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Innover dans le concours Cliburn
par Wah Keung Chan et Adrian Rodriguez
Jacques Marquis, président-directeur général du Cliburn, est devenu une force transformatrice dans le monde des concours internationaux de piano. Fort d’une expérience dynamique dans les domaines de la collecte de fonds, de la gestion et de la direction artistique, M. Marquis a permis au Cliburn d’atteindre des niveaux de visibilité et d’influence sans précédent.
Né et formé au piano à Montréal, M. Marquis a changé de cap pour étudier les affaires aux HEC et à l’UQAM. Les sept années qu’il a passées à titre de directeur de la gestion des opérations à l’Orchestre Métropolitain sous la direction des présidents du conseil Pierre Péladeau et Jean-Pierre Goyer ainsi que des directeurs artistiques Agnes Grossman, Joseph Rescigno et Yannick Nézet-Seguin lui ont fourni un excellent point de départ. « Les orchestres sont une très bonne façon d’apprendre, parce qu’ils sont si imposants et si importants », explique M. Marquis. 
« Je suis arrivé aux Jeunesses Musicales quelques mois avant le premier concours du CMIM, ce qui fait que nous avions trois choses à faire en même temps, explique Marquis. Nous les avons toutes développées ensemble et, à la fin, c’était devenu substantiel. Je suis parti en 2012 après le concours remporté par Philippe Sly. J’avais le sentiment d’avoir fait ce que j’avais à faire. J’étais là depuis 11 ans et j’avais organisé 11 concours. J’ai amené les Jeunesses Musicales, le concours et la fondation à un certain niveau et je cherchais de nouveaux défis. » Lorsqu’il est parti, le conseil d’administration a dû le remplacer par trois personnes différentes.
En 2013, M. Marquis est devenu président-directeur général du Cliburn à Fort Worth, au Texas. Sous sa direction, le Cliburn est passé d’un concours américain respecté à une marque mondialement reconnue. Il a joué un rôle déterminant dans l’exploitation de la technologie en s’associant avec Medici.tv, Amedias en Chine et KBS en Corée du Sud pour faire passer la diffusion sur le web d’un demi-million de téléspectateurs en 2013 à 60 millions en 2022. « Mon intention était d’avoir une meilleure représentation internationale pour le Cliburn, parce qu’il était perçu comme un concours plus orienté vers les États-Unis, et la diffusion sur le web était le meilleur moyen d’y parvenir. Nous avons également réalisé des documentaires. Et maintenant, nous lançons un CD du dernier concours, confie l’innovateur. Nous avons un partenariat avec Apple et d’autres. Nous cherchons toujours à augmenter la diffusion et la notoriété du Cliburn. »
La vision de M. Marquis ne s’arrête pas à la portée numérique. Il a lancé le concours Cliburn Junior en 2015, qui est devenu un pôle d’attraction pour les jeunes pianistes les plus talentueux du monde entier. « Le concours junior est complètement fou. Ils sont tellement talentueux, ils sont tellement bons », se réjouit-il. Des lauréats comme Alim Beisembayev et Clayton Stephenson en sont la preuve, gagnant très vite une reconnaissance internationale.
Marquis a également élargi l’empreinte du Cliburn grâce à des initiatives telles que le concours amateur Cliburn, des concerts pour la famille, des programmes éducatifs avec plus de 300 représentations dans les écoles, l’expansion à Dallas pour les prochains Cliburn Juniors et une série de bars qui apporte la musique classique dans des lieux non traditionnels.
L’un des éléments clés de la stratégie de Marquis a été une solide collecte de fonds. « Au Texas, le président-directeur général est fondamentalement un collecteur de fonds. Ils vous aimeront tant que vous récoltez de l’argent. Les habitants du nord et du sud du Texas ont l’esprit d’entreprise. Ils ont toujours des idées et veulent donner vie à de nouveaux concepts, explique-t-il. L’une des premières choses que nous avons faites a été la diffusion simultanée des finales. Nous avons donc installé un grand écran sur la place Sundance Square à Fort Worth et nous avons organisé la diffusion en invitant toute la ville à venir. Des familles et des amis sont venus écouter le Troisième de Rachmaninov et Tchaïkovski sur la grande place. J’ai trouvé des fonds parce que quelqu’un m’a dit : oh, c’est intéressant, j’adore cette idée. Si vous avez de bonnes idées, ils vous soutiendront. »
La création par Marquis de l’Agence Cliburn est un autre exemple de son approche innovante. Cette agence propose des services de gestion d’artiste, des contrats d’enregistrement, une formation aux médias et un développement de carrière. « L’agence… Vous savez ce qu’est une agence d’abord, ce qu’elle fait ? Elle prend les artistes inscrits sur sa liste, les inscrit à des concerts et prélève 20 % des cachets, explique-t-il. Nous faisons le travail d’agence pour les gagnants, mais nous ne leur demandons pas 20 %. Cela fait partie du prix. » Marquis compte actuellement environ huit musiciens sur sa liste.
Avec un conseil d’administration solide qui est à ses côtés depuis plus de dix ans, Jacques Marquis continue à repousser les limites. « C’est un travail d’équipe et nous nous concentrons sur une bonne mission, explique-t-il. Van Cliburn était une figure bien-aimée ici à Fort Worth et lorsque le concours a été créé, il avait deux objectifs principaux : partager la musique classique avec le plus grand nombre possible de personnes et aider les jeunes musiciens. C’est toujours notre objectif aujourd’hui. »
Le dix-septième concours international de piano Van Cliburn, présidé par Paul Lewis, se déroulera du 21 mai au 7 juin 2025 au Van Cliburn Concert Hall de TCU et au Bass Performance Hall de Fort Worth, Texas, États-Unis. www.cliburn.org
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