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Pour la première fois de son existence, l’Orchestre symphonique de Montréal présentera une œuvre où ses musiciens ne joueront pas une note. Il s’agit de Tunnel Azur, œuvre acousmatique du compositeur Robert Normandeau, commandée par l’OSM et la STM pour célébrer les 50 ans du métro de Montréal.
Tunnel Azur dure dix minutes. Pour la composer, Robert Normandeau s’est beaucoup inspiré du métro de Montréal.
« J’ai été privilégié, car la STM m’a donné l’autorisation d’aller enregistrer des sons pendant la nuit, dans le métro, dit Robert Normandeau. C’est un univers que l’on ne connaît pas, parce que le métro est fermé pendant la nuit. J’ai eu l’occasion d’assister à ce qui se passe pendant la nuit dans le métro. On pourrait penser que tout est silencieux, mais au contraire, il y a beaucoup d’activité. C’est une ruche, littéralement, car c’est le moment où l’on fait tous les travaux d’entretien sur les rails, avec des machines que l’on nomme des draisines et qui leur servent à se déplacer sur les rails métalliques. Ces draisines font plus de bruit que le métro, ce qui permettait de diversifier le matériau sonore. »
Il a également effectué des enregistrements des nouvelles rames du métro, Azur, qui donnent leur nom à l’œuvre, ainsi que des enregistrements dans l’atelier de la rue Crémazie où l’on effectue les réparations.
« La musique acousmatique, par définition, est enregistrée. Elle est souvent présentée en concert sur ce que l’on appelle des orchestres de haut-parleurs, et elle est souvent spatialisée. Il n’y a pas d’intervention de musiciens en direct. Il existe une pratique de musique acousmatique qui s’appelle le cinéma pour l’oreille et mon œuvre s’inscrit vraiment dans cette pratique. Cette commande m’est arrivée comme une immense surprise en janvier dernier. La création de l’œuvre a eu lieu le 11 août dans le cadre de la Virée classique. C’est la première fois que l’OSM commande une œuvre électroacoustique. C’est aussi la première fois que la STM fait une commande musicale. »
Ses autres sources d’inspiration ont été le nouvel instrument de l’OSM, l’octobasse, que l’on pourra voir à la Maison symphonique. La troisième source d’inspiration est la Symphonie no 9 de Mahler.
« C’est un clin d’œil à Kent Nagano, parce que j’ai eu une très belle expérience musicale lors d’un concert avec lui, avant qu’il soit directeur artistique de l’OSM. Il était venu comme chef invité et il avait dirigé cette symphonie. J’avais beaucoup aimé. J’utilise le matériau harmonique et énergétique de la symphonie dans ma pièce, comme un hommage à Kent Nagano. J’ai musicalisé les sons que j’ai enregistrés, de sorte qu’ils se mélangent assez bien avec la Neuvième de Mahler. »
Il est aussi important de savoir que l’OSM a également commandé Accelerando, une œuvre orchestrale, au compositeur José Evangelista, qui sera jouée au même concert.
Réseau des arts médiatiques : 25 ans
Robert Normandeau, d’abord contrebassiste, a étudié la composition électroacoustique au baccalauréat à l’Université Laval avec Neil Parent. Il a ensuite fait sa maîtrise et son doctorat avec Marcel Deschênes et Francis Dhomont à l’Université de Montréal. Il a obtenu son doctorat en 1992.
« J’étais le premier étudiant à faire un doctorat en électroacoustique à l’Université de Montréal », dit-il.
Après ses études, il a été compositeur pigiste pendant plusieurs années et chargé de cours à la faculté de musique. En 1999, il a été embauché comme professeur et il enseigne la composition électroacoustique.
En 1991, il cofondait la société de concerts Réseau des arts médiatiques, qui fête cette année ses 25 ans, avec Jean-François Denis et Gilles Gobeil.
« L’idée de départ, c’était de proposer un projet pour le 350e anniversaire de la Ville de Montréal, dit-il. Je produisais déjà une série de concerts qui s’appelait Clair de Terre au Planétarium de Montréal. Nous avons reçu une subvention de la Société du 350e anniversaire pour présenter mon œuvre de doctorat, Tangram, et elle est restée à l’affiche au Planétarium pendant environ six mois. C’était un spectacle multimédia qui n’avait pas de saveur astronomique, c’était purement abstrait. »
Par la suite, le Réseau des arts médiatiques a poursuivi ses activités jusqu’à aujourd’hui, avec, entre autres, une série de concerts appelée Rien à voir, consacrée uniquement à la musique acousmatique, et plus tard, Akousma.
Le festival Akousma, qui a vu le jour en 2005, accueille pour sa part tous les types de musique électroacoustique. Il se déroule cette année du 19 au 22 octobre, à l’Usine C. Cette année, des œuvres de plus d’une trentaine de compositeurs sont au programme. On pourra notamment entendre le Cycle des profondeurs de Francis Dhomont, en trois parties, et pour la première fois à Montréal en version intégrale : Sous le regard d’un soleil noir, Forêt profonde et Le Cri du Choucas.
Le concert des 50 ans du métro de Montréal, avec la présentation des œuvres Tunnel Azur de Robert Normandeau et Accelerando de José Evangelista, sera présenté trois fois, soit les 20 et 22 octobre à 20 h ainsi que le 23 octobre, 14 h 30, à la Maison symphonique. www.osm.ca
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