Critique de disque | Unbroken: Music from Ukraine, Viktoria Grynenko

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Unbroken : Music from Ukraine

Viktoria Grynenko, violon 

Leaf Music, 2025

Unbroken couvre une heure d’œuvres de compositeurs ukrainiens vivants, interprétées par la violoniste Viktoria Grynenko et divers collaborateurs. Cinq morceaux extrêmement variés.

Through Closed Doors est une œuvre pour deux violons d’Anna Pidgorna de 2014, inspirée par une porte défoncée à la hache et par ce qui peut se trouver de chaque côté. Guillaume Tardif rejoint Grynenko sur une piste qui emploie les violons dans une sorte de conversation où des éléments répétés jouent sur des figures volant comme des drones à travers un chantier d’airs folkloriques. Des effets percussifs suggèrent que l’on frappe à une porte. Le livret contient d’ailleurs d’excellentes photos de la partition inscrite sur une porte antique défoncée.

Le Duo pour deux violons n° 1 (2007, révisé en 2022) de Zoltan Almashi réunit les mêmes artistes dans un morceau assez lyrique avec une touche chromatique. Il commence sur un tempo assez lent, puis devient plus rapide et animé, avec une section très aiguë pour l’un des violons jouant sur un fond bourdonnant, avant sa chute plus lente et lyrique. 

sleep during insomnia (2022) de Boris Loginov est une réponse directe à l’invasion et à l’escalade de la guerre cette année-là. C’est la pièce la plus longue, à plus de 16 minutes, et aussi la plus sombre.

Écrite pour quatuor à cordes et électronique, mais surtout pour électronique : on y entend des horloges qui font tic-tac (ou peut-être des fusibles), des sirènes, des retentissements sinistres et des cris d’enfants. S’y mêlent des extraits du « chant funèbre » de la cantate Ioann Damaskin de Sergueï Taneyev. Certains de ces extraits, très beaux et lyriques, sont joués en dialogue avec une musique aiguë et menaçante des cordes et diverses cloches enregistrées suggérant des traditions liturgiques russes et ukrainiennes.

Après un autre intermède d’explosions et de sirènes, le tout s’estompe dans une sorte de marche jouée con legno. Pour cette pièce, Grynenko est accompagnée par Vladimir Rufino au violon, Fabiola Amorim à l’alto et Amy Nicholson au violoncelle. Une interprétation éblouissante d’une pièce dérangeante – le point culminant du disque selon moi.

Les autres morceaux de l’album sont écrits pour violon et piano et Grynenko est accompagnée de Roger Admiral. Melodies of the Moment – Cycle 1 (2004) de Valentin Silvestrov est tiré d’une série de cycles du compositeur. Un peu étrange que Silvestrov, autrefois le doyen de l’avant-garde de Kyiv, ait composé ces dernières années de la musique très simple, mélodique, voire naïve. Les cinq courtes œuvres présentées ici sont jolies, tonales, et pourraient être des chansons sans paroles. Un contraste assez saisissant avec ce qui les a précédées.

Enfin, il y a le Concert Fantasy on “Cossack Beyond the Don” de 2004 d’Oleg Bezborodko. Le matériau de base est un opéra de Semen Hulak-Artemovsky qui, à mon avis, s’apparente à une opérette. Quoi qu’il en soit, l’œuvre reprend la substance mélodique folklorique et tonale de l’opéra et en fait un chef-d’œuvre hautement virtuose. J’imagine que les violonistes aiment inclure ce genre de choses dans leurs programmes de concert pour montrer leur technique.

L’enregistrement réalisé au Edmonton Alberta Convocation Hall de l’Université d’Alberta en 2024 est de bonne qualité avec beaucoup de détails et une solide spatialisation sonore. Il est offert sur disque, MP3 et FLAC/ALAC/WAV en résolution standard. Le livret contient d’excellentes notes musicographiques et biographiques.

Dans l’ensemble, une sélection soignée et assez variée de musique de compositeurs ukrainiens contemporains.

Traduction : Andréanne Venne 

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A propos de l'auteur

After a career that ranged from manufacturing flavours for potato chips to developing strategies to allow IT to support best practice in cancer care, John Gilks is spending his retirement writing about classical music, opera and theatre. Based in Toronto, he has a taste for the new, the unusual and the obscure whether that means opera drawn from 1950s horror films or mainly forgotten French masterpieces from the long 19th century. Once a rugby player and referee, he now expends his physical energy on playing with a cat appropriately named for Richard Strauss’ Elektra.

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