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Pour les musiciens, l’été est souvent synonyme de longues tournées. Nous avons rencontré trois artistes issus de différents horizons musicaux : la chanteuse Storm Large de Pink Martini, Wesli (musique du monde) et le ténor Mishael Eusebio (classique), afin d’avoir un aperçu de la vie sur la route.
Storm Large (Pink Martini)
Pink Martini est un « petit orchestre » qui joue un mélange unique de musique classique, pop et internationale. Depuis 2011, Storm Large en est la chanteuse, à la fois diva punk et reine de cabaret. Cet automne marque sa toute première visite au Québec, avec des spectacles à Montréal, Québec, Gatineau, Trois-Rivières, Sherbrooke et Joliette. « J’ai hâte de tout voir, sentir et manger », dit-elle.
En ce moment, elle traverse l’Europe en sautant d’un aéroport à l’autre, direction Varsovie. Ensuite, elle passera un mois à parcourir l’Espagne en solitaire. Puis, elle rejoindra Pink Martini pour une grande tournée états-unienne en juillet et en août, avant de se rendre au Québec pour cinq concerts.
« La vie en tournée, c’est se réveiller, faire ses valises, trouver son moyen de transport, prier pour avoir du café. Si j’ai le temps, je vais à la salle de sport. De l’eau, de l’exercice, des siestes et des vitamines, c’est mon Saint-Graal. Parce que la nourriture de tournée n’est pas toujours de la nourriture ! »
Et puis il y a les moments sur la route qui restent gravés. « J’étais dans un bar à sushis à l’aéroport de Chicago, pendant une escale. La serveuse me dit : ‘Vous avez des fans au bar et ils ont payé l’addition.’ Je vais les remercier et ils crient ‘NOUS VOUS AIMONS ! NOS ENFANTS VOUS ADORENT ! ON A TOUT VU DE VOUS !’ Je fige. Parce que je viens juste de me joindre à Pink Martini. Avant je faisais du punk rock, des cabarets dévergondés et… un peu de mannequinat fétichiste à moitié nue. Des enfants ont déjà vu tout ce que je faisais ? Puis vient l’argument décisif : ‘Sauf le film Monster. Nous ne les avons pas laissés le regarder.’ »
C’est alors qu’elle a compris qu’ils la prenaient pour Charlize Theron. « Je ne pouvais pas leur briser le cœur. J’ai authographié leur addition et je suis partie, dit-elle en ajoutant : Charlize, si tu es là, je te dois un bon plat de sushis. »
Wesli
Né à Port-au-Prince, aujourd’hui enraciné à Montréal, Wesli jette un pont entre l’afrobeat, le rara haïtien, le reggae roots et le pouls électrique de la diaspora. Cet été, son groupe prend la route avec Makaya, un album né de pur rythme.
Ils commenceront leur tournée avec des spectacles au Festival Nuits d’Afrique de Montréal, à l’Afrika Fest de Halifax, à l’Edmonton Folk Festival, puis Lethbridge, Grande Prairie, Québec, avant de se rendre en France et aux États-Unis.
« Nous sommes un groupe de parlures, explique Wesli. Cuba, Haïti, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Québec, la Guadeloupe, la France, chacun a sa propre façon de parler. »
Ce cocktail culturel onctueux a été relevé avec du bourbon lors d’une tournée au Kennedy Center à Washington. « L’équipe technique venait de Nashville. Honnêtement, nous ne comprenions pas un mot. Chaque phrase ressemblait à un nouveau dialecte. La leçon de cette histoire est que nous n’avons pas fini d’apprendre de nouveaux accents aux États-Unis. Le pays est tellement grand que nous oublions que d’un État à l’autre ça peut varier. »
Les tournées les amènent également dans des endroits comme La Havane, ville à la culture vibrante où Wesli trouve son inspiration. La Fábrica de Arte Cubano, un centre culturel installé dans une ancienne usine d’huile de cuisine dans le quartier du Vedado, lui a laissé une impression durable.
« Toute la ville est art, dit-il. Les bâtiments, les gens, le rhum, la musique. La Fabrica del Arte Cubano nous a tout donné. »
Mishael Eusebio
Le ténor d’origine philippine, diplômé de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal, est connu pour son timbre doux et sa musicalité réfléchie. Cet été, il est en tournée à travers le Canada avec un programme complet de concerts.
Il attaque Rossini à Ottawa, un nouvel opéra à Toronto et Calgary, Carmen en 4 saisons à Saint-Eustache et termine par un récital à Sorel-Tracy. « La vie en tournée peut être épuisante, dit-il. Parfois, l’hébergement n’a pas de cuisine et la salle de spectacle se trouve à des kilomètres. »
Il faut constamment s’adapter. « Si l’altitude est plus élevée dans la ville où on se trouve, on doit chanter avec moins de force pulmonaire. Si l’endroit est très sec, une bouteille d’eau est notre meilleure amie. Montréal l’été est un rêve pour un chanteur parce qu’il y fait chaud et humide. Les gens sonnent, pour citer mon ami Tayte Mitchell, comme des dieux. En revanche, les fuseaux horaires nous trahissent. On doit arriver quelques jours avant le début de la production ou demander au chef d’orchestre s’il peut marquer les deux premières fois. »
Il y a aussi les situations auxquelles aucune planification ne nous prépare. « Il y a eu une grosse alerte au COVID quelques minutes avant notre entrée en scène et l’administration a décidé que le spectacle devait quand même avoir lieu, mais avec des masques N95. À la fin de la représentation, j’ai entendu quelqu’un dans le public dire : Je n’ai pas entendu une seule voix sur scène pendant les deux heures. »
TRADUCTION : ANDREANNE VENNE
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