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Plus d’une centaine de musiciens et de choristes feront résonner les murs de l’église du Gesù le 26 avril prochain pour donner corps à la dernière œuvre symphonique du compositeur et guitariste Tim Brady. Sobrement intitulé Silence, symphonie no 10, ce nouvel opus s’ajoute à l’imposant corpus du compositeur montréalais dont la carrière s’étend sur plus de quatre décennies.
Cultivant un goût évident pour la musique à grand déploiement, le maestro sera pour l’occasion accompagné des musiciens du Nouvel Ensemble Moderne et de leur cheffe Lorraine Vaillancourt, en plus des membres de son ensemble de guitares électriques Instruments of Happiness. À ces musiciens viendront également s’ajouter les choristes de Voces Boreales, du Chœur du Plateau, de l’Ensemble Gaïa et de l’Ensemble Phoebus. Si une telle armada d’interprètes promet d’insuffler un caractère épique à cette soirée, Brady y voit surtout un moyen d’explorer différents timbres et textures sonores. Interrogé à ce propos, le compositeur attribue son intérêt pour la recherche timbrale et les structures musicales élaborées au répertoire orchestral des grands compositeurs du XXe siècle, mais aussi aux mythiques albums-concept des groupes rock des années 1960 qui ont bercé son enfance. Ces deux traditions musicales que tout semble séparer trouvent pourtant leur place de manière étonnamment cohérente au sein de l’univers musical de Brady. Loin des clichés musicaux couramment associés à la guitare électrique et au répertoire populaire, son écriture adopte les structures hétéroclites propres aux musiques nouvelles, tout en exploitant les vastes – voire infinies – possibilités timbrales de l’instrument. « Avec les effets disponibles aujourd’hui, la guitare devient en elle-même un orchestre », affirme Brady. Entre ses mains expertes, l’instrument est ainsi un véritable outil de création électroacoustique.
Si ce syncrétisme musical semble parfaitement naturel pour Brady, qu’en est-il du public pour qui la guitare électrique est profondément ancrée dans l’héritage musical américain du rock et du blues ? À cette question, le compositeur répond que « l’essentiel pour moi est de ne pas être lié à une tradition musicale en particulier » et qu’il est nécessaire de s’en émanciper pour atteindre une certaine liberté artistique. Cet éclectisme trouve également écho dans le programme de la soirée, alors que le public pourra entendre, outre le dernier opus de Brady, le Ricercare de J. S. Bach (extrait de l’Offrande musicale), The Unanswered Question de Charles Ives et Choses muettes et gestes nus, une nouvelle création du compositeur montréalais David Cronkite (sur un poème d’Hélène Dorion). Le public sera ainsi amené à explorer une notion qui interpelle nombre de compositeurs à travers l’histoire, le silence. Ce dernier représente pour Brady une thématique particulièrement féconde, car bien que le silence fasse partie du quotidien de tous, il n’en demeure pas moins mystérieux et insaisissable.
Le Nouvel Ensemble Moderne propose une incursion dans l’univers du compositeur Tim Brady avec sa 10e symphonie nommée Silences. À l’église du Gesù, le 26 avril, 15 h. www.lenem.ca www.timbrady.ca
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