Clavecin en concert prend son envol

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D’un simple récital de clavecin dans un salon jusqu’à une programmation mêlant musique de chambre, musique chorale et même opéra, Clavecin en concert a fait du chemin depuis sa création en 1994 par le claveciniste Luc Beauséjour. Le 27 octobre prochain, la série Clavecin en concert, gagnante de deux Félix et de huit prix Opus au cours de son histoire, présentera le premier concert de sa 26e saison. Retour avec le fondateur et directeur artistique Luc Beauséjour sur un quart de siècle de passion pour la musique ancienne.

Du clavecin solo au clavecin d’ensemble

L’aventure de Clavecin en concert commence dans le studio de Luc Beauséjour, au début des années 1990. Désireux de partager avec le public son amour du clavecin, il lance une série de quatre récitals qui attirent, année après année, toujours plus d’intéressés. On y entend l’intégrale des pièces pour clavecin de Rameau ou encore le Clavier bien tempéré de Bach. Suite à des critiques élogieuses et des demandes de musiciens souhaitant jouer dans la série, celle-ci s’ouvre peu à peu aux autres instrumentistes, s’incorpore et prend forme sur la scène de musique ancienne. « Parmi les grandes réalisations de Clavecin en concert, je me réjouis d’avoir engagé des artistes d’une grande renommée aujourd’hui, mais qui étaient alors peu connus comme Philippe Jaroussky, Karina Gauvin, Marie-Nicole Lemieux ou Philippe Sly. » Au fil des années, le répertoire s’élargit, les partenariats et les invités également, et l’organisme s’ancre dans le milieu de la musique baroque au Québec, tout en préservant sa mission première de mettre en lumière la musique pour clavecin et autres claviers. En 2019-2020, Clavecin en concert présentera trois cantates de Bach, un programme Bach et Vivaldi, un récital du claveciniste français Olivier Baumont, un concert de l’ensemble Les Songes ainsi que l’opéra La Descente d’Orphée aux Enfers de Marc-Antoine Charpentier. On pourra y entendre entre autres le violoncelliste Stéphane Tétreault, le violoniste Kerson Leong ou encore les chanteurs Aline Kutan, Philippe Gagné et Jacqueline Woodley. 

Un organisme tourné vers l’avenir

Maintenant que Clavecin en concert est sur de bons rails, il est temps de penser à l’avenir, et Luc Beauséjour ne manque pas d’idées pour pérenniser l’organisme. Cherchant tranquillement à former une relève, il a mis en place cette année une résidence d’artiste, dont bénéficiera le jeune claveciniste Christophe Gauthier, récemment diplômé de l’Université de Montréal. « Cette résidence permet à un jeune artiste de bénéficier d’un mentorat et de cours de maître, notamment pour préparer des concours ou peaufiner son art, précise Luc Beauséjour. Dans l’avenir, nous allons multiplier ces initiatives afin de pouvoir passer le flambeau aux jeunes générations. » Cette proximité avec la jeunesse n’est pas anodine, puisque Luc Beauséjour, en plus de poursuivre une carrière de soliste et de chambriste très active, côtoie des centaines de jeunes musiciens dans son rôle d’enseignant à l’Université de Montréal, au Conservatoire de musique de Montréal et au Cégep de Saint-Laurent.

Une histoire de plumes

Depuis quelque temps, Luc Beauséjour se sent pousser des ailes… et ses clavecins aussi ! Du plectre à la plume, les instruments du maître ont retrouvé une sonorité des siècles passés grâce au travail minutieux d’emplumage auquel il s’adonne. Sur le sautereau, mécanisme destiné à pincer les cordes, on trouve un petit élément appelé bec ou plectre qui est en plastique sur les instruments modernes. C’était autrefois des plumes d’oiseaux taillées qui activaient ce mécanisme. Après avoir suivi une formation aux États-Unis, et convaincu de l’efficacité sonore d’une telle pratique, Luc Beauséjour s’est mis à la recherche de plumes de bernache. Des chasseurs du Saguenay lui ont rapporté quelques semaines plus tard un sac rempli de plumes et, de claveciniste à tailleur de plumes, Luc a patiemment emplumé ses claviers. « Quand je remplace un bec de plastique par un bec en plume, c’est comme si j’assistais à la naissance de la note. » C’est donc un véritable savoir-faire retrouvé qui donne une spécificité supplémentaire aux instruments de la collection de Luc Beauséjour.

Pour pousser plus loin la métaphore aviaire, c’est justement d’oiseaux dont il sera question dans son prochain album, Le Rappel des Oiseaux, du nom de la célèbre pièce de Rameau. L’album regroupe des œuvres de musique française ayant un lien avec les oiseaux. Couperin et Rameau y côtoient Louis-Antoine Dornel, Louis-Claude Daquin ou François d’Agincourt. L’album paraîtra chez Analekta en mars 2020.

En attendant cette sortie, vous aurez l’occasion d’entendre deux concerts de la série Clavecin en concert cet automne, le 27 octobre et le 24 novembre. Nous aurons plaisir à voir évoluer cette série et cet organisme qui participe à la vitalité de la scène de musique ancienne à Montréal.

Clavecin en concert présente les cantates de Bach BWV 8, 56 et 157 à la salle Bourgie le 27 octobre prochain à 14 h 30, dans le cadre de l’intégrale des cantates sacrées de Bach de la Fondation Arte Musica. www.clavecinenconcert.com

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A propos de l'auteur

Benjamin Goron est écrivain, musicologue et critique musical. Titulaire d’un baccalauréat en littérature et d’une maîtrise en musicologie de l’Université Paris-Sorbonne, il a collaboré à plusieurs périodiques et radios en tant que chercheur et critique musical (L’Éducation musicale, Camuz, Radio Ville-Marie, SortiesJazzNights, L'Opéra). Depuis août 2018, il est rédacteur adjoint de La Scena Musicale. Pianiste et trompettiste de formation, il allie musique et littérature dans une double mission de créateur et de passeur de mémoire.

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