Isabelle David et Auguste Descarries: une histoire de famille

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Après cinq années de recherche consacrées au compositeur Auguste Descarries, la pianiste Isabelle David présentait les fruits de son labeur le 27 mai dernier avec la parution de Souvenirs d’Auguste Descarries (2022), un premier album solo sous l’étiquette Leaf Music. Parmi ces quatorze pièces pour piano figurent huit premières discographiques, faisant ainsi la lumière sur un pan encore méconnu de l’œuvre d’un grand compositeur et pianiste québécois de la première moitié du XXe siècle.

Des œuvres sorties de l’oubli

L’histoire commence en 2016 lorsqu’Isabelle David entreprend des études doctorales à l’Université de Montréal sous la direction du pianiste et pédagogue Jean Saulnier. Passionnée par le répertoire canadien, sa découverte de partitions manuscrites inédites d’Auguste Descarries dans un fonds d’archives représente pour elle une occasion unique de mettre au jour un magnifique corpus pianistique largement inconnu. C’est ainsi qu’elle entame un travail de transcription dantesque, allant parfois même jusqu’à recomposer certains passages manquants ou illisibles. Ce méticuleux travail de reconstitution requiert une connaissance approfondie du langage et du style d’écriture du compositeur afin de respecter l’intention derrière chaque œuvre.

Au-delà de la recherche, David cherche avant tout à remettre au goût du jour la musique d’un grand compositeur que l’histoire a injustement relégué au second plan.

Dans l’ombre de ses contemporains

Pianiste, organiste, pédagogue et compositeur né à Lachine, Auguste Descarries (1896-1958) s’inscrit dans la tradition beethovénienne des compositeurs russes. En tant qu’interprète, Descarries se réclame de l’école de Franz Liszt et de Teodor Leszetycki, l’improvisation et le néoromantisme russe influant fortement sur son langage musical. Ce penchant pour la tradition et son refus d’adhérer aux transgressions modernistes en vogue chez ses contemporains précipitent dans l’oubli une grande partie de son répertoire. Son œuvre la plus connue demeure sans doute la Rhapsodie canadienne (1927-1933) pour piano et orchestre, créée en 1936 par Helmut Baerwald et l’Orchestre des CSM (aujourd’hui l’Orchestre symphonique de Montréal).

Souvenirs d’Auguste Descarries

Pour la plupart éditées dans le cadre de son doctorat, les quatorze œuvres présentées sur Souvenirs d’Auguste Descarries (2022) révèlent un raffinement harmonique et une inspiration profondément authentique. On y retrouve notamment un arrangement pour piano solo par Isabelle David de la Rhapsodie canadienne (1927-1933), une œuvre magistrale basée sur deux thèmes folkloriques que la pianiste a récemment interprétée avec orchestre pour la première fois en près de soixante ans.

Une étoile montante

Issue d’une famille de musiciens comptant plusieurs pianistes accomplis, Isabelle David n’a que huit ans lorsqu’elle décide de consacrer sa vie à la musique. La jeune pianiste obtient de multiples bourses et premiers prix de concours musicaux, dont le prestigieux Concours de musique du Canada-Canimex. Sa technique virtuose empreinte de poésie et de lyrisme attire également l’attention d’orchestres symphoniques avec qui elle se produit dans de prestigieuses salles d’Amérique du Nord et d’Europe.

L’événement de lancement officiel aura lieu le 10 juin à 19 h au Conseil des arts de Montréal. www.isabelledavid.net

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A propos de l'auteur

Arnaud G. Veydarier est actuellement étudiant en musicologie à l’Université de Montréal et nourrit un intérêt prononcé pour le jazz, la musique contemporaine et les liens entre musique et développement urbain. Il est pigiste pour La Scena Musicale depuis septembre 2017.

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