Une boule de Noël géante, 176 musiciens, 946 bottes, un œil de larynx et quelques litres de bagosse, voilà la nouvelle recette que Fred Pellerin et Kent Nagano ont mise en place pour nous émerveiller à l’approche de Noël.
À mi-chemin entre le conte et l’humour, Les jours de la semelle présentent un nouveau volet de cette comédie humaine microcosmique à l’échelle de Saint-Élie-de-Caxton, en se concentrant sur l’univers mercantile de Toussaint Brodeur, tenancier du magasin général autour duquel gravitent Méo le barbier, le curé, la famille Gélinas ou encore la Stroupe, sorcière d’ascendance étrangère. L’histoire progresse, régresse, s’engraisse aussi à grandes goulées de bière de messe, dans un univers aux couleurs chatoyantes, impressionnistes ou impressionnantes, de l’extatique lever du jour de Daphnis et Chloé aux envolées romantiques de Schubert, Tchaïkovsky et Mahler, avec quelques accès de sorcellerie signés Schnittke ou Stravinsky. L’OSM et Kent Nagano parcourent ce conte avec une aisance remarquable, mais puisqu’il faut aussi des enfants pour faire grandir un orchestre, les Petits Chanteurs du Mont-Royal viennent apporter cette touche de magie qui nous fait lentement décoller de nos sièges pour nous faire voyager jusqu’au village du conteur.
Fred Pellerin, de la chaise en bois au micro, évolue dans un décor sobre et efficace, sous une boule de Noël géante qui illustre les étapes de l’histoire en vidéoprojection. Il fait se côtoyer humour et poésie, peine et espoir, avec un assez bel équilibre, nous glaçant les pieds dans l’eau de la rivière au milieu de grenouilles ambidextres et de déciers pointilleux sur le pointillisme de leurs chiffres. En point d’orgue, et bien qu’il n’y ait point d’orgue sur scène, Fred Pellerin fait s’envoler Le grand cerf-volant de Gilles Vigneault dans un arrangement pour orchestre et chœur tout à fait splendide, devant son créateur aussi charmé que le public venu nombreux.
Cette quatrième collaboration entre le conteur Fred Pellerin et l’OSM de Kent Nagano s’est révélée fructueuse, et ses fruits ne sont pas tous des kiwis comme le pense le Gros Charles. Voilà un prélude réussi au temps des fêtes, qui nous invite à créer notre propre magie à partir des choses les plus simples… Un dé, une perceuse ou encore une buche. Essayez donc, vous n’avez rien à perdre. Et qui sait, vous pourriez même y gagner une paire de bottes !
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