Critique de disque | Current/Clements: Missing

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Clements/Current : Missing

Caitlin Wood, Melody Courage, sopranos; Andrea Ludwig, Marion Newman, Michelle Lafferty, mezzo-sopranos; Asitha Tennekoon, ténor; Evan Korbut, baryton; Continuum Ensemble, Timothy Long, chef

Bright Shiny Things, juillet 2025

Missing est un opéra de 80 minutes sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. Le livret est de Marie Clements et la musique de Brian Current. Il est chanté en anglais et en gitxsan et une attention a été portée aux éléments linguistiques et culturels gitxsans pour qu’ils soient exacts et appropriés.

L’œuvre a une certaine histoire. Le projet prend racine sur la côte ouest-canadienne, comme le suggèrent la route des larmes et la ville de Vancouver en arrière-plan. Le livret était terminé avant que le Torontois Brian Current se joigne à l’aventure en 2017. L’opéra achevé a été joué à plusieurs endroits en Colombie-Britannique et dans les Prairies, avec des représentations spéciales pour les familles touchées.

Mais personne ne l’a repris dans le centre ou l’est du Canada, bien que la question brûle d’actualité… Cette situation est sur le point de changer, car en juillet prochain, l’opéra sera joué dans le cadre du Toronto Summer Music (24 juillet au Koerner Hall) et on a maintenant, avec cette parution, au moins la chance de l’entendre sur disque.

L’histoire est intrigante. Une fille de colons, Ava, est impliquée dans un grave accident de voiture et, alors qu’elle est inconsciente ou à demi consciente, elle voit le corps assassiné d’une jeune fille autochtone. Leurs histoires, leurs identités et, semble-t-il, leurs esprits s’entremêlent au point de fusionner.

En cours de route, Ava, étudiante en droit, rencontre la Dre Wilson, une professeure autochtone, qui l’influence profondément au point qu’elle apprend le gitxsan et épouse Devon, son petit ami, lors d’une cérémonie en gitxsan. La « Native Girl » (la fille des Premières Nations) apparaît à intervalles réguliers et on rencontre sa mère et son frère. Ava a une petite fille, ce qui devient à la fin le catalyseur de la résolution et de la paix pour la « Native Girl ».

L’opéra est écrit pour un ensemble de violons, violoncelles, flûtes, clarinettes, pianos et percussions, ce qui donne beaucoup de couleurs à une musique qui semble avoir été écrite principalement pour soutenir le texte. La composition n’est en aucun cas triviale ni ne cherche trop à être accessible, mais elle n’a pas les complexités rythmiques de certaines autres œuvres de Current.

La partition est assez légère, avec des éléments d’un minimalisme proche de celui de John Adams, mais les textures deviennent beaucoup plus denses au point culminant du drame, lorsqu’Ava, la fille autochtone et sa mère parviennent à une sorte de résolution. Dans l’ensemble, cette structure fonctionne bien pour un drame musical de ce type.

Le style vocal, pour l’essentiel, est assez simple, se laissant parfois aller à une sorte de Sprechgesang. L’exception est la musique pour la fille autochtone, qui a quelque chose d’extra-terrestre, sans fondement. L’enregistrement est bien distribué, avec un mélange d’Autochtones et de colons canadiens.

Les sopranos Caitlin Wood, dans le rôle d’Ava, et Melody Courage, dans celui de la jeune fille autochtone, chantent toutes deux magnifiquement et de manière quelque peu contrastée. Le mezzo plus lourd et plus sombre de Marion Newman confère à la Dre Wilson une gravité appropriée et Michelle Lafferty fait une mère sympathique. Andrea Ludwig complète le groupe de femmes en s’acquittant très bien de la tâche ingrate d’incarner Jess, l’amie d’Ava, qui rejette l’invitation/la demande de la Dre Wilson de prendre au sérieux la question des femmes et des filles disparues et assassinées.

L’élégant ténor d’Asitha Tennekoon se fait entendre à bon escient dans le rôle de Devon et le baryton Evan Korbut est solide dans celui du frère. L’ensemble Continuum est excellent et le chef Timothy Long rythme bien les choses.

L’enregistrement a été réalisé à Revolution Recording à Toronto et est excellent, avec une grande clarté et un équilibre naturel. Missing sortira le 11 juillet sous forme de disque physique, MP3 et WAV 96kHz/24bit. J’ai écouté dans le dernier format. Le livret contient de l’information générale, des biographies et le texte intégral ainsi que la traduction des sections en gitxsan.

À ma connaissance, il s’agit du premier opéra écrit dans l’optique de la réconciliation et il aborde une question difficile et chargée d’émotion tout en faisant du bon théâtre. Une œuvre impressionnante qui doit être vue dans tout le Canada.

Traduction : Andréanne Venne

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A propos de l'auteur

After a career that ranged from manufacturing flavours for potato chips to developing strategies to allow IT to support best practice in cancer care, John Gilks is spending his retirement writing about classical music, opera and theatre. Based in Toronto, he has a taste for the new, the unusual and the obscure whether that means opera drawn from 1950s horror films or mainly forgotten French masterpieces from the long 19th century. Once a rugby player and referee, he now expends his physical energy on playing with a cat appropriately named for Richard Strauss’ Elektra.

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