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Selon le pianiste Lukas Geniušas, la différence entre la première et la seconde version de la Sonate pour piano n° 1 en ré mineur de Sergueï Rachmaninov n’est pas qu’affaire de longueur. « Il y a beaucoup de musique qui n’apparaît plus dans la deuxième édition, explique-t-il. J’aime tellement cette œuvre que j’ai voulu redonner vie à la première version. »
Rachmaninov a joué la première version de sa première sonate, achevée en 1908, devant des collègues musiciens à Moscou, notamment le compositeur Nikolaï Medtner et le pianiste Constantin Igoumnov, lequel en donna par la suite la première interprétation en concert. Rachmaninov fit les coupures suggérées sans modifier le reste de l’œuvre. Cette version remaniée est la plus connue, bien qu’elle soit moins populaire que sa Sonate pour piano n° 2 en si bémol majeur. Geniušas espère changer cela et voit ses présentations de l’œuvre cette année – à Montréal, Milan, Paris ainsi qu’à la résidence de Rachmaninov en Suisse, Villa Senar – comme une « offrande musicale » à l’occasion du 150e anniversaire de la naissance du compositeur.
La discographie de Geniušas comprend des œuvres de Beethoven, Brahms, Ravel, Chopin, Stravinski et Chostakovitch ainsi que l’intégrale des préludes de Rachmaninov. Il a joué sous la direction de chefs réputés (Esa-Pekka Salonen, Rafael Payare et Tugan Sokhiev, entre autres), avec de grands orchestres (dont l’Orchestre de Paris, le Philadelphia Orchestra et le City of Birmingham Symphony Orchestra) et il a interprété et enregistré de la musique de chambre avec le violoniste Aylen Pritchin et le violoncelliste Alexander Bouzlov.
L’année sera chargée pour le pianiste russo-lituanien de 32 ans. Il fera avec la soprano Asmik Grigorian une tournée de promotion de Dissonance (Alpha Classics), leur album de 19 mélodies de Rachmaninov paru en 2022. Des arrêts sont prévus à Vienne, Zürich, Dortmund, Paris, au Festival d’Aix-en-Provence et au Festival de Salzbourg. « Le partage d’un espace musical, à un certain moment, est extrêmement enrichissant, affinant et faisant avancer la pensée musicale », dit-il.
La valeur d’un tel intérêt s’est cependant avérée difficile à soutenir en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. En conséquence, le pianiste, qui a reçu sa formation à Moscou, mais vit en Lituanie avec sa femme, la pianiste Anna Geniushene, se pose des questions aussi ardues qu’importantes. « La pensée avec laquelle nous sommes constamment aux prises maintenant est : “Quelle est la pertinence de ce que nous faisons dans la vie moderne ? Dans la situation actuelle ? Dans la région où nous vivons ?” Ce sont des questions graves, pénibles pour nous. Nous faisons quelque chose qui fait intrinsèquement partie d’une société paisible, de circonstances paisibles, et on a le sentiment d’être en porte-à-faux, que ce qu’on fait n’est pas pertinent – bien que cela ne soit pas vrai. »
Lukas Geniušas joue Schubert et Rachmaninoff en concert dans la série Ladies Morning Musical Club, le 12 février, 2023.
http://geniausas.com / https://www.lmmc.ca
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