Critique de disque : High Voltage Chamber Music (Navona records)

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High Voltage Chamber Music

Jan Järvlepp (compositeur)

Sirius Quartet
Arcadian Winds
Jae Cosmos Lee

Navona records NV6366

★★★★

Après deux albums salués par la critique en 2020, le compositeur ontarien Jan Järvlepp récidive avec High Voltage Chamber Music qui présente quatre œuvres de musique de chambre enregistrées entre 2019 et 2020 et interprétées par les ensembles Sirius Quartet, Arcadian Winds et le redoutable violoniste américain Jae Cosmos Lee.

Si le style de Järvlepp brille par l’emploi efficace de l’effectif orchestral, une qualité évidente dans ses œuvres à grand déploiement, son écriture pour petit ensemble témoigne de la même pensée architecturale. Composant pour quatuors et quintettes, Järvlepp demeure tout aussi cartésien et fougueux que dans ses œuvres symphoniques. Les motifs mélodiques retentissants et anxiogènes des premier et troisième mouvements de Quintet 2003 (2003) s’enchevêtrent avec clarté et intensité au fil d’un développement qui tient l’auditeur en haleine. C’est là que réside le talent de Järvlepp : sous sa plume, les rouages de l’œuvre s’effacent pour faire place à la musique et à l’immédiateté des émotions qu’elle suscite. Troquant les cordes pour les vents, Woodwind Quintet (1995) présente la même légèreté malgré une écriture encore une fois particulièrement touffue. Soulignons le jeu remarquable des musiciens de l’ensemble bostonien Arcadian Winds.

Bassoon Quartet (1996) fait honneur aux sonorités feutrées du basson au fil de trois mouvements particulièrement agités qu’on devine exigeants pour les interprètes. La virtuosité frénétique et soutenue des mouvements vifs contraste avec la solennité du second, le contrebasson de Susie Telsey décuplant la charge émotive dans un long d’un douloureux développement mélodique. L’album se conclut sur String Quartet No. 1 (2010), le premier quatuor du compositeur. Les influences folkloriques se font sentir dès l’ouverture du premier mouvement pour ensuite dominer l’entièreté du troisième mouvement. L’exécution impeccable du Sirius Quartet rend à merveille le contraste entre le côté joyeux et sautillant des mouvements vifs et la gravité du second.

High Voltage Chamber Music prouve encore une fois, non sans humour, que la création contemporaine peut être à la fois sérieuse et accessible.

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A propos de l'auteur

Arnaud G. Veydarier est actuellement étudiant en musicologie à l’Université de Montréal et nourrit un intérêt prononcé pour le jazz, la musique contemporaine et les liens entre musique et développement urbain. Il est pigiste pour La Scena Musicale depuis septembre 2017.

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