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En mai dernier, la jeune pianiste de 22 ans Élisabeth Pion, originaire d’Otterburn Park, remportait la Shean Piano Competition à Edmonton, après avoir joué le Troisième Concerto de Rachmaninov. Une aubaine pour l’artiste qui commence actuellement sa maîtrise à la Guildhall School of Music & Drama de Londres auprès de Ronan O’Hora. À quelques jours de son départ pour Londres, Élisabeth parle de son univers : liberté, multidisciplinarité, solitude, des ingrédients qui s’agencent plutôt bien pour l’artiste au regard rêveur et à la nonchalance d’une jeune Martha Argerich.
Le prélude pianistique tourne court et nous voilà rapidement plongés dans les Carnets de Camus, qu’elle lit présentement : « Je me retrouve dans les notes de Camus. Elles décrivent le cheminement de l’artiste, qui est fait de petites morts, d’abandons. Que ce soit dans le cadre d’un festival, d’un concert, on doit toujours dire au revoir à quelque chose ou à quelqu’un. » Nous évoquons ensuite la bulle spirituelle chez Hermann Hesse ou la folie de Nijinski. Dans une autre réalité, Élisabeth souhaiterait collaborer avec Pina Bausch, discuter avec Albert Einstein ou Vladimir Horowitz, grandir auprès de ces esprits universels, ces « chercheurs de vérité ».
Pour autant, du haut de ses 22 ans, elle a bel et bien les pieds sur terre : « Comme interprète, je veux trouver un rythme de croisière, prendre le temps d’acquérir de l’expérience pour m’inscrire dans une durée plus longue. Je veux grandir dans mon métier de manière équilibrée et saine. » Un équilibre qu’elle trouve notamment en variant le répertoire et les formations instrumentales. Si le solo reste son terrain privilégié, elle savoure cette « magie de la connexion » qu’offre la musique de chambre ainsi que le sentiment extatique qu’elle éprouve lorsqu’elle est portée par l’orchestre. Elle est reconnaissante envers ses professeurs au Conservatoire de Montréal, Suzanne Goyette et André Laplante, qui l’ont épaulée dans sa quête d’authenticité, d’autonomie et de connaissance de soi et lui ont permis de se surpasser sans s’épuiser.
Élisabeth apprécie volontiers la solitude, qui lui permet de passer un temps de qualité avec ses nombreux compagnons, de Beethoven à Schumann ou encore Prokofiev, dont elle admire la profondeur de l’écriture, parsemée d’humour ou d’ironie. Si elle cherche à rendre le plus justement possible le texte musical, en faisant de nombreuses recherches autour du répertoire, elle tient également à avoir un son personnel et n’aime pas la tendance à la normalisation dans l’interprétation. Elle se réfère volontiers au torrent organique de Martha Argerich, à Clara Haskil ou, plus près de nous, au pianiste hongrois András Schiff. Le souhait de cette chercheuse de vérité, c’est de suivre les traces inspirantes de ces grands maîtres du piano.
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