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Trois compositeurs se partagent cette première coproduction entre la maison Analekta et les Prix Azrieli de musique. Brian Current et Wlad Marhulets, gagnants respectifs de la commande et du prix Azrieli 2016, côtoient l’Américain Lukas Foss.
L’Orchestre symphonique national tchèque est dirigé par Steven Mercurio, le chœur par Miriam Nemcová et les œuvres mettent en vedette la soprano Sharon Azrieli, le clarinettiste David Krakauer et le ténor Richard Troxell.
Dans les Sept Salles célestes, Brian Current transpose en musique sa lecture du Zohar, ouvrage de référence de la Kabbale. Tensions dans l’orchestration, tumulte des voix, envolées mystiques et densité d’écriture caractérisent cette œuvre où chaque salle censée mener à l’extase est dotée de couleurs et textures musicales particulières. Richard Troxell est à la fois imposant, menaçant et tourmenté, frisant par moments le parlé-chanté. Il guide de manière étincelante les soubresauts d’un orchestre et d’un chœur happés par le chaos d’une splendeur révélée qui prend dans la dernière pièce un aspect lumineux et énigmatique.
Le Concerto pour clarinette klezmer de Wlad Marhulets tranche radicalement avec l’œuvre précédente, nous plongeant dans le caractère festif de la musique des klezmorim. L’œuvre met en vedette le virtuose David Krakauer, par qui Marhulets a découvert cette musique folklorique. Le premier et le troisième mouvement sont énergiques, déployant la virtuosité du soliste et évoquant l’aspect cérémoniel, festif et teinté d’ironie de cette musique folklorique destinée au départ à magnifier mariages et processions. Le deuxième mouvement, lent et méditatif, prend des teintes mystiques et énigmatiques. Si la forme rappelle le concerto classique, l’œuvre de Marhulets se démarque par sa fusion des langages. La musique klezmer est intégrée à un ensemble symphonique, teintée de vocabulaire jazz, funk ou encore moyen-oriental. L’orchestre rend honneur à la polychromie de l’écriture et la prestation de Krakauer est éblouissante.
Le Cantique des cantiques de Lukas Foss est davantage connu, immortalisé par Leonard Bernstein et l’Orchestre philharmonique de New York. Créée en 1947 sous la direction de Koussevitzky, l’un des professeurs de Foss à Tanglewood, cette œuvre magistrale aux allures d’épopée a été composée à seulement 24 ans. Steve Mercutio et l’Orchestre symphonique national tchèque choisissent un tempo tranquille qui alourdit quelque peu l’effervescence et la vivacité de l’écriture, mais convient toutefois mieux à la prière finale. La soprano Sharon Azrieli a une grande énergie et une présence vocale imposante, même si un certain manque de nuances amoindrit par moments la poésie du texte musical.
Quoi qu’il en soit, cet album nous révèle des œuvres importantes de la musique juive des XXe et XXIe siècles qui répondent chacune de manière singulière à l’épineuse question de l’identité musicale juive.
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