Festival d’opéra de Jérusalem : Aventure lyrique au Proche-Orient

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Quand on pense opéra, on songe à Vienne, Milan, Paris ou New York. Le nom de Jérusalem est loin dans notre liste mentale de destinations lyriques. Pourtant, la Ville sainte déploie une énergie considérable, depuis quelques années, pour s’inventer une vie lyrique digne de ce nom. Le Festival d’opéra de Jérusalem, qui en sera à sa troisième édition cet été, témoigne de ces efforts pour réaliser un rêve artistique.

Ne reculant devant rien pour faire connaître ce nouveau festival, le ministère du Tourisme d’Israël avait invité une quarantaine de journalistes du monde entier en juin 2016, afin de couvrir l’événement. Au programme du festival : Rigoletto, de Verdi, avec une distribution composée de chanteurs israéliens et étrangers. Un spectacle lyrique multimédia intitulé Opera Paradiso constituait le second moment fort de la semaine. Des récitals plus intimes et des spectacles pour toute la famille dans divers lieux de la ville complétaient le programme.

Le principal atout du festival est la Piscine du Sultan, amphithéâtre à la belle étoile situé dans un ancien bassin d’eau de douze mètres de profondeur datant de l’époque d’Hérode. Pendant des siècles, cette excavation fut l’un des plus importants réservoirs d’eau potable de Jérusalem. Ce site spectaculaire étant de dimensions assez imposantes pour accueillir plusieurs centaines de personnes en pleine zone urbaine, la musique nécessite une amplification, mais celle-ci est de bonne qualité. On peut toutefois entendre, au cours de la soirée, quelques véhicules pétaradant dans les rues voisines. On oubliera vite ces quelques inconvénients en songeant à l’importance historique et symbolique de la ville unique où l’on se trouve, baignés dans la chaleur d’un soir d’été.

La qualité des productions auxquelles nous avons pu assister était bonne. Dans Rigoletto, la voix qui se démarquait le plus était celle de la soprano colorature Hila Fahima (Gilda), étoile lyrique israélienne qui commence à se faire connaître sur la scène internationale. Elle incarnait d’ailleurs également Gilda au Staatsoper de Vienne en 2015. Quant au spectacle Opera Paradiso, c’était un récital des airs d’opéra les plus connus présenté devant un écran géant où l’on projetait des scènes de films célèbres tels que Le Parrain, Amadeus, Chambre avec vue ou Le Cinquième élément.

Un récital d’air italiens, donné à l’étonnant Musée d’art juif italien – lieu qui mérite le détour en soi –, nous a permis de constater un phénomène particulier : les meilleures voix ­opératiques d’aujourd’hui, en Israël, sont féminines. En effet, très peu d’Israéliens sont attirés par le chant classique, ce qui complique ­l’établissement d’une tradition lyrique solide au pays. Cette lacune s’explique notamment par la quasi-inexistence de chorales d’enfants, ­pépinières habituelles de talents dans les pays occidentaux. Les solistes masculins que l’on peut entendre dans les productions d’opéra israéliennes sont donc le plus souvent des chanteurs étrangers invités. Les jeunes ­chanteuses entendues ce jour-là ont été ­formées au Studio d’opéra pour les jeunes artistes de l’Opéra d’Israël.

La ville de Tel-Aviv jouit pour sa part de la présence de l’Opéra d’Israël et présente ­plusieurs productions d’envergure chaque saison. La compagnie, financée par des dons privés, a été fondée en 1982 après que l’État d’Israël eut décidé d’arrêter le financement de l’Opéra ­national d’Israël. Le chef Yoav Talmi, bien connu au Québec pour avoir été le directeur artistique de l’Orchestre symphonique de Québec pendant plusieurs années, a été le premier directeur musical de cette nouvelle compagnie.

Cet été, le Festival d’opéra de Jérusalem présentera comme production principale Nabucco, sous la direction du jeune chef italien Francesco Cilluffo, dans une mise en scène de Julia Pevzner, les 21 et 22 juin. Solistes : Ionut Pascu – Roumanie (Nabucco), Ira Bertman – Lettonie (Abigail), Anat Czarny – Israël (Fenena) et Alla Vasilevitsky – Russie (Anna).

Activités et hôtels

Il va sans dire qu’Israël offre de multiples attraits touristiques, historiques et patrimoniaux en plus de ses opéras. À Jérusalem, une visite guidée des souterrains sous le Mur des Lamentations s’impose pour découvrir les traces laissées par des siècles d’histoire. Que l’on soit chrétien ou non, on voudra également suivre l’itinéraire menant à la basilique du Saint-Sépulcre, construite sur les lieux du Golgotha.

Pour l’hébergement, le nec plus ultra est certainement le somptueux David Citadel Hotel, avec ses chambres luxueuses, ses ­buffets de roi et sa magnifique piscine en ­surplomb avec vue sur les jardins de l’hôtel. Pour meubler quelques heures, on ne se gênera pas de faire les vrais touristes en louant un Segway non loin du David Citadel pour visiter les environs sans se fatiguer. Et qu’on se le dise : en Israël, l’un des plus grands ­plaisirs est le petit-déjeuner, banquet matinal regorgeant de fruits et de noix, une fête pour le palais. Comme restaurant, nous recommandons l’Eucalyptus, un établissement réputé pour son chef Moshe Basson, natif d’Irak et véritable personnage qui se fait un plaisir d’aller faire goûter quelques herbes fraîches aux convives tout en leur faisant la conversation entre deux services.

www.israel-opera.co; www.thedavidcitadel.com; www.the-eucalyptus.com

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