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L’été dernier, Toronto Summer Music (TSM) a annoncé le départ de son directeur artistique, Jonathan Crow, après dix années à ce poste. Il quittera ses fonctions à la fin de l’été 2025 après le 20e anniversaire du festival. Dans cette entrevue exclusive, Crow, également violon solo de l’Orchestre symphonique de Toronto, discute de la programmation et de la formation des musiciens et offre des conseils aux jeunes générations d’artistes classiques.
En tant que musicien chambriste, il semble que vous soyez un véritable créateur de liens. Comment faites-vous ?
Je crois que la musique de chambre fonctionne le mieux lorsqu’elle est interprétée par des gens qui s’apprécient mutuellement. Sans blague, l’une des choses que j’ai apprises en tant que jeune musicien – en particulier comme jeune altiste –, c’est comment interagir avec les autres sur et en dehors de la scène. Mes premiers souvenirs de violon ne sont pas ceux d’heures passées seul dans une salle de répétition, ce sont des souvenirs des différents ensembles de violons, de musique de chambre et d’orchestres de jeunes ! J’aime penser que la formation musicale, y compris celle que nous offrons à TSM, est pertinente pour apprendre à interagir avec les autres, que ce soit dans la carrière ou dans la vie en général.
Quels facteurs est-ce que les jeunes musiciens devraient considérer avant de se lancer dans des études musicales ?
Je pense que les jeunes musiciens – et les jeunes en général – ne devraient pas craindre de ne pas savoir ce qu’ils feront dans quelques années. La vie est imprévisible et les objectifs de carrière évoluent au rythme de notre développement et de notre éducation. J’ai vu beaucoup d’étudiants en musique devenir d’excellents médecins et avocats, tout comme d’excellents violonistes venus de domaines scientifiques. Travaillez fort, soyez ouverts aux opportunités que la vie vous offre et n’ayez pas peur de poursuivre ce qui vous passionne maintenant. Votre formation ne sera jamais perdue !
Comment l’intelligence artificielle transforme-t-elle notre manière d’enseigner, d’apprendre, de jouer et de vivre la musique ?
Je fais probablement partie de la minorité, mais je n’ai pas vu beaucoup de changements dans ma vie à cause de l’IA ! Je ne peux pas imaginer l’IA remplacer la musique en direct et je n’ai certainement pas envie d’écouter un ordinateur essayer d’interpréter Brahms sur scène. On dit depuis cent ans que la musique en direct est en train de mourir – qu’elle sera remplacée par les vinyles, les cassettes, les CD, les disques compacts, etc. Peut-être que l’IA sera la technologie qui finira par gagner cette bataille, mais j’en doute.
La programmation influe-t-elle sur le remplissage des salles ? Comment avez-vous réussi cela avec autant de succès ?
C’est une grande question ! Il y a tant de choses à prendre en compte dans le choix des programmes et des artistes, et le succès peut se mesurer de façons différentes. Le choix du programme joue certainement un rôle dans la vente des billets, tout comme les artistes, la date du concert ou même la facilité de stationnement autour du lieu. À TSM, nous essayons de trouver un équilibre entre les œuvres connues et rassurantes et des nouveautés que le public ne connaît peut-être pas – ainsi qu’un équilibre entre artistes établis et nouveaux venus. Chaque saison représente un casse-tête différent qu’il est amusant d’essayer de résoudre.
Quels conseils offririez-vous aux musiciens, qu’ils soient débutants, à mi-carrière ou plus avancés dans la vie ?
Je suppose que chacun recherche quelque chose de différent à travers la pratique de la musique et c’est très bien ainsi. Quelle que soit votre activité musicale, soyez constants. Quelques minutes par jour pendant une longue période vous mèneront loin, que vous aspiriez à une carrière de soliste ou que vous vouliez simplement jouer des chants de Noël avec des amis. (Bon, si vous voulez devenir violoniste soliste, il faudra sans doute répéter plus que quelques minutes par jour !) Mais ma position demeure : deux heures par jour tous les jours valent mieux que dix heures le week-end puis rien pendant la semaine.
Comment forme-t-on des musiciens de tous les niveaux tout au long de leur vie ?
Je pense que ce serait en fait un peu triste d’atteindre l’interprétation « parfaite » d’une œuvre musicale. Je crois que chaque fois que je monte sur scène, je peux faire quelque chose d’un peu mieux que la fois précédente. Et chaque fois que je joue avec d’autres – musique de chambre, orchestre ou concertos –, j’apprends quelque chose de mes collègues, qui font parfois les choses un peu différemment de ce à quoi je m’attendrais.
Quels sont de bons outils en ligne ?
C’est incroyable tout ce qu’on peut trouver aujourd’hui – pas seulement des prestations, faciles à dénicher en ligne, mais aussi des séminaires de préparation mentale, des vidéos sur la santé ou la prévention des blessures et toutes sortes de contenus pour mieux répéter et gérer le trac. Ce que j’aime sur YouTube, ce ne sont pas seulement les vidéos des vedettes actuelles, mais aussi les enregistrements des légendes d’il y a un siècle. On peut même entendre Brahms jouer du piano et les enregistrements originaux de Bartók qui ont servi pour ses Danses populaires roumaines. Je recommande Mind Over Finger pour beaucoup de ressources sur la pratique instrumentale et des liens vers d’autres outils.
Consultez le site www.torontosummermusic.com pour découvrir la programmation complète du festival.
TRADUCTION : VIKTOR LAZAROV
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