-même l’une des influences majeures en musique classique dans la capitale. Mais l’estime d’Armour pour Law est bien fondée.
Sur le plan personnel, Law est responsable de l’une des plus importantes percées professionnelles d’Armour, lui ayant offert une place dans le prestigieux orchestre de chambre Thirteen Strings, groupe au sein duquel il est toujours le violoncelliste solo.
Mais c’est aussi d’autres réalisations de Law, comme son influence dans la transformation du paysage musical classique du milieu des années 1960 aux années 1990, qui justifient les superlatifs et l’imposant concert-hommage qu’Armour prépare à l’église unie Dominion-Chalmers d’Ottawa le 17 juillet, dans le cadre du festival Musique et autres mondes – un gala « retour au bercail » où Law dirigera lui-même un programme constitué d’après son curriculum vitae remarquable.
« C’est la chose la plus difficile que j’aie jamais accomplie, déclare Armour. Mais je n’ai qu’un seul objectif : faire en sorte que ce soit la chose la plus fantastique à laquelle il aura pris part. »
Law a quitté son Angleterre natale en 1965, à tout juste 22 ans, son diplôme du Royal College of Music en poche, pour atterrir à Ottawa en 1965. « J’étais en quête d’une carrière, dit-il. Je pensais que je ferais plus de musique d’église. Mais l’idée de faire encore des Messie en Angleterre était simplement absurde. »
Bien sûr, ce n’était pas vraiment Le Messie – ni même la musique d’église – qui suscitait l’agacement de Law, mais un vif dédain pour la pratique musicale figée et les perspectives de carrière généralement circonscrites en Angleterre. « Je ne voulais pas être dans le système anglais, dit Law. Je voulais vraiment essayer de travailler ailleurs. »
Dans sa jeunesse, Law a joué du piano jazz à Brighton, formant un petit ensemble avec lequel il s’est produit pendant les vacances du Collège royal. Il a déjà joué avec Cleo Laine dans un accompagnement impromptu. Il a même travaillé comme pianiste de bateau de croisière lors de plusieurs voyages entre l’Angleterre et Montréal, où il a assisté à des concerts de jazz de Dave Brubeck et d’Erroll Garner dans des clubs de la rue Sainte-Catherine. « C’est ce qui m’intéresse en Amérique du Nord, je pense », dit-il.
On découvre quelque chose de l’aventurier errant du 18e siècle dans Law – un charmant rappel du vagabond picaresque à la Henry Fielding – alors qu’il bavarde depuis son domicile actuel à l’extérieur de Christchurch, en Nouvelle-Zélande, où Law vit depuis 1990. (Il était allé là-bas pour un entretien concernant un poste de chef qu’il ne prévoyait pas accepter et il est tombé amoureux du pays.)
Mais en 1965, Ottawa était une destination imprévue pour Law, qui avait échoué à trouver un emploi à Toronto. « C’était la meilleure chose qui aurait pu m’arriver », dit-il. Le centenaire du Canada se pointait à l’horizon; le nouveau Centre national des Arts en était à sa phase de planification. « C’était le moment idéal pour moi. J’ai eu beaucoup de chance. »
En peu de temps, Law a repris le chœur d’hommes et de garçons de l’église St Matthew’s, amenant le standard de la formation à un niveau professionnel comparable à celui des chorales collégiales en Grande-Bretagne. Il a accompli la même chose avec les Cantata Singers d’Ottawa, voix mixtes, qu’il a établis comme chœur en résidence avec l’Orchestre du Centre national des Arts nouvellement formé, fondé en 1969. Law est devenu chef de chœur pour les célèbres festivals d’opéra d’été de l’OCNA, travaillant sur des productions comptant des chanteurs comme Marilyn Horne, Samuel Ramey, Jon Vickers et Frederica von Stade.
« Ce fut une période fabuleuse pour moi en tant que jeune musicien », déclare Law.
Les normes rigoureuses de Law semblent avoir eu une influence favorable sur les talents et la carrière de nombreux jeunes artistes qu’il dirigea. Le chanteur d’opéra baryton-basse Gerald Finley, le claviériste et compositeur Paul Halley et le contre-ténor Daniel Taylor étaient tous de jeunes membres du chœur que Law encadrait. Law entretient toujours des amitiés personnelles et professionnelles avec chacun d’eux (il est le parrain de la première fille de Halley) et il se rappelle toujours avec tendresse la promesse qu’il avait vue très tôt en eux tous.
En effet, Halley et Taylor se sont engagés dans le grand ensemble que Julian Armour réunit pour le concert de Law au festival Musique et autres mondes le 17 juillet. Un grand nombre d’anciens élèves des Cantata Singers seront présents, de même que les Thirteen Strings et des membres de l’Orchestre du Centre national des Arts. Halley effectuera une improvisation pour orgue (« l’un des plus grands improvisateurs au monde », dit Law); Taylor chantera Where’er you walk du Semele de Haendel; et Law lui-même dirigera une foule de pièces instrumentales et chorales, y compris Fanfare for the Common Man de Copland, l’ouverture des Nozze di Figaro de Mozart, l’Ave Maria de Bruckner et ses propres arrangements vocaux de Huron Carol (la plus ancienne chanson de Noël canadienne).
Le programme culminera avec des interprétations de How Lovely Are Thy Dwellings du Requiem de Brahms et le Dona nobis pacem de la Messe en si mineur de Bach (« une œuvre d’une grande importance pour moi », dit Law). De plus (sans vouloir gâcher la surprise), O Fortuna de Carmina Burana est en préparation pour un rappel.
« Je dois dire que c’est très excitant », admet Law, alors qu’il se prépare pour le long voyage de retour d’un bout à l’autre du Commonwealth. « Je suis très honoré – et un peu nerveux. »
L’aventure de Law continue.
Le concert hommage à Brian Law aura lieu le 17 juillet. www.musicandbeyond.ca
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